L’accord franco-saoudien signé mardi par les ambassadeurs Anne Grillo et Walid Boukhari, pour l’établissement d’un Fonds d’aide commun à la population libanaise prévoit un soutien financier de près de 30 millions d’euros. Cet accord intervient après que le Fonds monétaire international a de nouveau demandé au gouvernement libanais d’appliquer les réformes nécessaires pour le redressement économique du pays.

Depuis le début de la crise économique et surtout après la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, la France a continuellement montré son soutien au peuple libanais à travers différentes actions humanitaires. Mardi soir, cette aide s’est concrétisée par la signature d’un accord-cadre pour l’établissement d’un Fonds d’aide commun à la population libanaise. Ce projet humanitaire conjoint a pour objectif premier de venir en aide aux personnes les plus vulnérables au Liban.

"Nous souhaitons démarrer le projet le plus rapidement possible, au plus tôt cet été", indique à Ici Beyrouth une source diplomatique, ajoutant que "nous sommes encore à la phase d’instruction".

De même source, on insiste sur le fait que, dans un climat de défiance entre l’État et la population minée par des années de corruption, il y aura un suivi régulier du projet de sorte que les organisateurs remplissent leurs responsabilités en utilisant le budget de façon responsable et légale. "L’aide concrète se fera directement à la population sans passer par les institutions publiques, mais par le biais de partenaires de confiance, selon la source précitée. Les audits conduits tout au long du projet seront assurés par l’ambassade de France."

Dans les mêmes milieux, on précise que les organisations non-gouvernementales et les organismes internationaux qui vont coopérer sur ce projet seront sélectionnés sur des critères précis élaborés selon les instructions françaises. "Nous allons collaborer avec des associations françaises et libanaises avec lesquelles nous avons l’habitude de travailler, assure-t-on. Un audit sera mis en place pour le choix des ONG bénéficiaires ainsi que l’application de critères requis comme la transparence, la redevabilité et le suivi régulier."

Les secteurs concernés par le projet sont principalement la santé et la sécurité alimentaire. "L’hôpital gouvernemental de Tripoli et des centres de santé de soins primaires recevront un soutien financier correspondant à leurs besoins", d’après la source susmentionnée.

Depuis 2019, les Libanais font face à une dévaluation de leur monnaie nationale et à une inflation qui touche tous les secteurs. "Ce projet vise également à soutenir financièrement les ménages qui ont vu leur pouvoir d’achat se dégrader et qui n’ont plus les moyens de s’acheter les denrées alimentaires de premières nécessité. À titre d’exemple, des femmes qui ne peuvent plus allaiter ou se procurer du lait infantile se verront en fournir", selon la même source diplomatique.

Selon un rapport récent des Nations unies, 2,2 millions de Libanais vivent sous le seuil de pauvreté. Ce programme sera mis en place pour apporter une aide directe à toutes les populations vulnérables présentes sur le sol libanais et qui sont lourdement affectées par la crise économique. "Les populations bénéficiaires seront identifiées par les ONG en lien avec les personnes sur le terrain et en coordination avec les Nations unies, note-t-on dans les mêmes milieux. Les bénéficiaires seront les personnes qui auront le moins accès aux services de santé. Elles seront choisies sur des critères de vulnérabilité, à titre d’exemple une mère célibataire, des personnes avec un handicap, des parents sans emploi."

Cet accord permettra pendant un certain temps d’alléger la souffrance des personnes se trouvant en situation de précarité. Cependant tant que le gouvernement libanais n’entamera pas les réformes requises par le FMI, le pays continuera à plonger dans une pauvreté extrême.