Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit disposé à apporter son soutien au processus de redressement du Liban durant un entretien qu’il a eu à Ankara avec le Premier ministre libanais, Najib Mikati.

C’est une visite à caractère principalement économique que le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a effectuée mardi à Ankara, à l’invitation du président turc, Recep Tayyip Erdogan, mais dont la dimension politique n’est pas à négliger, compte-tenu des démêlés du Liban avec les pays arabes et du rôle que la Turquie essaie de se forger dans la région.

Accompagné d’une délégation composée des ministres des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, du Tourisme, Walid Nassar, de l’Energie, Walid Fayad, de l’Environnement, Nasser Yassine, de l’Agriculture, Abbas Hajj Hassan, des Travaux publics, Ali Hamiyé, de l’Economie, Amine Salam ainsi que de la ministre d’Etat pour la Réforme administrative, Najla Riachi et des conseillers du chef du gouvernement, M. Mikati a tenu à son arrivée à Ankara une réunion de travail avec le président Erdogan qui était à son tour entouré d’un grand nombre de ministres du gouvernement turc.

A l’ordre du jour des discussions, les perspectives de coopération économique et les domaines dans lesquels la Turquie peut intervenir pour aider le Liban, en proie à une des pires crises économiques de l’histoire, à remonter la pente.

Dans ce contexte, Recep Tayyip Erdogan s’est dit disposé à " soutenir le Liban et à toucher toutes les tranches de la société libanaise grâce à une intervention dans tous les domaines, du commerce à l’énergie en passant par la santé et la sécurité ". Il a salué les efforts menés par Najib Mikati pour " mener les réformes nécessaires " exigées par la communauté internationale préalablement à son aide au Liban et fait état d’une entente avec ce dernier pour que le Haut comité économique bilatéral tienne une réunion durant la première moitié de l’année, afin de régler les problèmes en suspens " entre les deux pays.

Dans une conférence de presse conjointe, le président turc a réaffirmé la disposition de son pays à soutenir le processus de redressement dans lequel le Liban est supposé s’engager, en précisant qu’Ankara est prêt à fournir au pays son expertise au niveau de la coopération numérique dans le domaine des services publics.

Il a aussi confié avoir discuté avec M. Mikati des mesures concrètes pour relever le niveau des échanges commerciaux.

Parallèlement, les ministres libanais tenaient avec leurs homologues turcs des réunions de travail qui ont porté sur une coopération bilatérale dans des champs précis.

La Turquie qui essaie de consolider son engagement politique dans la région et notamment au niveau du bassin oriental de la Méditerranée, en raison d’enjeux géopolitiques, verrait dans le boycottage arabe du Liban, une brèche par laquelle elle pourrait s’engouffrer au service de sa stratégie, surtout s’il est vrai, comme le révèlent des sources informées, qu’un des buts de la visite de M. Mikati à Ankara est de discuter avec le président turc du dossier des réfugiés syriens au Liban. Une conférence sur ce thème est à l’étude et devrait être organisée par le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie.

Le Premier ministre libanais qui a été reçu en décembre dernier au Caire par le président égyptien, Abdel Fattah Sissi, essaie à son tour de briser l’isolement diplomatique dans lequel la politique anti-arabe du Hezbollah, à qui le camp présidentiel assure une couverture chrétienne, a plongé le Liban. En ce faisant, il montre aussi qu’il n’est isolé comme le chef de l’Etat, Michel Aoun. Après la formation de son gouvernement, en septembre dernier, c’était lui qui avait été invité en France, pour discuter avec le président français, Emmanuel Macron, de la feuille de route française pour une sortie de crise. Et lorsqu’Emmanuel Macron était intervenu à Riyad, auprès du prince héritier Mohammad ben Salman, afin que l’Arabie saoudite revienne sur sa décision de boycotter le Liban après la crise diplomatique née d’un commentaire de l’ancien ministre de l’Information, Georges Cordahi, sur la guerre au Yémen, c’était également Najib Mikati qu’Emmanuel Macron et MBS avaient appelé au téléphone et non pas Michel Aoun.

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