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Les approches pour traiter la problématique des migrants syriens au Liban, qu’elles soient politiques ou non, s’entremêlent. Elles restent toutes cependant principalement motivées par des considérations politiques qui ne tiennent pas compte de tous les aspects de cette question.

Alors que certains exigent leur expulsion immédiate, d’autres minimisent les risques associés à leur présence massive dans le pays et à ses conséquences néfastes sur la société libanaise.

Sur le plan du principe, l’approche qui prône le refoulement de centaines de milliers de personnes vers un destin incertain et risqué, va à l’encontre de la position historique du Liban concernant les droits de l’homme, surtout lorsqu’on sait que le Liban a participé à l’élaboration de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée en 1945 par l’ONU.

Quant à l’approche opposée, qui consiste à ignorer l’existence d’un réel problème lié à la présence de près de deux millions de Syriens au Liban, elle est en net recul au Liban. Et pour cause: les pressions générées par la présence dense des migrants syriens au Liban sont de plus en plus fortes dans divers domaines sociaux, économiques et même sécuritaires.

Le problème que pose cette masse humaine importante doit être géré suivant une dynamique différente qui consiste à les classer en groupes spécifiques, plutôt que de les considérer comme une seule entité.

À titre d’exemple, certains investisseurs syriens sont titulaires d’importants comptes bancaires, à l’instar de leurs homologues libanais, tandis que d’autres détiennent des résidences permanentes légales et réglementées par la loi libanaise. Par conséquent, ils doivent être soumis aux mêmes conditions s’appliquant à d’autres étrangers.

Une large tranche de Syriens travaille depuis bien avant la guerre dans leur pays, dans les secteurs de l’agriculture et de la construction, entre autres, au Liban. L’affirmation selon laquelle certaines professions et métiers ne sont pas très prisés par les Libanais est partiellement vraie. Ainsi, l’économie continue d’avoir besoin de cette catégorie de travailleurs, mais la réglementation de leur travail reste une condition essentielle à leur présence dans le pays, conformément aux pratiques observées dans tous les pays du monde.

Mais pour régler le problème des centaines de milliers de migrants qui ne correspondent pas à ces deux catégories, il est indispensable d’élaborer un plan afin qu’ils ne restent pas indéfiniment dans le pays. Celui-ci ne concerne évidemment pas les personnes qui font des allers-retours réguliers entre le Liban et la Syrie.

Il est vrai que l’Union européenne n’a pas prêté beaucoup d’attention à la position libanaise lors de la récente conférence internationale de Bruxelles sur la Syrie (qui a eu lieu avant les récentes élections parlementaires européennes) en raison de considérations particulières qui lui sont propres. Cependant, l’engagement du Liban à unifier sa position concernant les migrants syriens a été remarquable et mérite d’être soulignée, dans un pays marqué par des divisions historiques profondes, auxquelles se greffe le dossier des migrants syriens. Le Parlement libanais a réussi à élaborer une approche commune soutenue par presque toutes les parties politiques.

Si cela démontre quelque chose, c’est bien la capacité des Libanais à parvenir à un consensus, à condition qu’il y ait une volonté politique en ce sens. C’est cette volonté qui devrait guider l’élection présidentielle, laquelle ne doit pas rester en suspens indéfiniment, surtout avec les risques croissants au Liban-Sud et l’aggravation des problèmes économiques et sociaux dans le pays.

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