Le chef des Forces Libanaises a réaffirmé que sa formation ne votera pas pour Nabih Berry lors de l’élection du président de la Chambre, soulignant que son groupe parlementaire est le plus large.

Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a appelé tous les députés souverainistes, du mouvement du changement et de l’opposition à coopérer au sein du Parlement et d’accorder la priorité à la souveraineté. Il a en outre défini les caractéristiques requises de tout candidat à la présidence du Parlement, soulignant que celles-ci ne s’appliquent pas à l’actuel chef du Législatif Nabih Berry et que les Forces libanaises ne voteront pas pour lui. M. Geagea a tenu des propos en ce sens à l’issue de la première réunion du nouveau groupe parlementaire des FL qui s’est tenue à Meerab en présence des députés Camille Chamoun, président du Parti national libéral, Sethrida Geagea, Georges Adwane, Ghassan Hasbani, Pierre Bou Assi, Georges Okeiss, Chawki Daccache, Ziad Hawat, Antoine Habchi, Melhem Riachi, Fadi Karam, Elias Estephane, Elie Khoury Jihad Pakradouni, Razi Hajj, Saïd Asmar, Ghada Ayoub, Ghayyas Yazbeck et Nazih Matta.

À l’issue de cette réunion, M. Geagea a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a estimé que les élections ont prouvé que les Libanais, s’ils assument leurs responsabilités, peuvent changer la situation. "Les pays arabes et occidentaux peuvent nous aider, mais nous devons d’abord montrer ce dont nous sommes capables", a-t-il précisé.

Il a rendu hommage au Premier ministre Nagib Mikati, au ministre de l’Intérieur Bassam Maoulaoui et aux équipes judiciaires et administratives pour leur gestion des élections, "en dépit des difficultés financières et administratives et des tentatives de certaines parties au sein du gouvernement d’entraver la tenue du scrutin".

Il a également applaudi le rôle de l’armée et des Forces de sécurité intérieure, notant toutefois que le déroulement des opérations de vote à Baalbeck-Hermel a été marqué par des pratiques illégales, comme le fait que des délégués de la liste des Forces libanaises ont été chassés des bureaux de vote pendant le dépouillement des bulletins. Malgré cela, "une percée a été réalisée", à savoir l’élection du député Antoine Habchi, a souligné M. Geagea.

En revanche, il a dénoncé les tentatives du ministère des Affaires étrangères d’entraver le vote des expatriés dans de nombreux pays, notamment en Australie où les Forces libanaises ont de nombreux partisans, et de le faciliter dans d’autres, comme en Allemagne où le mouvement Amal et le Hezbollah comptent de nombreux sympathisants.

La majorité

Samir Geagea a souligné que "le Hezbollah et le Courant patriotique libanais ont perdu la majorité" qu’ils détenaient dans le Parlement sortant, rejetant les propos du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah selon lesquels personne ne détient la majorité à la Chambre.

"La nouvelle majorité est détenue par un groupe de partis et de députés, qui ont comme point commun leur opposition aux armes du Hezbollah et à la corruption", a précisé le chef des Forces libanaises.

Il a en outre souligné que "plusieurs symboles du Hezbollah et du régime syrien ont perdu les élections, notamment Talal Arslane, Élie Ferzli, Faycal Karamé, Assaad Hardane et Wiam Wahhab". "Le parti Baas et le Parti syrien national social ne sont plus représentés au Parlement, et le taux de participation dans les régions considérées comme acquises au Hezbollah a largement baissé par rapport aux dernières élections", a-t-il ajouté.

Répondant au chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil au sujet de la taille respective des deux groupes parlementaires, il a fait valoir que celui des Forces libanaises est le plus grand et rassemble 19 députés, et celui du CPL 18. Il a ajouté que quatre au moins des députés du bloc CPL ont été élus entièrement grâce au Hezbollah et au mouvement Amal, et que les autres ont indirectement profité de l’aide de ces partis.

Il a également rappelé que les FL ont obtenu plus de 200.000 votes préférentiels alors que le CPL, qu’il a qualifié de "bloc du mensonge", n’en a obtenu que 130.000.

Par ailleurs Samir Geagea a appelé tous les députés souverainistes, et ceux de l’opposition et du changement, qui constituent la nouvelle majorité, à coordonner leur action politique au Parlement en faveur de la souveraineté.

Le président du Parlement

Au sujet de l’élection d’un nouveau président du Parlement, il a indiqué que tout candidat à cette fonction devrait satisfaire certains critères. Il devrait "s’engager publiquement à ne pas fermer les portes de la Chambre quand bon lui semble, à appliquer le règlement intérieur ainsi que le vote électronique, et à œuvrer pour ramener la décision stratégique au gouvernement, surtout en ce qui concerne les décisions de guerre et de paix".

"L’État libanais doit décider la politique étrangère, et la décision sécuritaire et militaire doit revenir au commandement de l’armée", a martelé M. Geagea.

Relevant que ces critères ne s’appliquent pas à l’actuel président du Parlement Nabih Berry, le chef des Forces libanaises a indiqué que son groupe parlementaire ne votera pas en sa faveur.

Les mêmes critères doivent s’appliquer au vice-président du Parlement, a déclaré M. Geagea, qui a souligné que les Forces libanaises "sont ouvertes à toute proposition pour cette fonction, à condition que le candidat remplisse ces critères".

Il a enfin souligné que la souveraineté constitue la priorité sans laquelle aucun problème ne pourrait être résolu, ajoutant par ailleurs qu’il était contre la formation d’un gouvernement d’union nationale.