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Les indicateurs locaux et régionaux suggèrent de plus en plus que l’échéance présidentielle libanaise est désormais étroitement liée à l’issue de la guerre à Gaza, pour laquelle aucune perspective politique de solution n’est en vue. En effet, malgré les efforts déployés par Israël pour éliminer le Hamas depuis le début de la guerre, cet objectif n’a pas été atteint, et aucun progrès n’a été réalisé, hormis l’unique échange de prisonniers intervenu il y a quelques mois.

Partant, lier le sort des échéances constitutionnelles libanaises aux développements régionaux représente un risque considérable et expose le Liban à de grands dangers, notamment dans un contexte d’accumulation des crises économiques, sociales et de subsistance. Cette situation survient alors qu’aucune solution radicale et sérieuse à la crise économique, décrite par la Banque mondiale comme "l’une des pires de l’histoire", n’est en vue. De surcroît, les défis croissants posés par la présence syrienne, notamment en termes de nombre de réfugiés, nécessitent des approches courageuses conformes aux lois internationales et aux intérêts nationaux libanais, loin des approches racistes et discriminatoires.

Il est important de souligner que l’absence d’un président de la République depuis presque un an et demi est véritablement honteuse. La stagnation et l’attentisme de certaines forces politiques font perdurer cette situation, la transforment en une réalité contraignante difficile à surmonter. Il est évident que les parties libanaises sont engagées dans un jeu de "qui cèdera le premier", tandis que les Libanais en paient le prix fort.

In fine, il est inévitable de chercher une troisième voie, c’est-à-dire une personnalité qui ne soit pas entièrement inféodée à l’un des camps, qui jouisse d’un minimum d’indépendance et d’intégrité, sans provoquer ni inquiéter aucune des parties. Cela se reflétera sur la stabilité intérieure et sur la capacité de ce président à gérer les affaires du pays, à supposer qu’il parvienne à atteindre Baabda.

Cependant, afin d’atteindre cette solution élaborée, il est indispensable de recourir à une forme de discussion politique, de dialogue ou de consultation, peu importe le terme utilisé. En effet, les forces politiques doivent s’engager, de manière directe ou indirecte, qu’il s’agisse de discussions à deux, trois ou quatre, peu importe, pour débattre de plusieurs noms afin de sortir de l’impasse. Il s’agit de rechercher des mécanismes spécifiques pour surmonter la grave crise politique que traverse le pays.

Il est vrai que les désaccords concernant la Constitution et ses articles relatifs à l’élection du président de la République sont profonds (bien qu’ils soient censés être clairs et sans ambiguïté). Cependant, il est devenu également urgent de faire des compromis politiques, partant du principe que la politique est l’art du possible qui permet de trouver des solutions aux problèmes croissants.

D’un autre côté, il est également vrai que les Libanais ont rarement réussi à élire un président sans intervention étrangère, voire sans compromis externe, souvent réalisé de manière dégradante et humiliante via les institutions constitutionnelles.

Cependant, il est crucial pour les Libanais de réaffirmer l’importance de leurs échéances nationales et constitutionnelles, de restaurer la confiance dans les institutions politiques et de renforcer leur fragile démocratie malgré toutes ses lacunes. En dépit de ses nombreux revers, la démocratie libanaise reste un phare dans ce paysage sombre du Moyen-Orient, où les régimes oppriment leurs peuples et confisquent leurs libertés.

Le Liban a le potentiel de surmonter ses crises endémiques. Le peuple libanais est naturellement dynamique et excelle à l’échelle individuelle. Tout ce dont il a besoin, c’est d’un environnement stable qui ne peut être établi que par la consolidation de l’autorité de l’État.