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Depuis le déclenchement de l’opération "Déluge d’Al-Aqsa" menée par le Hamas contre Israël, plusieurs propositions de solutions ont été avancées pour mettre fin à la violence et atténuer son impact sur les civils, qui comptent désormais plus de 23.000 victimes. La dernière proposition, émanant du Qatar, envisage un échange de prisonniers entre Israël et le Hamas, accompagné d’un cessez-le-feu de trois mois. Cette initiative inclut également le retour des déplacés dans le nord de la bande de Gaza, la création d’une administration financée par la communauté internationale pour la reconstruction de Gaza, ainsi que le départ des dirigeants du Hamas de la bande de Gaza et le retrait de l’armée israélienne.

Cette proposition semble avoir suscité l’intérêt de Washington, qui a dépêché son secrétaire d’État, Antony Blinken, pour sa quatrième tournée dans la région depuis le début de la guerre afin de la présenter à Tel Aviv, dans le but potentiel d’ouvrir une brèche vers une solution entre Israël et les Palestiniens. Cependant, a-t-il atteint l’objectif escompté?

Dans la troisième phase de la guerre à Gaza, l’accent est mis sur "la limitation des opérations militaires, en réduisant leur intensité et en les rendant plus précises pour éviter les pertes civiles". Dans ce contexte, Israël a fait part à M. Blinken de ses prérequis à l’initiation de cette phase, exigeant la cessation des hostilités avant de se retirer de Gaza. En conséquence, Israël s’oppose au maintien du Hamas et de son appareil militaire dans la bande de Gaza, préférant confier la sécurité à une force arabe placée sous l’égide des Nations unies. Cette force relèverait d’une nouvelle autorité palestinienne formée par le président Mahmoud Abbas, en conformité avec l’initiative égyptienne.

Selon un responsable israélien, malgré les efforts du secrétaire d’État américain, Israël n’a pas été persuadé de l’urgence d’une cessation des hostilités et d’une accélération de la résolution après que les résultats de l’opération militaire se sont avérés modestes, ne répondant pas aux attentes de Benjamin Netanyahou. Par conséquent, Blinken n’a pas réussi à obtenir un engagement du gouvernement de Netanyahou en faveur d’un cessez-le-feu et à reconnaître la solution à deux États comme une option viable.

Par ailleurs, le "conflit" politique en Israël et les appels de l’opposition à la démission de Netanyahou le poussent à adopter une position encore plus rigide. Néanmoins, selon des sources diplomatiques, "aussi entêté et obstiné soit-il, Netanyahou ne peut pas s’opposer à ceux qui lui fournissent des armes et de l’argent".

Parallèlement, en synchronisation avec les évolutions régionales qui ont des répercussions directes sur le Liban, le principal conseiller du président américain pour les affaires énergétiques, Amos Hochstein, a effectué une visite éclair à Beyrouth. Son objectif était de prévenir le déclenchement d’une guerre totale depuis le Liban-Sud et de réduire les tensions sur ce front, dans le but d’empêcher le gouvernement de Netanyahou d’utiliser l’escalade pour élargir le champ de bataille.

De plus, l’émissaire américain est arrivé à Beyrouth en provenance d’Israël après s’être réuni à Paris avec des responsables impliqués dans le dossier libanais, et à Rome avec le vice-président du Parlement, Élias Bou Saab. Ce dernier a remis une lettre au président de la Chambre, Nabih Berry, concernant la mission de l’émissaire et les discussions entre ce dernier et les responsables israéliens.

Une fois au Liban, M. Hochstein a transmis au Premier ministre sortant, Najib Mikati, lors d’une rencontre de trente minutes, "des questions d’Israël liées au front sud et à la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, exigeant des réponses claires à ce sujet". Selon un responsable israélien, la visite de Hochstein au Liban visait à "obtenir un arrêt des hostilités".

Néanmoins, la réponse a été clairement énoncée par M. Mikati en ouverture de la séance du Conseil des ministres vendredi dernier. Il a affirmé que "la situation actuelle est plus favorable qu’il y a deux mois en termes de compréhension de la position libanaise", une déclaration qu’il a également transmise à l’émissaire américain Amos Hochstein. Elle soulignait l’existence de résolutions internationales émises depuis l’armistice de 1949 jusqu’à la résolution 1701 du Conseil de sécurité, violées constamment par Israël.

