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La course contre la montre s’accélère entre les initiatives diplomatiques et la menace imminente d’une explosion dévastatrice à la frontière sud. Alors que des messages et des médiations fusent parmi les nations soucieuses d’éviter une guerre catastrophique, des recommandations sont formulées à l’adresse du Hezbollah.

Il est expressément demandé au Hezbollah d’agir avec prudence, en évitant tout embrasement sur le front sud. Et pour cause: une étincelle mal contrôlée pourrait déclencher une bombe aux conséquences dévastatrices pour l’ensemble du Liban, exposant ainsi le Hezbollah aux retombées de cette situation.

Parallèlement, des pressions sont exercées sur Israël pour contenir l’impulsivité de Benjamin Netanyahou et sa fuite en avant. Malgré ces efforts, les résultats escomptés tardent à se manifester. Netanyahou adresse des messages aux "pays amis", les exhortant à faire pression sur le Hezbollah pour accepter une trêve avant la fin du mois en cours, sous peine d’une guerre imminente.

Washington intervient également afin de parvenir à un cessez-le-feu et mettre fin aux hostilités à Gaza d’ici la fin de février. Cependant, les tensions avec son alliée historique, Tel Aviv, pourraient entraver la réalisation de cet objectif. La question de savoir qui l’emportera reste en suspens.

De son côté, le Hezbollah, tel que rapporté par les médiateurs occidentaux, annonce sa disposition à répondre aux demandes de la communauté internationale en mettant fin aux hostilités, à condition qu’Israël collabore pour mettre un terme à la guerre à Gaza. Cette déclaration intervient à un moment où la guerre entre dans sa troisième phase, marquée par un changement de dynamique à la suite du retrait de l’armée israélienne d’une grande partie de la bande de Gaza. En conséquence, il n’y a plus de justification au maintien d’une ligne de front active au Liban-Sud.

Selon les médiateurs, le Hezbollah exprime sa volonté de s’engager pleinement dans un règlement à la fois local et régional. Au niveau local, cette volonté est soumise à la condition que l’élection d’un président de la République garantisse la loyauté, le respect des directives et la protection de la ligne stratégique du Hezbollah ainsi que de son arsenal. De plus, il est attendu que ce président n’adhère pas aux résolutions internationales découlant de l’accord de Taëf, lesquelles stipulent que le Hezbollah devrait remettre ses armes à l’autorité légitime, selon des sources au sein du tandem chiite.

En effet, le Hezbollah voudrait voir émerger un président de la République issu d’un dialogue et d’un accord sur une feuille de route traitant des points de divergence. Ce point a été souligné lors des délibérations de la commission de coordination avec Bkerké, qui s’est tenue à la résidence du député Farid Haykal el-Khazen. Sur le plan régional, le Hezb insiste sur la nécessité de mettre fin aux hostilités à Gaza et exhorte Israël à respecter les dispositions de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, en mettant un terme à ses violations.

Pour sa part, l’Union européenne a présenté une proposition exhaustive visant à mettre fin au conflit régional par le biais d’un plan d’action. Celui-ci prévoit la création d’un État palestinien indépendant, la normalisation des relations entre Israël et le monde arabe pour garantir la sécurité régionale, et la tenue d’une seconde conférence pour la paix à Madrid, dénommée "Madrid II", à laquelle prendront part les parties concernées ainsi que les puissances internationales et régionales, et où Gaza et la Cisjordanie seraient représentées.

Cependant, l’accusation formulée par des responsables de l’Union européenne, suggérant qu’Israël aurait encouragé la création du Hamas pour entraver la solution à deux États, a engendré le retrait israélien de cette initiative.

En prévision de ces développements, des sources diplomatiques occidentales soulignent l’importance de maintenir la conférence "Madrid II" pour la paix dans la région. Cependant, cette démarche requiert l’élection d’un président de la République au Liban et la formation d’un gouvernement doté de tous les pouvoirs, ouvrant ainsi la voie à une participation aux négociations avec une position unifiée à travers les institutions. En conséquence, le groupe des Cinq (France, Arabie saoudite, États-Unis, Qatar et Égypte) s’est mobilisé en réponse à l’initiative européenne, notamment après avoir constaté que la troisième phase débutera à la fin du mois et pourrait être marquée par des développements significatifs en vue d’une résolution et d’un règlement, s’étendant de Gaza jusqu’au Liban-Sud.

