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Le Liban et particulièrement les enfants du Liban viennent de perdre une figure emblématique de la médecine, de l’attention et de la bienveillance, le Dr Robert Sacy.

Son départ laisse un vide immense dans le secteur caritatif libanais et dans celui des soins pédiatriques et infantiles, mais aussi dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu et qu’il a touchés par sa compassion et son engagement.

Le Dr Sacy a fait ses études de médecine à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et sa spécialisation dans la même université, puis à l’Hôpital Necker des enfants malades, à Paris.

Pendant de longues années, il a exercé son métier de pédiatre à l’hôpital Saint-Georges des grecs-orthodoxes, dont il a été le chef de service de pédiatrie.

C’est là qu’il a créé Cap-Ho (Comité d’aide pédiatrique dans les hôpitaux), en 1995, avec un groupe de femmes volontaires, afin de ne pas devoir refuser des patients faute de moyens ou de place.

"C’était un médecin très humain et surtout très accessible, qui connaissait parfaitement son métier. Doux et gentil avec les enfants, il était aussi rassurant avec les parents. Il plaisantait avec les malades pour détendre l’atmosphère", raconte à Ici Beyrouth la maman d’un de ses patients.

C’est surtout son élan de solidarité pour les plus démunis qui l’a poussé à aller encore plus loin. En 2016, il fonde une aile pédiatrique à l’hôpital gouvernemental de la Quarantaine grâce à la contribution de la Fondation Carlos Slim, entre autres. Les patients y sont traités sans conditions de ressources, de papiers ou de nationalité. Cette aile pédiatrique est chapeautée par l’Association d’aide à la mère et à l’enfant à l’hôpital (Assameh, Birth and Beyond) qu’il avait créée en 2015.

"Il a été le pédiatre de deux ou trois générations d’enfants", affirme à Ici Beyrouth Madame Neda Farah, membre du comité de l’association.

L’hôpital, soufflé le 4 août, était l’un des établissements pédiatriques les plus importants, accueillant chaque année de 800 à 1.000 patients de moins de 18 ans. L’hôpital fonctionne grâce aux dons d’individus, d’associations et de pays étrangers. Grâce au courage et à la détermination du Dr Sacy, l’hôpital est réhabilité en 2023. Les dons ont aussi permis de doter l’hôpital d’équipement et de matériel de pointe.

"C’est un hôpital très bien équipé, qui rivalise avec les meilleurs établissements hospitaliers", nous dit Mme Farah. "Le Dr Sacy a reçu d’innombrables enfants malades qui n’avaient pas les moyens de se faire soigner; il a même sauvé beaucoup d’enfants des poubelles".

Mme Farah nous raconte que le Dr Sacy avait été honoré il y a tout juste un mois par tous ses amis qui s’étaient réunis pour le remercier.  "C’est un homme qui a beaucoup œuvré pour le Liban, il a effectué un travail de titan", conclut Mme Farah.

Aujourd’hui, nous faisons nos adieux à un homme exceptionnel qui, aux dires de l’une de ses amies, interrogée par Ici Beyrouth, était "un homme degrande  valeur, irremplaçable".

Un jour avant son décès, le Dr Sacy avait posté sur sa page Facebook une citation de Jean d’Ormesson: "Les hommes ne sont grands que par leurs rêves et leurs convictions. Ce qui les hisse au-dessus d’eux-mêmes, c’est la foi, la science, la beauté, le souci de la justice ou de la vérité, l’amour de la patrie et des misérables."

Une citation qui reflète le parcours de Robert Sacy, sachant que son héritage se perpétuera à travers toutes les vies qu’il a touchées et améliorées.

Le Dr Sacy laisse derrière lui son épouse, Nicole, et sa fille, Kim, ainsi qu’une famille, des amis, des collègues et surtout des patients, éplorés, mais devenus de bien meilleures personnes pour l’avoir connu.