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Selon l’ancien général à la retraite Khalil Hélou, rien ne garantit un retrait du Hezbollah à 8 ou 10 km de la frontière.

Les tractations diplomatiques internationales s’intensifient en vue d’une nouvelle trêve entre le Hamas et Israël. À deux semaines du début du Ramadan, l’évolution de ces pourparlers et les conditions d’une éventuelle trêve restent floues, après une rencontre à Paris entre Américains, Qataris, Égyptiens et Israéliens, et des négociations indirectes entre représentants du Hamas et d’Israël en Égypte et au Qatar ces derniers jours.

L’incertitude plane davantage autour d’une éventuelle extension de la trêve au front sud du Liban. D’autant que le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant a affirmé dimanche la volonté de l’État hébreu de "poursuivre les tirs contre le Hezbollah, indépendamment de ce qui se passera à Gaza, et ce, jusqu’au retrait du parti pro-iranien au nord (du Litani), que ce soit par un accord ou par la force".

Contacté par Ici Beyrouth, le général à la retraite Khalil Hélou a confirmé que la trêve en question reste "incertaine", d’autant qu’"aucune déclaration officielle n’a été faite à ce propos jusque-là".

Pour ce qui est du Liban-Sud, le général Hélou a rappelé qu’"au cas où une trêve à Gaza aboutirait, le Hezbollah voudrait de son côté que les échanges d’artillerie s’arrêtent à la frontière avec Israël". Mais ce dernier n’aura de cesse que s’il garantit le retour chez eux des habitants du nord d’Israël. "Ceux-ci continuent d’intensifier la pression sur le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, pour qu’il trouve une solution sûre qui leur permettrait de regagner leurs villages. Le seul moyen permettant d’atteindre cet objectif est de s’assurer que le Hezb se retire à une distance suffisante de la frontière. Or rien ne garantit ce retrait", a-t-il estimé.

Les émissaires occidentaux, qui s’efforcent d’éviter un élargissement du conflit au Liban-Sud, tablent sur un accord en trois phases entre le Liban et Israël: "un accord intérimaire qui comprendra un retrait des combattants du Hezbollah de 8 à 10 kilomètres des zones proches de la frontière avec Israël, un renforcement de la présence des Casques bleus de la Finul et de l’armée libanaise dans la région et le retour des habitants (israéliens et libanais) dans leurs demeures respectives des deux côtés de la frontière", une fois celle-ci sécurisée.

Mais, pour le général Hélou, la formule de retrait proposée "n’aura aucun effet à cause des missiles de précision de type Kornet que le Hezbollah tire massivement ces derniers temps". Ces missiles antichars "ont une portée de 8 à 10 km et ne sont pas détectables par le Dôme de fer, le système de défense aérien israélien. Ils volent selon une trajectoire parabolique très aplatie (maximum 45 degrés) et sont très rapides", explique-t-il.

Selon le général Hélou, "seul un retrait du Hezb jusqu’au nord du Litani, donc à 30 kilomètres, pourrait être efficace". "Mais, même depuis cette distance, les roquettes du parti chiite peuvent atteindre le territoire israélien. Il ne s’agit donc pas d’une question d’ordre technique, mais d’une volonté politique, aussi bien de la part du Hezb que d’Israël" de tourner la page du conflit militaire et de se retirer véritablement à une distance suffisante.

L’ancien général est sceptique quant à une volonté du Hezb de procéder à un retrait qui rassurerait Tel Aviv. Il a, dans ce sens, fait valoir que "si le Hezbollah venait à se retirer un jour du Liban-Sud, son discours sur l’importance de la résistance et la récupération des terres contestés tomberait à l’eau". Et le général Hélou d’insister: "Nous sommes dans le flou total".

À une question sur le rôle des médiateurs arabes et internationaux à ce niveau, le général Hélou a réaffirmé que "leurs efforts, qui ont été vains jusque-là, le resteront en l’absence d’une volonté réciproque de parvenir à un règlement".

Il a par ailleurs souligné l’importance d’appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU et d’un soutien à l’armée libanaise qui devrait être déployée au Sud. Les effectifs déployés actuellement sont bien en deçà du nombre prévu dans la 1701.