Alors que les agressions et les convocations des journalistes se multiplient au Liban et dans plusieurs pays du monde, le prix Samir Kassir remis le mercredi soir au cours d’une cérémonie au Saint-Georges a rendu hommage à la presse indépendante et le courage de certains journalistes, face à des régimes toujours plus violents et répressifs.

"La sécurité des journalistes n’a jamais été à ce point mise en péril, a déclaré dans ce cadre l’ambassadeur de l’Union européenne au Liban Ralph Tarraf. Ils sont constamment menacés, emprisonnés, harcelés et perdent même la vie. C’est pour cette raison qu’il est de plus en plus important de mettre en place des lois modernes qui garantissent la sécurité des journalistes et les protègent contre les poursuites politiques et les tentatives d’étouffer la liberté d’expression."

De son côté, Gisèle Khoury, présidente de la Fondation Samir Kassir, a salué les journalistes qui postulent chaque année pour le prix. "Leurs articles et reportages reflètent beaucoup de talent, de professionnalisme et de courage, dans des pays où les autorités craignent la liberté et où les voix libres sont tuées et réduites au silence", a-t-elle déclaré. "Les murs de la peur finiront par s’effondrer et de nouveaux contrats sociaux et politiques seront conclus dans tous les pays de la région", a ajouté Mme Khoury.

Quant à Ayman Mhanna, directeur exécutif de la Fondation Samir Kassir, il a confié à Ici Beyrouth qu’être "journaliste au Moyen-Orient est l’un des métiers les plus difficiles sur Terre". "L’utilisation de la justice et son instrumentalisation contre les journalistes et contre la parole libre sont la règle", a-t-il dénoncé.

Une minute de silence a ensuite été observée en mémoire de Shirine Abou Akleh, tuée par l’armée israélienne le 11 mai, alors qu’elle couvrait pour la chaîne al-Jazeera une opération militaire à Jenine.

Pour cette 17e éditions, le prix de l’article d’opinion a été décerné au journaliste égyptien Ezzat Alkamhawi pour son article "L’architecture suspecte: l’obsession des grands bâtiments et des larges rues", publié le 18 décembre 2021 sur le site al-Manassa.

Le prix de l’article audiovisuel a été remis à la journaliste égyptienne Eman Adel pour son article vidéo "Rania Rashwan", publié par Daraj Media le 15 juin 2021.

Le journaliste irakien Safaa Khalaf a reçu le prix de l’article d’investigation pour son article "Crise de l’eau en Irak: le changement climatique entraîne des migrations et des conflits civils", publié dans al-Aalem al-Jadeed  le 27 novembre 2021.

Pour la troisième année consécutive, une vingtaine de jeunes de la région ont décerné le prix des étudiants. Celui-ci a été remis aux journalistes libanaise et syrienne Fatima al-Osman et Rukaia al-Abadi pour l’article "Les scouts du Mahdi: une chronique du recrutement d’enfants au sein des milices iraniennes", publié dans Daraj Media le 6 mai 2021.

Organisé par l’Union européenne, en association avec la Fondation Samir Kassir, le prix rend hommage au journaliste et historien Samir Kassir, assassiné le 2 juin 2005. Il récompense les journalistes pour la qualité de leur travail et leur engagement en faveur de la démocratie et des droits de l’homme.

Pour cette édition, 261 journalistes d’Algérie, de Bahreïn, d’Égypte, d’Irak, de Jordanie, du Liban, de Libye, du Maroc, de Palestine, de Syrie, de Tunisie et du Yémen ont participé au concours, financé par l’Union européenne. Les lauréats de chaque catégorie ont reçu chacun 10.000 euros et les deux autres finalistes 1.000 euros.

Cette année, le jury était formé de sept professionnels des médias, universitaires et défenseurs des droits de l’homme d’Europe et du Moyen-Orient: Ludovic Blécher (France), directeur de l’Innovation à Google News Initiative; Nassera Dutour (Algérie), militante des droits de l’homme et présidente du Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie; Elham Fakhro (Bahreïn), chercheuse invitée à l’Université d’Exeter; Pavla Holcova (Tchéquie), fondatrice du Centre tchèque pour le journalisme d’investigation; Safaa Saleh (Égypte), journaliste d’investigation et correspondante de guerre à al-Aan TV et lauréate du prix Samir Kassir 2010; Randa Slim (Liban), directrice du programme de résolution des conflits au sein du Middle East Institute et représentante de la Fondation Samir Kassir auprès du jury; et Antonio Zappulla (Italie), directeur exécutif de la Fondation Thomson Reuters.