Écoutez l’article

Le ministre des Télécommunications, Johnny Corm, se décharge de toute responsabilité concernant les dossiers relevant de son ministère, qu’il s’agisse de l’Internet illégal, des problèmes techniques ou des piratages, jusqu’au dossier de la guerre. Le ministre a nié tout piratage du réseau de télécommunications officiel. Il n’en demeure pas moins que les appels personnalisés reçus par certains citoyens pour leur demander d’évacuer leurs domiciles, ainsi que la précision des zones géographiques ciblées par les bombardements, prouvent qu’il y a bel et bien eu piratage.

Chaque nouvelle catastrophe qui frappe le Liban nous fragilise davantage et nous fait courir le risque de nous retrouver coupés du reste du monde. Avec la crise économique, la crise de l’électricité et l’incapacité à financer l’achat de carburant, les Libanais rament.

Aujourd’hui, avec la détérioration de la situation sécuritaire et l’expansion de la guerre, le directeur général d’Ogero, Imad Kreidieh, a annoncé avant-hier qu’Internet pourrait être coupé si Israël frappait le réseau. Il a également précisé qu’il n’existait aucun plan alternatif pour maintenir l’accès à ce service; la seule mesure d’urgence étant de garantir que l’État reste connecté au monde pour assurer les services de base.

Réagissant à ces propos, l’expert en électronique Amer el-Tabech a estimé que le ministre des Télécommunications, Johnny Corm, est en train de se décharger de toute responsabilité sur les questions liées à son ministère, qu’il s’agisse de l’Internet illégal, des failles techniques ou des piratages, jusqu’à la gestion des répercussions de la guerre.

Bien que le ministre ait nié toute intrusion dans le réseau officiel, El-Tabech a confirmé que les appels reçus par les citoyens pour leur demander d’évacuer leurs maisons, ainsi que la localisation précise des zones à bombarder, sont bel et bien des piratages.

El-Tabech a critiqué l’approche du ministre face à la situation exceptionnelle que traverse le Liban, que ce soit en matière d’électricité, de crise économique ou de guerre. Pour lui, l’absence de plan d’urgence est un échec en soi.

Il a également exprimé des doutes quant à l’efficacité du plan d’urgence, qui ne concerne que les institutions étatiques.

Il a précisé que "si le réseau Internet est détruit, il devrait y avoir un plan permettant de maintenir des communications entre les régions libanaises. Dans le cas contraire, nous serons déconnectés du monde extérieur, isolant ainsi complètement le Liban".

El-Tabech a également expliqué que "l’État ne dispose que d’un seul câble sous-marin reliant le Liban à l’Europe et l’Asie et il passe par Chypre et l’Égypte. Le centre de données qui gère ce câble est situé au nord du Liban, et au cas où il est endommagé, nous serons totalement isolés. De plus, sa réparation serait extrêmement coûteuse".

Il a rappelé le projet de câble "Cadmos 2" proposé par Chypre, qui était prête à en assumer les coûts en échange des abonnements que le Liban percevrait.

Cependant, ce projet a été abandonné à la suite d’objections. Partant, le Liban dépend actuellement d’un seul et unique câble.

Concernant un plan alternatif, El-Tabech a affirmé qu’il n’était pas techniquement possible de distribuer Starlink à toute la population en raison de ses capacités relativement limitées.

De plus, il a noté que le Conseil des ministres pourrait ne pas s’accorder sur son adoption, en raison de l’opposition du Hezbollah et du mouvement Amal, qui craignent que son utilisation n’expose le pays. "Comme si nous n’étions pas déjà exposés… Au final, ce sont les citoyens qui en pâtiront le plus", a-t-il conclu avec ironie.