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A la veille de la tenue de son synode annuel, l’Église maronite a confirmé à son poste, en l’élevant au rang d’archevêque honorifique de Nisibe (Turquie), le secrétaire général du Dicastère des Églises orientales, le Père Michel Jalkh, moine de l’Ordre antonin maronite (OAM), à ce poste depuis le 15 février 2023.

La cérémonie, présidée par le patriarche Raï, s’est tenue au siège patriarcal de Bkerké,  en présence du cardinal Claudio Gugerotti, préfet d’un département pontifical auquel rien de ce qui touche les Églises orientales et leurs besoins n’est étranger.

L’ordination épiscopale de Mgr Jalkh  s’est imposée "pour lui permettre de s’adresser d’égal à égal à ses interlocuteurs qui, pour la plupart, jouissent du rang d’évêque, d’autant plus que la pléthore d’accusations reçues par son département exige de lui qu’il parle d’autorité  en réglant les problèmes qui surgissent", apprend-on de source informée.

Tenue en présence des  patriarches Youssef Absi, melkite catholique, Ignace Youssef III Younan, syriaque catholique, Raphaël Bedros XXI, arménien catholique, Ignace Aphram II, syriaque orthodoxe, du Nonce apostolique au Liban, Paolo Borgia, de Mgr Chahan Sargasyan, représentant le Catholicos Aram 1er,  Ia cérémonie d’intronisation a revêtu, symboliquement, un cachet œcuménique sans doute voulu, tant il est vrai que le sort des chrétiens en Orient dépend désormais de leur unité et de leur solidarité, au-delà des dénominations particulières, qu’elles soient catholiques ou orthodoxes.

Dans son homélie, le patriarche a interpellé  le nouvel archevêque et rendu compte de l’état de ses services en lançant: "Le Pape François t’a choisi pour l’assister dans son service apostolique en raison de ta foi dans le Christ et de ton amour pour lui. À la hauteur de ses attentes, tu le seras sans aucun doute, avec tes vertus monastiques et sacerdotales, et les connaissances que tu as acquises au cours de tes nombreuses années à Rome en tant qu’étudiant, spécialiste et membre accrédité du Dicastère pour les Églises orientales pendant cinq ans, puis en tant que Secrétaire général du Conseil des Églises du Moyen-Orient (CEMO) pendant cinq ans, et enfin en tant que recteur de l’Université antonine".

C’est la première fois qu’un Libanais ou un maronite est nommé à ce poste depuis la création de ce département en 1917, relèvent les observateurs. Beaucoup estiment qu’avec les expériences accumulées au cours des années, aussi bien sur le plan interne que sur les plans œcuménique et interreligieux, la nomination de Mgr Jalkh apparaît comme appropriée, voire judicieuse, et pourrait le préparer à des charges plus élevées.

Dans un mot de remerciement, Mgr Jalkh a affirmé qu’il porte toutes les causes dans son cœur, à commencer par "la cause de ma patrie, le Liban", sans oublier celles des populations qui endurent les affres de la guerre, de l’Ukraine à Gaza.

Parlant du Liban et de la déliquescence des institutions qui le marque en cette étape de son histoire, le nouvel évêque a affirmé: "Ce qui nous manque, à nous Libanais, pour reconstruire cette nation unique avec sa solidarité humaine, sa solidité spirituelle qui embrasse ses diverses identités et se distingue par sa constitution sociale basée sur la famille et ses valeurs, c’est un peu d’ascétisme, d’humilité et d’abnégation", a-t-il dit.

Quelques reproches

Il est possible que le Vatican ait, à cet égard, quelques reproches à faire aux Églises orientales, et à l’Église maronite particulier, estime en substance une source ecclésiastique, celui d’être trop préoccupée par ses propres projets et de ne pas savoir travailler avec les autres Églises".

"C’est à elle que les papes Jean-Paul II, puis Benoît XVI ont voulu confier, en vain hélas, la charge de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés", a-t-il ajouté.

"Avant d’atteindre la soixantaine – il est né en 1966 –, Mgr Jalkh a atteint ce qu’aucun autre Libanais ou maronite n’avait atteint, relève un commentaire du quotidien Al-Akhbar, proche du Hezbollah. Cela lui permet d’agir  en homme qui ne veut rien pour lui-même, avec l’indépendance que cela lui garantit, car il ne doit sa nomination à personne d’autre que le pape François et son ami (le cardinal) Gugerotti, ce qui ne l’astreint à aucun réseau d’intérêts et lui permet d’accomplir beaucoup pour les communautés chrétiennes de la région, s’il concilie sa vision avec les capacités du Vatican".

Un bel hommage, terni hélas par une lecture politique de cette ordination, considérée comme une censure actuelle ou future de l’action du patriarche actuel. Une cible contre laquelle, à temps et à contretemps,  ce quotidien ne cesse de tirer.