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Samedi 13 avril, peu avant minuit, l’Iran a lancé plus de 300 drones et missiles en direction d’Israël dans une première attaque directe du genre. Les raisons et les conséquences de cette attaque ont été décortiquées en long et en large dans les salles de rédaction, sur les plateaux de télévision et dans les chancelleries et les centres de décision du monde entier.

Ces 170 drones et plus de 30 missiles de croisière et 120 missiles balistiques ont été lancés de l’Iran et à partir de l’Irak et du Yémen. Ces projectiles ont poursuivi des trajectoires différentes et certains d’entre eux ont été aperçus au-dessus du territoire libanais où ils ont été interceptés.

Un drone visible dans le ciel de la Békaa dans la nuit de samedi à dimanche.
Ici Beyrouth – Maxime Pluvinet

Interceptés oui, mais par qui?

Selon le général à la retraite et directeur général du Forum régional de consultation et d’études (RFSC), Khaled Hamadé, il n’y a pas d’informations sur le nombre de missiles qui ont survolé le territoire libanais. "Ce que l’on sait, c’est que les missiles qui ont été aperçus au-dessus du Liban ont été lancés à partir de l’Irak, plus précisément de la région d’Abou Kamal, frontalière avec la Syrie", précise le général Hamadé.

Ces missiles ont été aperçus vers 2h dans la nuit de samedi à dimanche, au-dessus de plusieurs régions libanaises du nord au sud. Certains Libanais ont aussi pu assister au spectacle impressionnant de leur destruction. Toujours selon le général Hamadé, l’interception a eu lieu à partir de la mer et a été effectuée par la flotte américaine et les forces alliées en Méditerranée. "Toutes les forces aériennes et navales déployées en Méditerranée sont intervenues, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France", a-t-il poursuivi.

Contacté par Ici Beyrouth, Riad Kahwaji, analyste en sécurité et défense au Moyen-Orient basé à Dubaï et directeur de l’Institut d’analyse militaire du Moyen-Orient et du Golfe (Inegma), précise que les missiles qui ont survolé le Liban ont été abattus par des avions de chasse israéliens ainsi qu’américains et britanniques qui ont utilisé des missiles air-air à guidage thermique. "Il n’est pas possible de connaître le nombre de missiles qui ont survolé le Liban" ajoute-t-il à son tour.

Où sont basés ces avions de chasse?

Selon la presse britannique, les Typhoons de l’armée de l’air britannique (RAF – Royal Air Force) ont neutralisé un certain nombre de drones en route vers Israël. Le Royaume-Uni a une base militaire, nommée Akrotiri, à Chypre, qui est utilisée comme base de déploiement avancé pour les opérations de l’armée britannique au Moyen-Orient.

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, avait déclaré, dimanche, que l’armée de l’air avait dépêché des avions de chasse et des avions ravitailleurs dans la région, afin de renforcer l’opération Shader, opération britannique de lutte contre Daech en Irak et en Syrie.

Contacté par Ici Beyrouth, le bureau de presse du ministère britannique de la Défense a précisé n’avoir "pas encore fourni de détails" au sujet des drones ajoutant que les avions de la RAF opéraient dans le cadre de la mission de lutte contre Daech en Irak et en Syrie, laquelle se déroule dans l’espace aérien de ces deux pays. Le bureau de presse n’a pas voulu non plus préciser si les avions de la RAF avaient participé à l’interception des drones au-dessus du Liban.

Selon Riad Kahwagi, les avions de chasse américains et britanniques ont décollé du Qatar et de Chypre respectivement et étaient positionnés au-dessus de la Syrie quand ils ont intercepté les missiles. Rappelons que le Qatar abrite Al-Udeid, la plus grande base américaine au Moyen-Orient.

De plus, le président américain, Joe Biden, avait déclaré, samedi, que l’armée de son pays avait déployé des avions et des contre-torpilleurs dans la région dans le courant de la semaine qui avait précédé l’attaque iranienne. "Grâce à ces déploiements et aux compétences extraordinaires de nos militaires, nous avons aidé Israël à abattre la quasi-totalité des drones et des missiles" selon un communiqué de la Maison-Blanche.

La France, quant à elle, a procédé à "des interceptions" de missiles et drones iraniens visant Israël dans la nuit de samedi à dimanche à la demande de la Jordanie, a confirmé, lundi, Emmanuel Macron, au cours d’un entretien télévisé. "Nous avons fait décoller nos avions et nous avons intercepté ce que nous devions intercepter", a-t-il poursuivi.

Depuis 2014, des avions de chasse français sont déployés en Jordanie, dans le cadre de la coalition internationale anti-Daech. La base aérienne projetée (BAP) au Levant est aménagée au sein de la base jordanienne Prince Hassan, également appelée H5 au nord-est d’Amman. (La France a aussi une base aux Émirats arabes unis).

Stephane Séjourné, ministre français des Affaires étrangères, avait affirmé dans le cadre d’un journal télévisé: "Nous avons pris nos responsabilités parce que nous sommes acteurs de la sécurité régionale. L’attaque iranienne portait également atteinte à la sécurité de nos forces", en ajoutant que la France avait "participé à des actions d’interception". Toutefois, aucune précision n’a été donnée sur le point de savoir si la France était impliquée dans l’interception des drones au-dessus du Liban.

À noter que selon le général Hamadé, le Liban n’a été à aucun moment en danger parce que les drones et les missiles sont des projectiles militaires dirigés.

Toutefois, mardi après-midi, les habitants de la région de Banyé à Aley ont entendu une forte explosion. C’était celle d’un drone iranien tombé dans une région boisée. L’armée libanaise avait établi un cordon de sécurité dans le secteur et fait exploser l’engin sur place.