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Il est possible pour les élèves se trouvant dans les zones de conflit au Liban-Sud de s’inscrire dans des écoles situées dans des régions plus sûres ou dans celles où les parents et leurs enfants se sont installés.

Face à l’aggravation de la situation sécuritaire et à l’évolution de la guerre au Liban, les parents et les élèves des villages frontaliers du Liban-Sud sont inquiets au sujet de l’année scolaire à venir, qui devrait commencer dans quelques jours.

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur ne reste pas indifférent et cherche, dans l’urgence, des solutions pour garantir le démarrage de l’année scolaire tout en maintenant le niveau d’enseignement et la continuité des programmes et en surmontant les obstacles qui affectent ce secteur primordial depuis des décennies.

Les associations éducatives, notamment au Liban-sud, suivent de près l’évolution de la situation et font part de leurs craintes quant à son impact sur l’éducation. À cet égard, le président de l’Association des enseignants au Liban, Houssein Jawad, indique que le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur "tente de trouver un mécanisme adapté aux déplacés des villages du sud". Une réunion est prévue très prochainement entre le ministre sortant de l’Éducation Abbas Halabi, le président de la commission parlementaire de l’Éducation Hassan Mourad, et deux députés du Bloc du développement et de la libération, Achraf Beydoun et Ali Khreiss, pour discuter de la situation éducative au sud et adopter la meilleure solution pour les élèves et les enseignants afin de démarrer et de poursuivre la nouvelle année scolaire.

Dans un entretien accordé à Houna Loubnan, M. Jawad confirme qu’"aucun scénario n’est prêt pour l’instant. Tout est en cours de discussion, avec la possibilité que les élèves situés dans des zones de conflit rejoignent des écoles dans des zones plus sûres ou dans celles où les parents ont emménagé avec leurs enfants".

M. Jawad révèle que "42 écoles, publiques, privées et secondaires, ont été endommagées depuis le début de la guerre en octobre dernier et plus de 7.000 élèves ne peuvent pas retourner dans leurs écoles, tant publiques que privées, tandis qu’environ 3.000 enseignants ont été contraints de quitter les zones de conflit". Cela nécessite "une solution rapide qui soit équitable pour tous".

Il ajoute: "La question la plus importante que je pose au ministère de l’Éducation est la suivante: que peut-on faire pour un enseignant qui choisit de rester dans son pays et refuse de se déplacer pour ne pas donner à l’ennemi l’opportunité de réaliser son objectif? Je veux lui garantir le droit de percevoir son salaire."

Ceux qui s’intéressent à la question de l’éducation des élèves des villages détruits n’ont pas beaucoup de choix pour leur offrir des conditions d’éducation au milieu d’une guerre qui leur a été imposée de facto.

Houssein Jawad estime que "le dernier recours est de donner des cours en ligne, mais comment pouvons-nous le faire alors que tout le Liban se retrouve sans électricité? Et si l’année scolaire commence dans l’obscurité totale que nous vivons aujourd’hui, que feront les responsables dans ce cas?" Il conclut que "la solution la plus adéquate est que les enseignants continuent d’enseigner tout en préservant leurs droits qui ne doivent pas être lésés à cause de cette guerre".

Malgré les nombreuses préoccupations du ministère de l’Éducation à l’approche de la nouvelle année scolaire, la question des élèves des villages du sud reste son plus grand défi.

Un responsable du ministère de l’Éducation a déclaré à Houna Loubnan que "toutes les options sont en cours de discussion pour permettre à l’année scolaire 2024-2025 de démarrer normalement et aux élèves de reprendre leurs études". Il souligne la "multiplicité des scénarios envisagés, notamment le transfert des élèves vers des écoles plus sûres hors de la zone de danger ou l’enseignement à distance, une option plus réalisable favorisée par les parents et les élèves qui ne souhaitent pas quitter leurs villages ou inscrire leurs enfants loin de chez eux. Les discussions sont toujours en cours et des décisions seront prises dans les prochains jours".

La source, qui préfère garder l’anonymat, attire l’attention sur "la réduction notable du nombre d’élèves dans les écoles et lycées", un phénomène qui a touché plus d’une douzaine de lycées du sud, où le nombre d’élèves est passé de 500 à environ 130. Ces derniers pourraient recevoir leur enseignement à distance, tandis que d’autres ont décidé de s’inscrire dans des écoles du sud, de Beyrouth, du Mont-Liban et de la Békaa en fonction de leur lieu de résidence".

Il souligne que "les conditions de vie et de sécurité difficiles causées par la guerre ont poussé de nombreux élèves des écoles privées à s’inscrire dans les écoles publiques, boostés par l’amélioration du niveau de l’enseignement public".

Inquiétudes et détermination à réussir

En dépit des conditions difficiles que vivent de nombreux élèves des villages du sud, il ne faut pas oublier la réussite de plusieurs d’entre eux, qui se sont classés parmi les premiers aux examens officiels de l’année dernière, malgré l’inquiétude et l’incertitude.

Comme le dit Layal Jawad, originaire de Aïta el-Chaab, qui a déménagé avec sa famille à Tyr: "Nous poursuivrons nos études, quelles que soient les circonstances et resterons férus d’apprentissage, tout comme nous l’avons fait l’année dernière, déterminés à réussir car il en va de notre avenir."

Quant à Ali Hamdan, de Chebaa, qui s’est temporairement installé avec sa famille chez sa tante à Beyrouth, il se prépare pour l’examen officiel du baccalauréat et affirme mordicus vouloir persévérer pour obtenir d’excellents résultats et poursuivre ses études en rejoignant l’école où il est inscrit, notant qu’il a pris la décision de poursuivre ses études universitaires à l’étranger si l’occasion se présente.

De son côté, Oum Ali attend impatiemment de retourner à son domicile endommagé à Aïta al-Chaab et demande l’exonération des frais de scolarité pour les élèves déplacés. Elle requiert également la fourniture de matériel éducatif pour les élèves du sud, comme des tablettes, des ordinateurs portables ou des fournitures scolaires, notamment pour ceux dont les maisons ont été détruites ou endommagées ou qui ont perdu leurs biens et terres qu’ils cultivaient pour vivre. Elle affirme que sa famille et ses voisins vivaient de leurs "mouneh", principalement des olives, du labné, du makdous et des amandes, et vendaient le surplus pour s’assurer une vie décente. Comment peuvent-ils prendre en charge les coûts et frais d’éducation après les pertes encourues?

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur au Liban avait élaboré un plan pour l’année précédente, au cours de laquelle il avait distribué plus de six mille ordinateurs portables et tablettes aux élèves des écoles frontalières et aux déplacés pour qu’ils puissent suivre leurs cours à distance.

Est-ce que les mesures de l’année dernière seront reconduites cette année ou de nouvelles mesures seront-elles prises pour s’adapter à la situation difficile que vivent les déplacés depuis environ un an?