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Ancien député et ministre, avocat de renom, Fouad el-Saad est décédé, jeudi, à l’âge de 83 ans.

"Un homme droit comme un chêne", disait-on de lui dans son entourage, en référence à sa personnalité entière mais aussi à la demeure familiale des Saad à Aïn Trez, dans la cour de laquelle trône un chêne, vieux de plus de mille ans. Comme le confie lui-même Fouad el-Saad, le 9 août 2013, dans un entretien accordé à Magazine Le Mensuel, "ce chêne a une place très particulière dans mon cœur et tous mes souvenirs d’enfance s’y rattachent".

Tout comme les racines de ce chêne millénaire, l’ancien député appartenait à l’une des plus anciennes familles du Liban.

Né à Aley, le 3 avril 1941, il est élu pour la première fois, en 1992, au siège maronite de cette circonscription. Battu aux législatives de 1996, il fait de nouveau son entrée au Parlement, en 2000, toujours sur la liste du leader druze et ancien chef du PSP, Walid Joumblatt. Il maintient son siège de député maronite de Aley aux législatives de 2005 puis de 2009, dans lesquelles ils s’engagent sur la liste du 14 Mars. Il fait partie des dix députés qui présenteront, en 2009, un recours en invalidation d’une loi portant augmentation des salaires au sein de la fonction publique, une des raisons principales de la crise financière que le Liban traverse actuellement.

Il savait ce que cette loi coûterait au Liban, alors que l’administration, pléthorique et minée par le clientélisme et la corruption, avait besoin d’une réforme sérieuse. C’est que, en 2000, il est nommé ministre d’État en charge d’une réforme administrative – qui n’a jamais eu lieu – au sein du gouvernement de Rafic Hariri. Un poste qu’il occupera jusqu’en 2003.

Farouche opposant à l’occupation syrienne du Liban, Fouad el-Saad est l’un des 29 députés qui s’opposeront, en 2004, à la prorogation du mandat d’Émile Lahoud à la présidence de la République. Il rejoint également le rassemblement du Bristol, constitué de figures politiques opposées à cette occupation.

En janvier 2011, il refuse de suivre Walid Joumblatt, qui s’était entretemps rapproché du Hezbollah, dans son choix, et maintient son soutien à Saad Hariri et au 14 Mars qui prônaient le slogan "Le Liban d’abord".

Réputé tout au long de son riche parcours politique comme étant un proche des Joumblatt, Fouad el-Saad avait en quelque sorte scellé, "avec les druzes, un mariage maronite", même s’il lui arrivait de diverger, sur le plan politique, avec M. Joumblatt.

Dans le même entretien datant de 2013, il explique qu’il est lié au leader druze, "par la guerre de la Montagne et ses conséquences, par l’histoire politique de la montagne et du sud du Mont-Liban, ainsi que par les relations familiales ancestrales et une amitié personnelle à toute épreuve".

Cet homme de lettres, un amoureux des livres, est aussi connu pour avoir été très proche de l’ancien ministre et PDG d’An-Nahar, Ghassan Tuéni, qui l’avait pris sur sa liste lors des élections législatives de 1972.

Diplômé notamment en droit de l’Université Saint-Joseph, il a fait ses études scolaires au collège Notre-Dame de Jamhour et a exercé comme avocat.

Avec son décès, se meurt aussi une certaine idée du Liban.

Il laisse derrière lui son épouse, l’avocate Jacqueline Baz, leur fille, Lamia, et un vide dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu et aimé.