Les Libanais s’affairent avec les élections législatives prévues le 15 de ce mois. Cependant, ils ne s’arrêtent pas sur le problème essentiel qui les concerne directement, et qui dépasse de loin la question des élections. Celui-ci n’étant autre que la loi électorale en vigueur taillée à la base sur mesure pour le Hezbollah, qui n’est qu’une brigade au sein des Gardiens de la révolution iranienne. Le reste relève du simple détail, compte tenu de la capacité du Hezbollah de s’appuyer sur cette loi pour garantir, en permanence, une majorité au Parlement libanais.

Cette majorité lui permet d’ailleurs de changer définitivement l’identité du Liban et d’en faire un pays qui expatrie son peuple. Ce mode opératoire n’est pas sans nous rappeler celui utilisé par Israël, qui n’a cessé de manœuvrer depuis son occupation de la Cisjordanie en 1967 afin d’en faire une terre qui expatrie son peuple. Les colonies qu’il a implantées dans toute la Cisjordanie ont servi ce dessein. De même que l’encerclement de la ville de Jérusalem, de tous les côtés, dans le but de l’isoler autant que faire se peut des territoires palestiniens occupés.

La loi électorale, qui a servi de base pour les élections en 2018, n’est autre que le fruit d’une série de guerres menées par le Hezbollah pour faire plier le peuple libanais. Tout a commencé par l’assassinat de Rafic Hariri en février 2005 et les attentats qui ont suivi, dont le premier fut l’assassinat de Samir Kassir et les derniers ceux de Mohamad Shatah et Lokman Slim. Aussi, les prochaines élections prendraient l’allure d’une nouvelle guerre menée par le parti.

Depuis 2005, le Liban a été soumis à une série de véritables guerres et crises profondes, dont notamment la guerre de l’été 2006, le sit-in au centre-ville de Beyrouth, la guerre du camp palestinien de Nahr al-Bared, l’intervention en Syrie et la guerre contre le peuple syrien afin d’abolir les frontières entre les deux pays, ainsi que la guerre pour propulser Michel Aoun à la présidence de la République, établissant ainsi le principe selon lequel l’Iran est devenu le faiseur des présidents de la République libanaise. Sans compter les guerres contre les banques, l’électricité, l’éducation et les hôpitaux, qui ont appauvri le Liban et les Libanais, réduits désormais à subir l’humiliation au quotidien.

Plus personne n’évoque cette loi électorale grâce à laquelle les résultats des élections sont truqués d’avance. Cette loi permet au Hezbollah, fort de ses armes, de boucler complètement les zones sous son contrôle et d’y empêcher toute élection afin d’assurer celle de 27 représentants chiites sur 27 au Parlement libanais. Après quoi, il laisse les autres communautés se battre entre elles, en utilisant le courant aouniste, devenu un outil docile qu’il déploie dans toutes ses guerres en cours, en l’occurrence les guerres contre les chrétiens, les sunnites et les druzes.

Au Liban, la question n’est plus de savoir si le Hezbollah aura la majorité dans le nouveau Parlement, mais plutôt s’il est possible pour l’opposition qui se formera…si elle arrive à se former, d’empêcher davantage l’expansion du Hezbollah et l’ancrage de sa culture dans d’autres régions libanaises, en plus du sud et de la Békaa ?

Pour finir, le Hezbollah a pu boucler certaines zones du Liban ainsi que museler toute voix s’opposant à la culture de la mort qu’il prône dans ces zones. On s’attend à ce que la prochaine bataille du Liban soit une bataille pour éviter que le pays ne tombe totalement entre les mains du Hezbollah, qui ne cache pas son exaspération à travers ses porte-parole concernant l’existence d’un mode de vie différent adopté par les Libanais à Jounieh, Jbeil, et même Beyrouth.

Les Libanais sont censés préparer désormais la phase post-électorale et se tenir prêts pour faire face au plan que le Hezbollah réserve pour le pays à tous les niveaux. Quiconque considère un tel discours comme une exagération devrait s’arrêter sur deux points très importants : tout d’abord, le silence complet du président de la République et de son courant, dirigé par Gebran Bassil, devant les propos tenus par les représentants du Hezbollah, gênés par les plages de Jounieh et Jbeil. Ensuite, la soumission de certains maronites de l’acabit de Gebran Bassil aux desiderata du Hezbollah, dans l’espoir d’accéder coûte que coûte à la présidence de la République.

Le Liban et les Libanais paient cher l’approbation par le Parlement de la loi électorale actuelle. Au fil du temps, il est devenu évident que cette loi n’est qu’une suite logique à l’élection de Michel Aoun à la présidence de la République, en ce sens qu’elle perpétue la réalité de l’occupation iranienne du Liban. L’occupation iranienne s’est consolidée par étapes après que le Hezbollah a pu combler le vide sécuritaire laissé par le retrait militaire et sécuritaire syrien du pays le 26 avril 2005, suite à l’assassinat de Rafic Hariri et des événements ultérieurs dont les chapitres n’ont pas été clos à ce jour.

Le Liban pourrait avoir besoin d’élections comme celles qui auront lieu dans quelques jours pour boucler la boucle du contrôle iranien sur un pays qui a été, ces dernières années, dépouillé de tous les fondements de son existence. Un pays sans électricité, dont le président et son gendre ne veulent pas savoir qui est derrière un crime qualifié comme l’attentat au port de Beyrouth !