Le port de Tripoli, situé au nord du Liban, entame une phase de développement de ses infrastructures, financée par un prêt de la Banque islamique de développement, d’un montant de 87 millions de dollars américains.

Ce port fait partie des ports importants du bassin oriental de la Méditerranée en raison de son emplacement géographique stratégique, reliant l’Asie de l’Est et l’Europe de l’Ouest, tout en disposant de grands potentiels de liaison pour sécuriser le transit avec les pays arabes et le Golfe. À ce titre, les marchandises en provenance d’Europe et d’Amérique peuvent transiter par le port de Tripoli vers la Syrie, la Jordanie, l’Irak et les États du Golfe sans être gênées par des hauteurs montagneuses. De plus, le port est proche du canal de Suez, qui se trouve uniquement à 300 miles nautiques du port.

Dans un entretien avec Ici Beyrouth, le directeur du port de Tripoli, Ahmed Tamer, passe en revue les détails de ce projet censé remettre le port sur la voie du développement et le propulser au rang des ports les plus importants de la région, en dépit des défis majeurs auxquels il est confronté financièrement et au niveau logistique, en raison de la crise exceptionnelle qui frappe le Liban.

Le projet comprend la construction de nouveaux bâtiments pour abriter les services administratifs et réunir en un seul endroit les douanes, l’armée et les pompiers, tous reliés à une salle de contrôle centralisée. Le prêt qui financera ce projet sera payé en puisant dans le budget propre du port et non dans celui de l’État libanais (25% de la totalité du montant est sous forme de don et les 75% restants seront remboursés grâce aux recettes du port).

M. Tamer indique que le projet est capable de transformer le port de Tripoli en un port pivot, en le dotant des équipements nécessaires pour mettre en valeur ses capacités de compétitivité et de services dans un cadre intégré avec les autres ports libanais et ceux de la région.

En outre, il s’étendra sur une superficie totale de 3 millions de mètres carrés (terre-plein et eau), d’où son importance stratégique. Un nouveau quai y a été construit d’une longueur de 600 mètres et une profondeur de 15,5 mètres, avec une zone arrière de 650 000 mètres carrés. La longueur du quai devrait atteindre ultérieurement 1 050 mètres.

Une zone économique franche sera également créée sur une superficie de 550 000 mètres carrés, avec une possibilité d’extension vers le nord. Par ailleurs, le projet ambitionne de relier le port de Tripoli à l’autoroute arabe dans les deux sens grâce à la construction de deux ponts qui éviteront l’engorgement de la capitale du Nord.

M. Tamer ajoute que ce port pourra, au cours de la prochaine phase, recevoir 3 à 4 grands porte-conteneurs d’une longueur allant de 250 à 400 mètres, et un grand cargo, en plus de la présence de 8 terminaux à quai pour accueillir les navires et marchandises de taille moyenne, allant jusqu’à une profondeur de 10 mètres.

Concernant la faisabilité économique du projet, M. Tamer a indiqué que les coûts des investissements s’élèvent à environ 108 millions de dollars. Ces travaux augmenteront la capacité de 20 000 EVP (équivalent vingt pieds) à 270 000 EVP par an. Les prévisions de trafic indiquent que les opérations portuaires atteindront leur capacité maximale d’ici 2023.

Toujours selon M. Tamer, la mise en œuvre du projet réduirait les coûts des transports routiers. Les marchandises ne seront plus transportées de Beyrouth à Tripoli, mais importées directement au port de Tripoli. Cela se traduira également par des avantages économiques supplémentaires comme la réduction des délais de livraison des marchandises, la diminution des accidents de la route ainsi que des temps d’attente des navires, le tout s’inscrivant dans une optique de travail intégré et coopératif avec les autres ports.

En conséquence, le développement du port de Tripoli répond à plusieurs objectifs, dont les plus importants sont :

– Renforcer la position concurrentielle du port de Tripoli en adoptant l’efficacité, la qualité et l’innovation afin de répondre aux attentes de la clientèle en termes de méthodes de travail et de prestation de services.

– Développer les installations disponibles pour la manutention des marchandises, les opérations de stockage et le service des exportations et des importations.

– Augmenter la capacité d’accueil du port.

– Renforcer la confiance de l’État et des citoyens dans le port et son importance commerciale.

– Encourager le transit, notamment vers la Syrie, la Jordanie et l’Irak.

Géographiquement, le port de Tripoli peut désormais couvrir le marché local dans la région du nord, et la zone franche et économique dans le domaine des services à valeur ajoutée et au niveau régional, surtout pour la Syrie, la Jordanie, l’Irak et l’Arabie saoudite, via une ligne de transit fixe, indique M. Tamer.

Avec le lancement des travaux du quai à conteneurs et l’ouverture de lignes directes avec la Chine, les services portuaires comprendront le service de transbordement (qui consiste à accueillir au port de Tripoli des conteneurs destinés à être réacheminés dans d’autres ports de la région). Ce service couvrira le marché régional de la Méditerranée orientale, toujours selon M. Tamer, en attendant les résultats de la mise en œuvre du projet financé par la Banque Islamique.

Enfin, M. Tamer rappelle l’intérêt que suscite le port de Tripoli sur le plan international, en particulier pour la France. "L’ambassadrice de France avait déjà visité le port et examiné avec beaucoup d’attention les projets sur lesquels nous travaillons pour développer le port", conclut M. Tamer.