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Trois ans après que l’affaire a été soulevée, les matériaux inflammables dangereux stockés dans la centrale thermique de Zouk Mikael, dans le Kesrouan, n’ont toujours pas été déplacés. Le sujet est à l’ordre du jour de la réunion du gouvernement d’expédition des affaires courantes ce vendredi.

En attendant, les responsables libanais se rejettent la responsabilité de l’inaction. Le ministre de l’Environnement, Nasser Yassine, a déclaré à Ici Beyrouth que, selon les listes envoyées par Électricité du Liban (EDL), la compagnie publique d’électricité qui gère la centrale de Zouk Mikael, les produits chimiques stockés sur le site comprennent des matériaux acides et alcalins, ainsi que des éléments anti-corrosion, qui n’explosent pas d’eux-mêmes.

Cependant, "si les acides réagissent avec les matériaux alcalins, ils peuvent provoquer des réactions chimiques corrosives", a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité de les retirer en toute sécurité.

Yassine a affirmé que "les produits chimiques inutilisés ou périmés doivent être éliminés, conformément à la loi 387 (Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et leur élimination), et au décret 5606 (Réglementation de la gestion des déchets dangereux)".

La responsabilité de prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminer ces produits chimiques de manière sécurisée et conformément à la loi incombe au producteur ou au propriétaire des déchets, en l’occurrence EDL. "Nous avons échangé plusieurs courriers avec EDL à ce sujet", a déclaré Yassine, ajoutant que la compagnie d’électricité devrait stocker les matériaux en toute sécurité, c’est-à-dire séparément, à l’abri du soleil et dans une zone bien ventilée, sous la supervision de la défense civile et de l’administration locale.

Contacté par Ici Beyrouth, le département de communication d’EDL a nié l’aspect dangereux des produits chimiques (environ 80 tonnes), affirmant qu’ils sont là "depuis 40 ans pour le bon fonctionnement de la centrale électrique".

EDL a en outre expliqué qu’elle avait engagé, le 30 mars 2021, une entreprise, Combilift, pour retirer les matériaux périmés, y compris le phosphate trisodique et le métasilicate de sodium (13 tonnes), hors du Liban. Cependant, le ministre de l’Environnement de l’époque, Damianos Kattar, n’avait pas donné son approbation pour l’exécution.

La compagnie a précisé qu’à la suite de l’appel d’offres lancé pour retirer les produits chimiques, elle avait reçu des offres de cinq entreprises. Pendant ce temps, les matériaux étaient stockés comme indiqué par l’armée et les forces de sécurité.

De son côté, le ministre de l’Énergie, Walid Fayad, a reproché à EDL de ne pas avoir agi rapidement lorsque le contrat avec Combilift avait été rejeté par le ministre précédent. "La bonne décision aurait été pour EDL d’annuler le contrat et de trouver une autre entreprise pour effectuer le travail", a-t-il déclaré à Ici Beyrouth.

Et M. Fayad d’ajouter qu’il joue davantage le rôle de médiateur dans cette affaire, et que la responsabilité incombe à EDL qui n’a pas poursuivi l’affaire depuis 2021.

Le Conseil des ministres qui se réunira vendredi, abordera-t-il enfin la question?