Un char israélien, dont deux tirs d’obus ont tué, le 13 octobre, Issam Abdallah, journaliste de Reuters, et blessé six reporters au Liban-Sud, a "probablement", dans un second temps, tiré sur le groupe de journalistes, avec une mitrailleuse lourde. C’est ce qui ressort des dernières conclusions d’une analyse menée pour le compte de Reuters par le laboratoire de l’Organisation néerlandaise de recherche scientifique appliquée (TNO).

Une enquête publiée par Reuters en décembre, citant les résultats préliminaires d’analyses menées par TNO, un institut indépendant spécialisé dans l’analyse de munitions et d’armement, concluait que deux obus de char avaient été successivement tirés à une distance de 1,3 km des journalistes, tuant Issam Abdallah, 37 ans, et en blessant six autres. Au nombre de ceux-ci, deux de l’AFP, dont la photographe Christina Assi, 28 ans, qui a subi une amputation de la jambe droite.

Une enquête de l’AFP, menée avec le collectif britannique d’experts et d’enquêteurs indépendants Airwars, avait également conclu, début décembre, qu’un obus de char de 120 mm, stabilisé par des ailettes, exclusivement utilisé par l’armée israélienne dans la région, était à l’origine de la frappe.

Dans son rapport final, qui mentionne de nouvelles analyses audio, TNO révèle que "les journalistes ont ensuite été vraisemblablement la cible de tirs de calibre .50 (12,7 mm), des munitions utilisées par les mitrailleuses Browning pouvant équiper les chars israéliens Merkava".

"Il est probable qu’un char Merkava, après avoir tiré deux obus, ait également utilisé sa mitrailleuse contre l’endroit où se trouvaient les journalistes" dans l’attaque qui a duré 1,45 minute, lit-on dans le rapport de 72 pages. "Ce dernier point ne peut être conclu avec certitude, car la direction et la distance exactes du tir (de la mitrailleuse) n’ont pas pu être établies", ajoute TNO.

Ces reporters, venus couvrir les affrontements transfrontaliers entre le Hezbollah et Israël, étaient "identifiables" d’après le rapport.

La succession de deux frappes, espacées de 37 secondes, montre qu’elles étaient ciblées, selon les experts interrogés par l’AFP et Airwars.

Deux autres investigations, menées séparément par les organisations de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International, désignent toutes deux "des frappes israéliennes".

"Le rapport de TNO, qui suggère fortement que les journalistes ont subi des tirs nourris de mitrailleuse, ajoute du poids à la théorie d’une attaque ciblée et délibérée", a réagi jeudi le directeur de l’information de l’AFP, Phil Chetwynd, réitérant son appel à une enquête approfondie de la part de l’armée israélienne.

Après la frappe du 13 octobre, l’armée israélienne avait seulement affirmé que le lieu où se trouvaient les journalistes était "une zone de combat active".

Avec AFP