Le mufti de la République, le cheikh Abdelatif Deriane, s’est désolé mardi de la décision du chef du courant du Futur, l’ancien Premier ministre Saad Hariri, de se retirer avec son parti de la vie politique libanaise.

“La décision du Premier ministre Saad Hariri de suspendre son activité politique est malheureuse et douloureuse, après les efforts qu’il a déployés dans ses missions nationales, et durant de longues années dans sa coopération permanente avec Dar el-Fatwa (…)”, a affirmé le cheikh Deriane,

Le mufti Deriane s’est dit préoccupé par ce qui se produit sur la scène libanaise, appelant à " plus d’unité dans les rangs islamiques et nationaux”, soulignant la nécessité “de renforcer la solidarité à cette étape difficile que traverse le Liban et d’oeuvrer ensemble pour faire face aux défis qui affligent le pays ".

“Les relations du Liban avec ses frères arabes, en particulier les pays du Conseil de coopération du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, doivent être au meilleur et au plus haut niveau, et les Libanais doivent acquérir la conviction qu’aucun groupe d’entre eux ne doit porter atteinte à ces relations fraternelles afin que cela ne se répercute pas négativement sur les intérêts libanais et arabes”, a-t-il conclu.

Les réactions se poursuivent

Plusieurs personnalités libanaises ont par ailleurs continué à réagir à la décision de M. Hariri.

“Je suis avec toi malgré ta décision, et avec toi envers et contre eux”, a laconiquement indiqué l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, sur son compte Twitter.

Tout aussi laconique, le secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri, s’est contenté de dire: “C’est le fils de son père”, sur Twitter, tandis que le frère de Saad Hariri, Ayman, a posté la photo de l’ancien Premier ministre sur son compte Twitter avec la mention:  “Je suis avec toi”.

Plusieurs députés du courant du Futur, parmi lesquels Hadi Hobeiche, Roula el-Tabech, Tarek Merhebi et Mohammad Sleiman, ont également exprimé leur soutien à la décision de leur chef, sur les réseaux sociaux, de même que le député Assem Araji.

Au-delà du cercle haririen, le député du bloc Berry, Anouar el-Khalil, a ainsi estimé que “cette décision aura de nombreuses répercussions négatives”. “Il s’agit notamment d’un revers sérieux pour l’équation libanaise et les fondements mêmes du Grand Liban, du retrait d’un camp qui a représenté une tribune à des politiques nationales modérées et d’un journée noire qui vient épaissir les ténèbres des sombres politiques ayant accompagné les politiques de ce mandat”, a noté M. Khalil.

Dans la foulée de son père, le chef des Marada Sleiman Frangié, le député Tony Frangié a indiqué que “cette suspension intervient à l’heure où nous avons le plus besoin de solidarité et de communauté d’efforts de la part de toutes les composantes, Saad Hariri en tête, avec tout ce qu’il représente comme modération et ouverture.”

Le député Farid Haykal el-Khazen, également proche des Marada, a estimé que “le boycott des législatives de 1992 ne doit pas se répéter”. “Le retrait de Saad Hariri de la vie politique libanaise constitue une annihilation de la ligne sunnite modérée qui protège le Liban et le vivre-ensemble. Est-il demandé que le Liban aille dans le sens de l’extrémisme?” s’est-il interrogé.

“Ils ont paralysé la pratique démocratique et la Constitution, frappé la modération et l’esprit du pacte de Taëf, et ont conduit Saad Hariri, avec tout ce qu’il représente au plan national et sunnite, au retrait. Ils ont poignardé le Liban message et l’ont envoyé en enfer, dans la mesure où il n’y a que leurs intérêts personnels et régionaux qui les préoccupent, aux dépens des Libanais, de l’indépendance du Liban et de sa neutralité”, a commenté pour sa part l’ancien député de Beyrouth, Michel Pharaon, naguère proche de Rafic Hariri.

“Avec l’absence du courant de la modération, l’extrémisme va gagner en puissance au Liban. La rue sunnite va se disperser. Qui profite de l’absence de Saad Hariri au Liban?” s’est interrogé le député César Maalouf.

Quant au député Michel Daher, il a dit: “Le 14 février, ils ont tué le père, symbole de la modération. Le 24 janvier, ils ont tué le fils politiquement. J’ai été très ému par la manière avec laquelle Saad Hariri s’est retiré (…), il a ainsi payé seul le prix de la crise économique, en dépit de sa démission en écho aux revendications populaires.”

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