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L’époque où l’armée syrienne, à défaut de combattre Israël, terrorisait la population libanaise et noyait les quartiers de Beyrouth ou de Zahlé sous les bombes, semble bien loin déjà. L’époque où cette armée faisait partie d’une coalition internationale contre Saddam Hussein lors de la première guerre du Golfe semble, elle aussi, bien loin déjà. Rien ne pouvait se faire au Proche-Orient sans que la dynastie Assad soit associée et consentante. Aujourd’hui la Syrie n’existe plus. Émiettée, libanisée. Chaque faction tient un bout de territoire que d’autres lui disputent. Et, comme au Liban, durant ses guerres dites civiles qui étaient souvent alimentées depuis Damas d’ailleurs, une multitude d’armées opèrent sur et depuis son territoire.

Tout s’est effondré en 2011. Les manifestations pacifiques se sont transformées en bain de sang. Personne ne connaît réellement le bilan de 13 ans de guerre. La Syrie n’existe plus. N’en déplaise aux hordes de fans de monsieur Assad fils qui, mains sur les avertisseurs, sillonnent les rues de Beyrouth en bons réfugiés pour aller voter pour leur idole, supposée être la raison de leur exil. Bref! La Syrie, c’est fini.

Alors que la guerre gronde, un simple état des lieux suffit à être édifiant. L’armée israélienne frappe quotidiennement partout en Syrie. En toute tranquillité. Sans aucune réaction. 12 enfants tués à Majdal Shams? Ils étaient Syriens. Ce missile est sur le point de faire basculer la région dans l’enfer. Et en Syrie, une vague condamnation. Les autorités de ce "pays" se sentent à peine concernées. Parce qu’en fin de compte, personne, parmi les officiels, ne contrôle plus rien au-delà de la porte de son bureau. Et chacun pense à sa propre survie et à faire fructifier ses affaires à l’ombre du chaos.

Le peuple, lui, comme d’habitude, souffre des sanctions imposées à la Syrie et manque de tout. La moitié de la population du pays est déplacée, 11 millions de personnes. À l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Les oligarques, eux, que l’on se rassure, ne manquent, comme d’habitude également, de rien. Ils disposent de réseaux puissants, notamment au Liban, ouverts aux quatre vents aux mafias et à la contrebande vers Damas.

Sur le terrain, on peut se demander raisonnablement où est donc passée l’armée syrienne. Son million de soldats, ses milliers de canons et de chars et ses centaines d’avions de chasse. L’armée israélienne se balade sereinement et frappe, tantôt des aéroports, tantôt des positions d’organisations armées, sans la moindre crainte d’une réaction défensive. Le Hezbollah et les Gardiens de la révolution islamique tiennent le Golan et la frontière avec le Liban. Les Iraniens sont d’ailleurs partout et semblent cohabiter avec l’armée russe qui a ses propres bases, l’armée américaine qui tient les puits de pétrole, l’armée turque déployée au nord, les forces kurdes à l’Est et une myriade de milices islamistes répondant aux doux noms de Jound el-Cham, Daech, Al-Qaïda… pour n’en citer que les plus connues. Chaque milice, chaque armée, tient un bout de pouvoir et impose sa loi.

Il y a fort à parier que la prochaine confrontation englobera de larges pans de la Syrie. Un seul peuple, deux pays, disait Hafez el-Assad. Dans la souffrance inutile, le sort des deux pays semble lié. À moins, à moins, qu’une sortie raisonnable soit trouvée à ces conflits qui menacent de tout embraser. Mais le pire est toujours à craindre.

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