Le patriarche maronite, Béchara Raï, a estimé, dimanche, que l’élection d’un président "confère aux institutions leur légitimité". "Les responsables politiques libanais doivent se réconcilier, en se livrant à un travail de mémoire, en tournant la page du passé et en rétablissant la confiance mutuelle entre eux", a ajouté Mgr Raï, dans son homélie dominicale. "Cela permet de placer l’intérêt des Libanais au-dessus de toute considération", a-t-il poursuivi.

Or, a estimé le patriarche, "les pratiques au Liban vont à l’encontre de ces principes", ce qui "renforce les tensions et la poursuite assidue des intérêts personnels et sectaires au détriment du bien général". "La réconciliation et la paix sont la seule issue à la crise de la présidentielle", a-t-il affirmé, se prononçant en faveur de toute initiative visant à débloquer le dossier. Il a, à cet égard, remercié les ambassadeurs des pays du groupe des Cinq (États-Unis, France, Qatar, Arabie saoudite et Égypte), ainsi que le bloc parlementaire de la Modération nationale pour son initiative. La semaine écoulée, des députés de ce bloc ont effectué une tournée auprès des responsables politiques et religieux pour leur présenter leur initiative visant à débloquer la présidentielle. Celle-ci consiste à faire des concertations suivies d’une séance parlementaire ouverte.

"L’élection d’un président confère aux institutions de l’État, notamment au Parlement et au gouvernement, leur légitimité, conformément aux dispositions de la Constitution, a insisté Mgr Raï. Tant que la République libanaise n’a pas de président, le chaos persistera, l’État se désintégrera, les infractions aux lois se poursuivront et l’injustice continuera de régner."

Se penchant sur la guerre à Gaza, Mgr Raï a dénoncé "les massacres perpétrés par les Israéliens contre le peuple palestinien". "Ils tuent exprès des dizaines de personnes affamées qui attendent des aides humanitaires", s’est-il insurgé, en référence au "massacre" commis, jeudi, lorsque des dizaines de Palestiniens ont été tués alors qu’ils se ruaient sur des camions d’aides humanitaires.

"Au Liban, aucune partie ne doit se laisser entraîner dans la guerre, les massacres, la destruction et le déplacement des populations pour des causes étrangères aux Libanais et à la population du Liban-Sud", a encore martelé Mgr Raï, en allusion au front sud ouvert par le Hezbollah, le 8 octobre, en soutien au Hamas, au lendemain du début de la guerre à Gaza, entre le mouvement islamiste palestinien et l’État hébreu.

"Le message du Liban est d’être une terre de paix et un pionnier en la matière du fait de sa spécificité, de sa diversité culturelle et religieuse, de son histoire, de son système politique et de son pacte de coexistence", a conclu le patriarche.