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- Une solution diplomatique est-elle toujours envisageable?
Alors que le Liban et Israël frôlent le conflit à grande échelle, il semble difficile d’envisager une solution diplomatique au vu des affrontements qui durent depuis près d’un an entre le Hezbollah et l’armée israélienne, et qui ont pris une tournure particulièrement violente la semaine dernière.
Walid Joumblatt, ancien chef du Parti socialiste progressiste (PSP), a réitéré qu’un retour à l’accord d’armistice de 1949 – qui avait délimité la frontière après la première guerre israélo-arabe déclenchée par la création de l’État d’Israël en 1948 – pourrait être une solution pour apaiser les tensions à la frontière libano-israélienne.
Mais une issue diplomatique est-elle toujours possible pour mettre fin aux affrontements en cours?
Résolution 1701 et accord d’armistice
Selon le général à la retraite Khaled Hamadé, la meilleure option, sinon la seule, serait l’application de la résolution 1701 dans son intégralité.
«La solution diplomatique est toujours de mise», a déclaré Hamadé à Ici Beyrouth. «L’enjeu est de déployer l’armée libanaise le long de la frontière conformément à toutes les résolutions concernant le Liban, qu’il s’agisse de la 1701 ou d’autres, toutes inspirées de l’accord d’armistice de 1949.»
«Nous avons été le premier pays arabe à délimiter sa frontière avec Israël en 1949 et la mise en œuvre de la 1701 doit se faire dans son intégralité», a-t-il ajouté.
L’accord d’armistice, signé le 23 mars 1949, était dicté par des considérations purement militaires, avec une ligne d’armistice tracée le long de la frontière internationale entre le Liban et la Palestine mandataire. Il prévoyait le respect «scrupuleux» de la ligne verte et interdisait l’usage de la force militaire ou les actes de guerre et d’hostilité par des «forces irrégulières».
Un président coûte que coûte
Les diplomates partagent l’avis de Hamadé et affirment qu’une solution diplomatique est encore possible, en dépit des récents développements. Tous les efforts, notamment ceux de la France, sont centrés sur les réunions de l’Assemblée générale des Nations unies, auxquelles les représentants des différentes parties prendront part.
«Néanmoins, le Liban doit avoir un président, une condition sine qua non à toute solution diplomatique», a confié une source diplomatique à Ici Beyrouth.
Par ailleurs, l’émissaire français, Jean-Yves Le Drian, qui est arrivé au Liban lundi pour une nouvelle visite, se concentrera une fois de plus sur la question de l’élection présidentielle dans le cadre des efforts visant à désamorcer le conflit entre Israël et le Hezbollah.
La source diplomatique a précisé: «Une solution diplomatique requiert un président capable de parler au nom de tous les Libanais et Le Drian mettra à profit cette occasion pour souligner l’urgence d’élire un président, surtout compte tenu des derniers développements dans la région et au Liban».
«L’élection présidentielle est plus cruciale que jamais… il est temps d’y arriver.»
Et d’ajouter: «Des discussions auront lieu en marge de l’Assemblée générale, et des négociations en vue d’une résolution ou d’un accord diplomatique sont à prévoir, avec pour objectif de convaincre toutes les parties de s’engager dans la voie diplomatique», insistant sur le fait que «la résolution 1701 demeure le cadre le plus adéquat pour garantir une paix durable à la frontière».
Selon la source, «il pourrait y avoir de légères modifications à la résolution 1701 en termes de mécanismes, d’observations et de mise en œuvre». Il a rappelé la création du «comité quadripartite»; mécanisme efficace qui avait permis de mettre fin au conflit militaire de 1996, également connu sous le nom d'«opération Raisins de la colère», entre Israël et le Hezbollah.
«Un mécanisme pour la 1701 pourrait s’inspirer de celui du comité quadripartite de 1996», a-t-il ajouté.
Le comité quadripartite, composé, à l’époque, de représentants des États-Unis, de la France, de la Syrie, d’Israël et du Liban, était chargé de surveiller et de discuter des violations de l’accord obtenu grâce aux efforts diplomatiques américains. Ce mécanisme avait permis d’établir de nouvelles règles d’engagement, visant principalement à mettre fin aux attaques transfrontalières contre des cibles civiles et à éviter que des attaques soient lancées depuis des zones peuplées de civils.
Une diplomatie inopportune
Cependant, à ce stade de l’escalade, qui a pris un tournant sans précédent depuis la guerre de 2006, une option diplomatique semble peu probable. En effet, les efforts diplomatiques déployés ces derniers mois par la France, les États-Unis et d’autres acteurs internationaux n’ont pas réussi à prévenir l’embrasement alarmant qui s’aggrave de jour en jour.
«À ce stade, l’on ne peut parler de solutions diplomatiques», soutient Didier Leroy, chercheur à l’Académie royale militaire de Belgique, lors d’un entretien avec Ici Beyrouth.
«Israël est clairement dans une fuite en avant et a opté pour une solution militaire, tandis que le Hezbollah est mis au pied du mur. Il ne peut se permettre de ne pas réagir et doit tenir ses promesses de représailles contre Israël.»
«Cependant», ajoute Leroy, «le Hezbollah devra évaluer ses options alors qu’il est, sans l’ombre d’un doute, déstabilisé par les récentes failles de sécurité. Il doit préserver une partie importante de son arsenal, alors que les Israéliens déploient des armes lourdes, à savoir les avions de chasse F-35».
Le chercheur minimise la possibilité d’une solution diplomatique, estimant qu’Israël, pris au piège par l’attaque du Hamas le 7 octobre, tente désormais d’enliser le Hezbollah dans une guerre qu’il ne souhaite pas réellement, ou un chouia.
«Je ne vois pas de lueur d’armistice de sitôt. La résolution 1701 n’a jamais été respectée. Elle n’a pas empêché les Israéliens de survoler l’espace aérien libanais, ni le Hezbollah de s’implanter dans les villages frontaliers», a déclaré Leroy, ajoutant que «chaque partie se sent engagée dans une lutte existentielle».
Sommes-nous à l’aube d’un conflit ouvert d’une intensité sans précédent, qui pourrait durer longtemps et causer des dégâts considérables des deux côtés, ou bien la diplomatie parviendra-t-elle à s’imposer contre toute attente? Seul l’avenir le dira.
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