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Une trêve humanitaire est entrée en vigueur vendredi dernier, à la suite d’un accord impliquant la libération de 50 otages détenus par le Hamas, en échange de 150 prisonniers palestiniens, sur base de trois contre un. Elle s’étend sur une période de quatre jours renouvelables.

Avant sa mise en œuvre, une liste publiée par le ministère israélien de la Justice comprenait les noms de 300 détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, laissant entendre que l’échange de prisonniers pourrait concerner plus de 150 Palestiniens. Selon certaines prévisions, plus de 200 personnes resteront détenues par le Hamas après la série de libérations.

En parallèle, les échanges aux niveaux international et régional s’intensifient pour consolider la trêve et empêcher la reprise des combats, que l’armée israélienne attend pour déclarer victoire, à en croire un expert militaire.

Par ailleurs, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré qu’il était en faveur d’une prolongation de la trêve si le Hamas acceptait de libérer dix otages supplémentaires par jour, conformément à l’accord initial médiatisé par le Qatar. Partant, politiciens et experts sont divisés quant à la solidité de la trêve et à sa possible extension en une trêve humanitaire pour finaliser la libération des prisonniers palestiniens détenus par Israël et des prisonniers militaires israéliens détenus par les Palestiniens. Ces incertitudes sont alimentées par le manque de détails sur les pourparlers qui se sont tenus au Qatar loin des feux de la rampe, avec la participation de représentants des États-Unis, de l’Iran, de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, d’Israël et de la Palestine.

Cependant, un responsable occidental affirme que "la trêve aboutira à d’autres trêves", tandis qu’un diplomate arabe craint que chacune des trêves ne soit suivie d’une escalade militaire nécessaire pour parvenir à une résolution.

Quid de l’après-Gaza?

C’est la question essentielle soulevée dans les forums internationaux, alors que les décideurs œuvrent pour un règlement définitif du conflit, qui conduirait à la proclamation d’un État palestinien indépendant, dans le cadre d’une solution globale.

Cependant, selon un diplomate occidental, cela nécessitera du temps, en raison des conditions opposées et des discussions sur la manière d’aboutir à un accord sur la résolution du conflit, ses détails et les participants aux négociations côté palestinien, entre autres.

Une analyse diplomatico-militaire suggère que l’objectif de la guerre du 7 octobre n’a pas été atteint. Comment donc arriver à une trêve suivie d’un cessez-le-feu?

Dans ce contexte, il est impératif de parvenir à un accord politique sur un règlement régional entre les États-Unis et l’Iran, avec l’implication de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, du Qatar, d’Israël et de la Turquie.

Néanmoins, une question fondamentale se pose: que veut l’Iran qui soutient les factions de l’axe obstructionniste pour parvenir à un règlement?

Les Arabes accepteront-ils que le dossier palestinien reste entre les mains de l’Iran, qui "lutte" en ce sens et prône la fin de l’État d’Israël et l’établissement d’un État palestinien sur son sol avec Jérusalem comme capitale? Est-ce l’Iran accepterait d’abandonner ses "alliés" dans la région, à savoir les pays de l’axe obstructionniste – le Yémen, l’Irak, la Syrie, le Liban et la Palestine – et de se retirer politiquement et militairement de la région sans aucun prix ou gain en retour?

Sur base de ce qui précède, une source diplomatique déclare: "Nous devons attendre les résultats de l’accord américano-iranien."

De son côté, le président américain Joe Biden a en quelque sorte résumé le scénario de l’après trêve humanitaire en appelant à "renouveler la solution à deux États pour établir la paix entre Israël et les Palestiniens".

Par conséquent, selon des cercles diplomatiques, certaines questions sont restées sans réponse, à savoir: où se trouvera l’État palestinien? Quel sera le sort des colons en Cisjordanie? Quel est l’avenir de Gaza? Quel mécanisme serait adopté afin d’atteindre une solution? Est-il possible de retourner au projet de fédérations et à l’internationalisation de la question de Jérusalem, de sorte à établir un État de Terres Saintes similaire au Vatican, qui serait un État indépendant ouvert sous l’égide des Nations unies, étant donné que cela faciliterait la solution pour l’établissement de l’État palestinien?

En ce qui concerne la guerre de Gaza et l’établissement de l’État palestinien, rien n’est encore définitif ni déterminé.

Quant au Liban, selon des milieux de l’opposition, ce dernier se trouve dans une unité de soins intensifs et dans une salle d’attente "pesante", avant que son sort ne soit scellé. Le Hezbollah et les factions de l’axe obstructionniste au Liban-Sud sont sur le qui-vive et prêts à dégainer si besoin est.

Simultanément avec les pourparlers en cours pour prolonger la trêve de quatre jours, des pays occidentaux et arabes exercent des pressions pour empêcher l’ouverture du front sud et déconnecter le Liban du front de Gaza, puisque le pays ne peut nullement supporter une guerre qu’il mènera seul alors que d’autres fronts de résistance comme l’Irak et la Syrie restent calmes.

Dans ce contexte, le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Mikhail Bogdanov, a contacté les responsables libanais en affirmant: "La crise est longue, déployez donc des efforts pour empêcher le Hezb de s’impliquer dans la guerre car la situation au Liban est délicate, tout en soulignant que la Russie exerce des pressions sur l’Iran et Israël en dépit des tensions pour éviter la guerre au Liban."

Ainsi, certains milieux diplomatiques considèrent l’initiative de l’émissaire français Jean-Yves Le Drian, envoyé au Liban par les Cinq de Paris, doublée de celle des représentants de l’Égypte et du Qatar, comme un "appel aux responsables libanais pour porter leurs responsabilités et élire un président, car il est inadmissible que l’État reste sans chef dans ces circonstances où un nouveau Moyen-Orient est en gestation et où les rôles des États sont à définir".

De plus, la communauté internationale craint que le vide n’affecte toutes les institutions, s’étendant de la présidence de la République à la gouvernance de la Banque du Liban et, éventuellement, au commandement de l’armée, ce qui alimentera de véritables inquiétudes quant au destin et à l’avenir du Liban si les Libanais ne se dépêchent pas d’élire un président.

Selon certains observateurs, le Hezbollah ne se presse pas de prendre position avant de clarifier les contours des négociations en cours au Qatar et leurs résultats dans la région, pour connaître le sort de Gaza et de l’État palestinien, ainsi que son emplacement.

Enfin, les représentants des Cinq de Paris parviendront-ils à convaincre les forces locales de la nécessité d’élire un président, ou bien les Libanais devront-ils continuer à attendre les résultats? D’autant plus que l’émergence d’un nouveau Liban sera le résultat d’un règlement mettant fin aux conflits régionaux, préparant ainsi le terrain pour une conférence internationale qui imposera la solution. Cette démarche sera précédée d’une réunion du Conseil de sécurité afin de prendre les décisions appropriées.