Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a estimé vendredi que la visite du président de la République Michel Aoun au Vatican était "réussie". "La décision du pape François de se rendre au Liban en juin en est la preuve", a-t-il ajouté à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’État Michel Aoun, soulignant que cette visite est attendue "avec impatience". Or la date de cette visite n’a toujours pas été officiellement annoncée. De fait, des sources proches de Bkerké soulignent à Ici Beyrouth que la date de la visite papale à Beyrouth "n’a toujours pas été publiée sur le site Web du Vatican, mais que la volonté du pape François à se rendre au Liban a été soulignée dans la lettre portée par le nonce apostolique, Joseph Spiteri, au président de la République Michel Aoun".

Comment expliquer que le patriarche ait qualifié la visite de Aoun de réussie, sachant que ce dernier a défendu le Hezbollah en marge de sa visite dans la presse italienne et que Mgr Raï lui-même tient un discours constant en faveur de la neutralité du Liban? Sejaan Azzi, ancien ministre et proche de Bkerké, explique à Ici Beyrouth que toute rencontre avec le pape François est "par principe réussie, puisque le pape ne se prête pas aux problèmes et zizanies politiques". Il a tenu à faire la distinction entre une visite au Saint-Siège et une entrevue accordée à la presse. M. Azzi croit savoir que M. Aoun n’aurait pas été jusqu’à tenir les mêmes propos favorables au Hezbollah devant le pape François. "M. Aoun aurait même confié le contraire au Pape", ajoute-t-il, sur un ton mi-figue, mi-raisin.

Mgr Béchara Raï s’exprimant à l’issue de sa rencontre avec le président de la République, Michel Aoun.
©Dalati et Nohra

Le patriarche a déclaré que le pape portera "un message d’espoir aux Libanais" dans une conférence de presse au terme de sa visite à Baabda. À la question de savoir si la réunion avec Michel Aoun a porté sur la magistrature que le patriarche accuse d’être "politisée", Mgr Raï a répondu par la négative.

Interrogé sur l’accord de principe obtenu jeudi entre le Fonds monétaire international et le Liban, et le retour simultané des ambassadeurs d’Arabie saoudite et du Koweït, Mgr Raï a insisté sur la nécessité "pour le cabinet de prendre l’initiative de soumettre des projets de loi au Parlement, surtout que le président de la Chambre, Nabih Berry, a déclaré que le Parlement est disposé à faire ce qu’il faut dans ce cadre – à savoir la ratification de l’accord et les réformes exigées par le FMI (ndlr)". Il a en outre situé le retour des ambassadeurs arabes dans le cadre de "la disposition constante des pays arabes à se tenir aux côtés du Liban".

Se penchant sur le scrutin de mai 2022, Mgr Raï a appelé les électeurs à se diriger massivement aux urnes "s’ils souhaitent vraiment le changement, d’autant que le vote est un devoir constitutionnel".