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Les menaces du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à l’encontre de l’État chypriote sont passées sans séquelles graves pour le Liban, grâce, en grande partie, à Nicosie.

Réagissant aux propos du chef de la formation pro-iranienne, qui avait menacé de considérer l’île comme "partie prenante de la guerre (dans laquelle sa formation est engagée avec Israël), si elle mettait ses aéroports et ses infrastructures à la disposition d’Israël", le président chypriote, Nikos Christodoulides, s’est empressé d’affirmer que "son pays est loin de la guerre et fait partie de la solution et non du problème".

Les officiels et les médias libanais ont tenté, à leur tour, de contenir l’affaire en soulignant les relations étroites entre les deux pays depuis des décennies. Cela semble toutefois peu importer à Hassan Nasrallah, qui a une fois de plus démontré qu’il accorde peu de considération aux relations extérieures du Liban – à l’exception de celles avec l’Iran – et à leur impact positif sur l’économie libanaise.

La situation géographique de Chypre en fait une destination prisée par des touristes du monde entier, notamment des États voisins comme le Liban.

Mais les relations entre les deux pays ne sont pas que touristiques. Chercheur auprès d’International Information, une société de conseil et de recherches, Mohammed Chamseddine souligne à Ici Beyrouth que la proximité entre les deux pays a renforcé, au fil des années, leurs relations historiques, que ce soit par les alliances matrimoniales, les liens familiaux ou les investissements.

Après la guerre de 1975, Chypre est devenue une destination-clé pour les Libanais dont près de 50.000 au moins résident sur l’île. Les investissements libanais y sont importants, compte tenu du nombre des entreprises économiques, touristiques et commerciales ouvertes par des compatriotes.

Les relations commerciales bilatérales sont tout aussi importantes. Ainsi, en 2023, le Liban a importé de Chypre des marchandises d’une valeur de 447 millions de dollars et exporté vers l’île des produits pour une valeur de 29 millions de dollars, contre 148 millions de dollars en 2018, soit avant la crise.

Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que les menaces de Hassan Nasrallah n’ont pas affecté les plans des Libanais qui avaient prévu de se rendre sur l’île pour y passer des vacances.

Le président du syndicat des propriétaires d’agences de voyage, Jean Abboud, rappelle que les touristes libanais représentent un élément crucial de l’économie chypriote pendant la saison estivale.

Selon ses explications, les réservations vers Chypre sont en nette augmentation à l’approche du mois d’août, même si l’ambassade chypriote a augmenté de 10 dollars les frais de demande de visas, qui s’élèvent aujourd’hui à 98 dollars. La chancellerie, dit-il, a en outre rendu obligatoire la prise de rendez-vous préalable, en raison de l’afflux prévu de voyageurs vers Chypre dans les mois à venir. M. Abboud assure qu’à ce jour, il n’y a eu aucune annulation de réservations vers Chypre. "Au contraire, les chiffres continuent d’augmenter", précise-t-il, avant d’indiquer que les Libanais sont classés parmi les cinq premières nationalités qui investissant dans l’île, aux côtés des Britanniques et des Russes.

Il a par ailleurs rappelé que les Chypriotes facilitent les investissements et l’accès à la propriété, considérant que les Libanais contribuent significativement à dynamiser l’économie locale.