Depuis une dizaine de jours, le Covid-19 progresse de nouveau à pas de géant. En raison, principalement, du relâchement observé dans les mesures de prévention, du faible taux de vaccination et de la transmission rapide du sous-variant d’Omicron, le BA.5.

Face à une pandémie qui regagne rapidement du terrain, plusieurs centaines de cas étant signalés au quotidien, le ministre sortant de la Santé, Firas Abiad, a tiré lundi la sonnette d’alarme, appelant la population à la vigilance. Depuis une dizaine de jours, en fait, une nette hausse des cas détectés au quotidien est observée. Samedi, 752 nouveaux cas ont ainsi été signalés, selon le bilan du ministère de la Santé qui publie désormais les chiffres de l’avant-veille, contre 441, le 15 juin, et 261, le 13 juin. Les hospitalisations sont également en hausse : dimanche, 56 personnes étaient admises dans des unités de Covid-19 dont 18 en soins intensifs. Trois d’entre elles sont intubées. Le 16 juin, seuls 18 patients étaient hospitalisés, dont 5 en soins intensifs. Quant au taux de positivité aux tests PCR, il est passé en une semaine de 7,5% à 12,6%, toujours selon les bilans du ministère.

Le relâchement dans les mesures de prévention, comme les rassemblements, a contribué à une recrudescence des cas de Covid-19 au Liban.

" Les chiffres actuels ne nécessitent pas un confinement, mais nous appelons à la vigilance ", explique à Ici Beyrouth le Dr Abiad, en marge d’une conférence de presse qu’il a tenue lundi au ministère pour faire le point sur la situation. " Certaines mesures de précaution doivent toutefois être mises en place pour limiter les risques de propagation, comme le fait de porter le masque dans les endroits publics et le respect de la distanciation physique ", ajoute-t-il.

Pour le Dr Abiad, la capacité d’accueil dans les endroits publics ne nécessite pas non plus, dans l’état actuel des choses, d’être réduite de 50%, " une mesure qui pourrait être imposée de nouveau au cas où une hausse alarmante des cas d’hospitalisation est constatée ". " Le jour où les hôpitaux ne pourront plus faire face à cette nouvelle vague, des mesures sévères seront prises dans le pays ", affirme le Dr Abiad, soulignant qu’un travail est effectué dans les hôpitaux gouvernementaux pour réhabiliter les unités de Covid-19, d’autant que de nombreux établissements avaient fermé ces unités lorsque la pandémie avait reculé.

" Ce sont les cas nécessitant une intubation qui dictent les mesures qui doivent être prises ", note de son côté Walid Ammar, président de la commission des maladies infectieuses au sein du ministère de la Santé. " Jusqu’à présent, ceux-ci sont faibles, par rapport au nombre des cas déclarés, voire ceux non déclarés et qui sont estimés à 5.000 vu que de nombreuses personnes font des tests rapides et d’autres ne se testent plus, note-t-il. Pour éviter donc un retour aux mesures sévères, nous misons sur la responsabilité individuelle. Les serveurs dans les restaurants, bars, cafés, etc., les chauffeurs de transport public et toute personne en première ligne de contact avec les clients doivent aussi faire preuve de vigilance et porter le masque. "

Au Liban, le taux de vaccination contre le Covid-19 reste faible, avec seulement 43,6% des personnes éligibles à la vaccination qui ont reçu deux doses du vaccin.
Faible taux de vaccination

Plusieurs raisons sont à l’origine de cette nouvelle vague de la pandémie. Jacques Mokhbat, spécialiste des maladies infectieuses et membre de la commission nationale chargée de suivre le Covid-19, explique que la recrudescence des cas est observée non seulement au Liban, mais dans le monde entier. Il estime que trois facteurs sont en cause. D’une part, " le relâchement observé dans les mesures de prévention, les gens faisant fi du port du masque et de la distanciation physique ". D’autre part, " le sous-variant d’Omicron, le BA.5, qui est plus transmissible et moins contrôlable par l’immunité vaccinale ", ajoute-t-il à Ici Beyrouth. Enfin, " il y a un désistement au niveau de la vaccination, de moins en moins de personnes se faisant vacciner ou faisant leur dose de rappel ". De ce fait, " l’immunité collective a baissé ", fait remarquer le Dr Mokhbat.

D’après les chiffres du ministère de la Santé, seules 43,6% des personnes éligibles à la vaccination, c’est-à-dire celles âgées de 12 ans et plus, ont déjà reçu leurs deux doses du vaccin et seules 25,3% d’entre elles ont reçu la troisième dose.

Selon le bilan du ministère de la Santé, 752 nouveaux cas de Covid-19 ont été signalés samedi.

" Bien que le nouveau variant ne réponde pas aussi bien à la vaccination, celle-ci reste importante, insiste le Dr Mokhbat. Elle permet de garder son taux d’immunité élevé, ce qui permet de se protéger même contre les nouvelles souches du virus. À mon avis, une dose de rappel sera nécessaire tous les six mois. " Le spécialiste explique dans ce cadre que la dose de rappel (troisième ou quatrième) doit se faire dans les quatre à six mois qui suivent la dernière dose vaccinale. Dans le cas d’une infection au coronavirus, il est conseillé de se faire vacciner un mois plus tard. " L’infection n’améliore pas la réaction immunitaire, insiste le Dr Mokhbat. Son action protectrice n’est pas aussi bonne que le vaccin. Donc, même en cas de contamination au coronavirus, le délai des six mois entre les deuxième et troisième doses, ainsi qu’entre deux doses de rappel doit être respecté. " Il faut rappeler que depuis le 9 juin, la quatrième dose est offerte dans l’ensemble des centres de vaccination, sans rendez-vous préalable, à toutes les personnes ayant reçu leur troisième dose depuis plus de six mois.

Même son de cloche chez le Dr Ammar qui insiste à son tour sur la nécessité d’encourager la population à se faire vacciner et de mener des campagnes dans ce sens. " Le taux de vaccination au Liban reste faible, déplore-t-il. Or de simples précautions conjuguées à la vaccination permettent de protéger l’individu. "