"Israël n’a pas mis en œuvre l’ensemble de ces résolutions internationales, malgré notre engagement constant envers la légitimité internationale et notre respect déclaré de toutes les résolutions internationales dans notre déclaration ministérielle. Pour parvenir à la stabilité dans le sud, il est essentiel de mettre en œuvre toutes les résolutions internationales, à commencer par l’accord d’armistice de 1949, en respectant tous les points qui y sont énoncés sans apporter de modifications" a-t-il ajouté.

M. Hochstein a donc inclus la réponse du Premier ministre sortant libanais aux questions de Tel Aviv dans ses documents, tout en soumettant aux responsables des idées et des propositions dans le cadre d’une démarche visant à rassembler les éléments en vue d’un règlement. Il a soulevé des interrogations, notamment sur les étapes à suivre pour le Liban après la cessation des hostilités, soulignant l’importance qu’Israël attache à la recherche d’une solution diplomatique plutôt que militaire, comme l’a dit un responsable israélien.

Il a également ajouté: "Le temps presse pour une solution diplomatique." Dans ce contexte, certains observateurs ne rejettent pas l’éventualité qu’Israël déclenche une guerre de quelques jours dans le Liban-Sud afin de contrer toute initiative surprise du Hezbollah et d’isoler le front sud de la bande de Gaza.

Les suggestions et les idées de M. Hochstein traitaient également des préoccupations sécuritaires liées aux colons israéliens. En réponse, un responsable libanais a déclaré que "toute solution au Liban constituera un élément intégrant la solution à Gaza, et toute solution à Gaza impliquera le Liban".

À la lumière de ces faits, les discussions de M. Hochstein se sont concentrées sur la phase d’après-guerre à Gaza, après que le Hezbollah a refusé toute négociation préalable à un cessez-le-feu dans la région. En conséquence, l’émissaire américain a interrogé les responsables sur le sort de la résolution 1701, M. Berry lui ayant répondu que "c’est à Israël de mettre en œuvre la résolution et de cesser les violations terrestres, aériennes et maritimes".

Pour sa part, dans son avant-dernière allocution, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré: "Aujourd’hui, Israël confirme les équations de dissuasion établies par le Hezbollah depuis de nombreuses années. Cela donnera au Liban l’occasion, après la fin des hostilités à Gaza, de libérer le reste de son territoire, du point B1 aux fermes de Chebaa, et chaque centimètre de notre terre. Nous avons une réelle opportunité d’établir une équation qui empêchera l’ennemi de violer la souveraineté de notre pays."

Aucun "échange, négociation ou dialogue ne mènera à aucun résultat à moins que l’agression contre Gaza ne cesse", a-t-il ajouté. Les observateurs ont interprété les commentaires de M. Nasrallah comme un message adressé aux partis d’opposition du pays, dans lequel il attribue au Hezbollah le mérite du retrait total d’Israël des territoires occupés, y compris les 13 points litigieux jusqu’à Chebaa et Kfarchouba, à la suite de la reconnaissance par Israël de l’équation de dissuasion.

De son côté, le Hezbollah refuse de s’engager dans des négociations concernant la mise en œuvre de la résolution 1701, craignant que l’opposition ne l’accuse de tirer avantage de la situation conflictuelle à Gaza et des souffrances des Gazaouis.

Dans le même temps, les cercles souverains accusent le Hezb de contourner le principe "pas de négociation avant le cessez-le-feu", simplement en acceptant de négocier avant qu’Israël ne déclare un cessez-le-feu à Gaza et une solution à deux États.

Face à la complexité de la situation dans le pays et à l’entêtement israélien concernant le cessez-le-feu à Gaza en vue d’une solution, les initiatives arabes se poursuivront ainsi que les efforts américains pour imposer une solution, avec les visites répétées de M. Blinken dans la région. Néanmoins, aucune solution n’est prévisible dans un avenir proche.

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