Au lendemain de la frappe qui a visé Majdal Shams, samedi, dans le Golan, faisant 12 victimes, dont des enfants, les menaces israéliennes fusent. Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure de l’extrême droite, a appelé dimanche à "brûler Beyrouth". 

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, s’est voulu rassurant en affirmant que "le cessez-le-feu à Gaza sera l’occasion de ramener un calme durable sur la Ligne bleue entre Israël et le Liban". Il a toutefois déclaré que "tout indique que le Hezbollah a tiré une roquette sur le Golan", samedi.

Pour rappel, une attaque à la roquette sur un terrain de football, dans un village druze sur le plateau du Golan occupé par Israël, a tué 12 enfants. Israël a directement pointé du doigt le Hezbollah, l’accusant explicitement de cette frappe et "a promis de riposter, alors que ce dernier continue de nier toute responsabilité".         

"Nous savons exactement d’où la roquette a été lancée. Nous avons examiné les restes de la roquette, ici, sur le mur du terrain de football. Nous savons qu’il s’agit d’une roquette Falaq avec une ogive de 53 kg (la partie antérieure d’un projectile, ndlr). Il s’agit d’une roquette du Hezbollah", a assuré à son tour le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, avant d’ajouter: "Quiconque lance une telle roquette dans une zone bâtie veut tuer des civils et des enfants."

À son tour, le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré sur son compte X que "durant la nuit dernière, les forces de défense ont mené des raids sur une série de cibles du Hezbollah à travers le Liban. Parmi les cibles touchées au Liban-Sud, il y avait des dépôts d’armes et des infrastructures terroristes dans les régions de Chabriha, Bourj al-Chamali, la vallée de la Bekaa, Kfar Kila, Rabthalatin, Khiam et Teir Harfa". 

 

 

 

Les réactions en cascade se poursuivent

À Majdal Shams, les habitants de la ville ont scandé dimanche des slogans contre le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, venu inspecter les lieux: "Sors d’ici, criminel, ils ne veulent pas de toi dans le Golan".

En réaction à l’attaque de Majdal Shams, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a déclaré, samedi, sur le compte X du ministère, qu’il tenait des consultations permanentes depuis qu’il avait été informé de la catastrophe, ajoutant: "J’ai ordonné que nous retournions dans la région, mais je n’ai pas pu le faire. J’ai alors demandé que notre retour en Israël soit avancé. Dès mon arrivée, je réunirai immédiatement le cabinet de sécurité", a-t-il-poursuivi. Une réunion du cabinet réduit est prévue pour 18 heures.

M. Netanyahou a aussi souligné que "l’État d’Israël ne laissera pas passer cela sous silence. Nous ne fermerons pas les yeux."

 

De leur côté, la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, ainsi que le chef de la mission et commandant de la force de la Finul, le général Aroldo Lázaro, ont exhorté, dans une déclaration commune, toutes les parties "à faire preuve de la plus grande retenue et à mettre un terme à l’intensification des échanges de tirs". "Cela pourrait déclencher une guerre plus large qui engloutirait toute la région dans une catastrophe inimaginable", ont-ils aussi averti.

Ils ont souligné que la Finul et le bureau de la Coordinatrice spéciale (UNSCOL) sont en contact à la fois avec le Liban et avec Israël.

Ils ont également déploré "la mort de civils – celle de jeunes enfants et d’adolescents – à Majdal Shams" et appelé "à protéger les civils à tout moment".

Par ailleurs, la France a demandé dimanche à ses ressortissants "d’éviter de se rendre au Liban et en Israël".

Reuters: le Hezbollah évacue certains sites

Sur le plan interne, Reuters, en citant une source de sécurité, a affirmé que "le Hezbollah a évacué certaines de ses sites clés de l’est et du sud du Liban en prévision d’une éventuelle escalade israélienne".

Quant au ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, il a révélé dimanche à l’agence Reuters que "les États-Unis avaient demandé au gouvernement de maîtriser le Hezbollah" et que le Liban, à son tour, "a demandé aux États-Unis d’exhorter Israël à faire preuve de retenue dans le contexte des récentes tensions".

Lors d’une interview accordée à la BBC, le chef de la diplomatie libanaise, a réagi à l’attaque de samedi sur Majdal Shams, soutenant que "le Hezbollah a nié son lien avec la frappe". "Depuis le début de la guerre, le Hezbollah a ciblé des sites militaires, pas des sites civils, et je ne pense pas qu’il ait effectué cette frappe, il pourrait s’agir de l’œuvre d’autres organisations ou d’une erreur israélienne ou même d’une erreur du Hezbollah, je ne sais pas, et nous avons besoin d’une enquête internationale pour connaître la vérité sur cette question", a-t-il poursuivi.

Réagissant à son tour, le ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé que "l’occupation israélienne a commis un crime odieux à Majdal Shams et l’a ensuite imputé à la résistance nationale libanaise", parlant du Hezbollah sans le nommer.

Pour sa part, le ministre iranien des Affaires étrangères a mis en garde Israël contre toute "aventure" au Liban à la suite de l’attentat de Majdal Shams.

Sur le front sud 

Dimanche, en fin de matinée, un drone israélien a bombardé une maison à la périphérie de la localité de Tareya, dans le caza de Baalbeck, avec deux roquettes, causant seulement des dégâts matériels.

À l’aube, plusieurs frappes aériennes consécutives ont visé la périphérie des villages d’Al-Abbasiya, Teir Debba et Toura, dans le caza de Tyr, touchant une zone ouverte sans toutefois faire de blessés.

Une frappe aérienne a également touché une maison dans la localité de Bourj al-Chamali, faisant des blessés parmi les habitants et causant des dégâts importants aux biens, aux infrastructures et aux maisons environnantes. Une autre frappe aérienne a visé Teir Harfa, sans faire de blessés.