Jusqu’en milieu de soirée, jeudi, les pompiers de Beyrouth et de la Défense civile s’efforçaient d’empêcher le gigantesque incendie qui s’était déclaré, en fin d’après-midi, dans le dépotoir de Bourj Hammoud, de se rapprocher des réservoirs de pétrole à Dora, au nord de Beyrouth.

D’importants moyens ont été déployés pour essayer de maîtriser les flammes qui montaient jusqu’au ciel. Les causes de l’incendie restent pour l’heure inconnues. Le ministre sortant de l’Environnement, Nasser Yassine, le seul officiel à avoir fait le déplacement pour suivre sur place les opérations d’extinction du feu, a dénoncé "une mauvaise gestion", responsable, selon lui, du sinistre.

Dans une interview accordée à This is Beirut (TIB),M. Yassine a confié que les déchets sont jetés dans ce qui a été longtemps appelé "la montagne de détritus" sans être triés et traités au préalable. On imagine dès lors les gaz et autres matières toxiques qui se dégagent depuis 18h (heure à laquelle l’incendie s’est déclenché) du dépotoir, dont la municipalité de Jdeidé est responsable, mais dont la gestion relève du Conseil de développement et de reconstruction (CDR), qui l’a confiée à une société privée. C’est elle qui est censée mener les opérations de tri et de traitement, a rappelé M. Yassine à TIB, affirmant avoir demandé au CDR d’ouvrir une enquête et de demander des comptes à la société en question.

Entre-temps, aucun officiel n’a songé à prévenir les riverains des risques liés à l’inhalation de matières toxiques, ni à les informer sur les mesures à prendre pour réduire au minimum le danger d’une inhalation de gaz nocifs.

Le député Ghassan Hasbani (Beyrouth I) a épinglé les autorités sur cette question, leur demandant de donner "sans tarder" aux riverains des conseils à suivre. Mais sa requête est tombée dans l’oreille d’un sourd.

M. Yassine a assuré à TIB que les efforts continueront d’être menés sans relâche jusqu’à ce que le feu soit entièrement maîtrisé.

Celui-ci s’était déclaré vers 18h. Des nuages de fumée noire recouvraient toujours en soirée le littoral du Metn-Nord et l’est de Beyrouth.

En dépit de leurs efforts et des renforts dépêchés sur place, les pompiers de Beyrouth et de la Défense civile avaient du mal à circonscrire le feu, selon un communiqué de la Défense civile.

Le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, avait demandé en début de soirée au directeur de la Défense civile, Raymond Khattar, d’envoyer sans tarder des renforts sur le site, ainsi qu’au mohafez du Mont-Liban, Mohammad Mekkaoui, d’envoyer des camions chargés de sable pour accélérer l’opération d’extinction du feu, essentiellement pour éviter que les flammes ne se rapprochent des réservoirs de carburant.

 

L’incendie du dépotoir de Bourj Hammoud a remis sur le tapis le problème endémique de la gestion des déchets ménagers au Liban. Un problème que les autorités n’ont jamais réussi à régler pour plusieurs raisons, essentiellement politiques et clientélistes, mais qu’elles ne pourront pas éluder éternellement.

"Je demande à tous les députés du Metn, quel que soit leur bord politique, de lancer un cri unique et unifié. Demain, je poursuivrai en justice tous les responsables de ce dépotoir. Nous voulons qu’ils rendent des comptes", a déclaré le député Razi el-Hajj (Forces libanaises) à la chaîne télévisée locale MTV.

Quant au député Ibrahim Kanaan (ancien Courant patriotique libre), il a écrit sur son compte X: "L’incendie de la montagne de déchets me rappelle les raisons qui m’avaient poussé à rejeter la politique des dépotoirs et leur expansion." Il a appelé les ministères et les autorités compétentes "à immédiatement donner la priorité à cette question afin que cette tragédie ne se répète pas".

Le député Samy Gemayel a dénoncé pour sa part "une cupidité et un manque de responsabilité" à l’origine, selon lui, de "ce crime écologique et sanitaire". Il a appelé à la fermeture de toutes les décharges et à "un retour aux options connues de tous".

 

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