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L’invasion israélienne du Liban en juin 1982 avait amené à l’époque les gouvernements libanais et israélien à signer solennellement, au terme de négociations longues et ardues, ce qui sera connu sous le nom d’Accord du 17 Mai (1983). Il s’agissait alors d’un document officiel mettant fin à l’état de belligérance entre les deux pays, de manière à paver la voie au retrait de l’armée israélienne du Liban-Sud.

D’emblée, l’Accord du 17 Mai se heurtera à l’opposition farouche du régime syrien, de l’OLP et de la gauche libanaise qui mèneront une campagne continue afin d’y faire échec. Ils se livreront à cette fin à un ciblage médiatique systématique. Il ne se passait pas un seul jour sans qu’une déclaration, un communiqué, un article, un commentaire, une interview ne soit axé, au Liban et en Syrie, sur la nécessité d’"abolir l’accord du 17 Mai".

C’est à un tel ciblage médiatique dont le Liban a besoin aujourd’hui en vue de l’application stricte et rigoureuse de la résolution 1701 du Conseil de Sécurité. Celle-ci, adoptée en août 2006 après la guerre déclenchée en juillet par le Hezbollah contre Israël, prohibe toute présence armée illégale au Sud du Litani et stipule que cette région méridionale, jusqu’à la frontière avec Israël, doit être sous le contrôle exclusif de l’armée et des Casques bleus de la Finul.

Au stade actuel, et dans l’attente d’une hypothétique évolution régionale fondée sur une solution durable, seul le respect scrupuleux des dispositions de la 1701 permettrait d’éviter au Liban d’être entrainé à nouveau dans un scénario semblable à celui des années 1970. À cette époque, convient-il de le rappeler une fois de plus, les organisations palestiniennes armées s’étaient implantées dans le Arkoub, dans un secteur qui sera appelé "Fateh-land", non loin de la frontière avec Israël. Elles s’étaient alors rendues maîtres du terrain et se livraient à des tirs anarchiques de Katoucha contre le territoire israélien, provoquant des raids de représailles visant les villages libanais.

C’est ce même climat de guerre d’usure prolongée qui menace aujourd’hui, à nouveau, le Liban-Sud, près d’un demi-siècle plus tard! Que la trêve observée ces derniers jours ait volé définitivement en éclats ou qu’elle soit rétablie à brève échéance, le constat est le même: comme cela a déjà été souligné à plusieurs reprises, le cas de figure idéal pour l’Iran, et donc pour son bras armé local, est de maintenir au grand jour une présence milicienne armée le long de la frontière avec Israël. Cela permettrait au parti pro-iranien soit de mener une guerre d’usure contre l’armée israélienne, soit de rester seul maître du terrain en entretenant, avec ses alliés du Hamas et du Jihad islamique, un climat de tension larvée, avec des flambées ponctuelles et épisodiques, en fonction des calculs géopolitiques du régime de Téhéran.

Au risque d’être taxés d’"isolationnistes", ce qui nous importe dans ce contexte en tant que Libanais, c’est de déterminer la ligne de conduite qui devrait être définie afin de contrer la menace née de cette situation nouvelle créée par le Hezbollah au Liban-Sud, unilatéralement et sans consultations préalables. À cet égard, et toujours dans une optique de ciblage médiatique, le leitmotiv de la phase présente devrait être l’application immédiate et impérative de la 1701, d’autant que c’est à la demande pressante du Hezbollah, en août 2006, que cette résolution a été adoptée.

C’est sur tous les plans politique, diplomatique, médiatique, et même de la société civile, dans les déclarations, les communiqués, les conférences, les débats publics, que les ténors et les partis du courant souverainiste devraient intensifier sans relâche, à un rythme quotidien, leur ciblage médiatique afin que le camp iranien s’en tienne à la mission de la force onusienne.

La population libanaise est confrontée dans les moindres petits détails de la vie quotidienne aux effets de la crise économique, financière et sociale la plus dévastatrice de l’histoire contemporaine du Liban. Venir lui demander aujourd’hui de se lancer dans de nouvelles aventures guerrières stériles dans le seul but, inavoué, de servir les obscurs intérêts stratégiques de puissances régionales serait rien moins qu’un crime et équivaudrait à se rendre coupable de non-assistance à peuple en danger.

 

 

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