Le patriarche maronite, Béchara Raï, a implicitement exprimé son opposition à une conférence nationale de dialogue, souhaitée toujours par le président de la Chambre, Nabih Berry, dans le but de parvenir à un consensus autour de la présidentielle. Il a renouvelé ses critiques contre le tandem Amal-Hezbollah, les tenant responsables du blocage de l’élection présidentielle.

Dans son message aux Libanais à l’occasion de la fête de la Nativité, Mgr Raï a fustigé, samedi, les responsables libanais en affirmant: "Vous commettez un crime à l’encontre de la présidence de la République, des institutions constitutionnelles et du peuple libanais, en persistant à rattacher l’élection d’un président à une personne, un projet ou un objectif caché", dans une allusion à peine voilée au tandem Amal-Hezbollah, qui s’accroche à la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, à la présidence de la République et qui empêche l’élection d’un président en provoquant un défaut de quorum à chaque réunion parlementaire électorale. Dans cette situation, "la victime est l’État", visé "dans son entité", ainsi que "le peuple qui voit ses droits bafoués", a poursuivi le patriarche.

Mgr Raï a sévèrement condamné les projets de "destruction de l’État", car "il ne peut pas y avoir d’État sans président", déplorant la vacance présidentielle qui "dure depuis un an et trois mois, sans issue".

"On parle d’une entente autour d’un président, chose qui devrait se produire par le biais de sessions électorales successives, conformément à la règle démocratique", a-t-il martelé. Il répondait ainsi indirectement aux informations relayées dans les cercles proches de M. Berry, selon lesquelles ce dernier, encouragé par le consensus grâce auquel un vide à la tête de l’armée a pu être évité, envisagerait de relancer, après les fêtes de fin d’année, son projet de conférence nationale de dialogue pour essayer de dégager une entente autour de la présidentielle.

Le prélat a rappelé, dans ce cadre, qu’il revient au président de la République de "sauvegarder la Constitution", de "gérer les institutions constitutionnelles, à savoir le Parlement et le gouvernement", ainsi que de veiller à l’application des lois, loin de toute "injustice".

À cet égard, Mgr Raï a évoqué les lois votées, le 15 décembre, par le Parlement, liées aux réglementations régissant le corps enseignant dans les écoles privées ainsi qu’à la gestion des budgets scolaires. Il a pris fait et cause pour les établissements scolaires qui contestent les majorations votées par le Parlement.

Après avoir rappelé l’opposition exprimée par les écoles catholiques vis-à vis de ces lois et concrétisée par l’annonce d’une grève ouverte, le patriarche a appelé les parties concernées à "une séance de dialogue pour résoudre les points de désaccord".

Dans ce contexte, le cardinal a évoqué le rôle des "institutions de l’Église, qu’il s’agisse de ses établissements éducatifs, médicaux ou sociaux", qui consentent à "d’énormes sacrifices" afin de poursuivre leur mission sociale, "assistant ainsi l’État dans cette responsabilité". "Cependant, il est vraiment regrettable que les responsables de l’État ne montrent aucun intérêt, voire combattent ces institutions, les privant ainsi de leurs revenus", a-t-il conclu.