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C’est cette image qui s’impose: celle d’une rencontre tripartite réunissant le président de la Chambre, Nabih Berry, le Premier ministre sortant, Najib Mikati, et l’ancien chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt. Ce qui ressort de cette rencontre est particulièrement significatif: la nécessité d’élire un président de la République. Cependant, ils ont négligé de poser la question que M. Joumblatt soulève inlassablement: un président pour conduire la République, mais dans quelle direction?

Il est encourageant de constater qu’on s’éloigne de l’idée de lier l’élection présidentielle à des dialogues ou consultations, tout en abandonnant les candidats contestés. Si ce changement avait eu lieu plus tôt, le Liban aurait sans doute aujourd’hui un président et un gouvernement effectif. À présent que ce pas en avant a été franchi, il est essentiel de ne pas revenir en arrière, d’autant plus que la déclaration de M. Mikati à Bkerké est peu prometteuse. Elle appelle à un dialogue pour discuter des noms proposés, ce qui constitue un retour aux anciennes pratiques, comme si cette entité politique n’avait tiré aucune leçon de l’histoire récente du Liban. L’élection d’un président de la République devrait s’accompagner de la convocation d’une séance électorale ouverte, avec un quorum complet, où les noms proposés pourront être examinés.

Il ne s’agit pas simplement d’une question de forme; l’essentiel réside dans le contenu que le futur président et le gouvernement à former apporteront. Ce qui est préoccupant, c’est que cette rencontre tripartite puisse n’être qu’une manœuvre visant à établir un cessez-le-feu, permettant ainsi l’élection d’un président et la formation d’un gouvernement sans aborder la problématique fondamentale du vide institutionnel et du manque de décision. Cela reviendrait à offrir une planche de salut à l’équipe guerrière, la sortant de son impasse actuelle, tout en exacerbant les crises internes et en préparant le terrain pour une nouvelle guerre, dont les Libanais seraient les seules victimes, et qui ferait sombrer le pays.

Ces acteurs doivent comprendre que la création d’un État capable de prendre des décisions et de garantir sa souveraineté, tant en temps de guerre qu’en temps de paix, ne diminue pas l’influence d’une communauté. Au contraire, cela constitue un atout précieux pour tous les Libanais, en particulier pour ceux qui se sentent défavorisés. En bâtissant un État solide, nous préservons des vies, atténuons les souffrances et limitons les destructions matérielles, tout en ouvrant la voie à la stabilité et au bien-être de l’ensemble du pays.

Le futur président jouera un rôle clé dans le destin du Liban, déterminant s’il restera isolé sur le plan arabe et international ou s’il pourra renouer des liens d’ouverture. Cette réouverture est cruciale, mais elle ne viendra pas par charité pour le Liban et son peuple. Elle dépendra plutôt de l’engagement à respecter des critères présidentiels incarnés par une personne qui ne soit pas influencée par ceux qui ont plongé le pays dans sa crise actuelle. Tant que cette domination perdurera, envisager une reconstruction ou recevoir l’assistance nécessaire pour surmonter les crises, notamment la crise financière et économique, restera impossible.

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