Face à ces données, des sources politiques proches du 8 Mars, particulièrement affiliées au Hezbollah, signalent que "le Hezbollah ne s’oppose pas à l’élection d’un président de la République, mais souhaite plutôt un président répondant à ses conditions et exigences". Selon ces sources, l’urgence actuelle pour le Hezbollah d’élire un président de la République découle de l’"effondrement" de son alliance avec le Courant patriotique libre (CPL). En conséquence, le Hezbollah a cherché à substituer cette alliance par une nouvelle coalition chiite-sunnite avec les Marada. L’ancien chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, n’est pas en reste, notamment en raison de son récent "soutien" à Sleiman Frangié.

La hâte de formaliser une nouvelle alliance politique découle de la volonté internationale sérieuse d’élire un président de la République par le biais de négociations visant à sélectionner un candidat qui ne génère ni sensibilité ni provocation. Les représentants diplomatiques des Cinq se sont ainsi mobilisés, et en réponse, Bkerké a rapidement appelé à la convocation d’une session électorale par étapes successives jusqu’à l’élection du président de la République, conformément aux dispositions de la Constitution.

Selon la perspective de Bkerké et de l’opposition, l’élection d’un président de la République ne nécessite ni dialogue, ni accord, ni consensus. En effet, on affirme que "le dialogue exige la participation des parties en conflit, et en cas de refus de l’une d’entre elles de participer, elle en sera exclue". Ainsi, pour l’opposition souverainiste, le dialogue n’est pas une option viable, comme le souligne l’un de ses leaders, citant les échecs passés du dialogue, notamment lors de la séance de dialogue national qui s’est tenue au Parlement en 2006, présidée par le président de la Chambre, Nabih Berry. Les décisions prises à l’unanimité lors de cette table de dialogue, notamment le désarmement des Palestiniens à l’extérieur des camps, n’ont toujours pas été mises en œuvre.

En plus des résolutions adoptées lors du dialogue national présidé par Michel Sleiman, la Déclaration de Baabda a été particulièrement marquante. Celle-ci a été élaborée pour mettre en avant la position neutre du Liban vis-à-vis des événements régionaux. Cependant, cette déclaration a rencontré un rejet non seulement de la part du Hezbollah et du Courant patriotique libre (CPL), mais également de la part des représentants des forces du 8 Mars participant au dialogue. Ces mêmes forces ont également repoussé les orientations stratégiques en matière de défense formulées par le président Sleiman.

Selon la perspective de Bkerké et de l’opposition, tout dialogue, accord ou consensus en faveur du président de la République risque de le confiner et de l’assujettir, le transformant ainsi en otage du consensus politique qui l’a conduit à Baabda. Tout effort visant à le libérer de cette entente est perçu comme un projet de guerre civile, mettant en danger la concorde nationale et l’unité, exposant ainsi le pays au risque de désintégration.

Dans ce contexte, un député de l’opposition reconnaît que le Hezbollah a une influence significative dans le choix du président de la République, tout en précisant qu’il ne peut pas imposer son propre candidat. Malgré les aspects positifs mis en avant par des sources proches du Hezbollah, des informations politiques indiquent que le parti n’a pas encore pris de décision définitive, en attendant une clarification de la situation dans la bande de Gaza.

Quant au déplacement des ambassadeurs, il vise à préparer la réunion du groupe des Cinq en vue d’élaborer une feuille de route vers une solution.

C’est dans cette optique que l’envoyé spécial du président français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, a anticipé la réunion en menant des consultations à Riyad et au Qatar. Il achèvera ce processus à Beyrouth le mois prochain en présentant une position unifiée du groupe des Cinq pour l’élection d’un président de la République. Cette démarche a incité le président Berry à annoncer de manière optimiste: "Nous aurons bientôt un président de la République."

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