Le député Achraf Rifi a déclaré samedi qu’il œuvrait de pair avec les Kataëb à la "formation d’un front souverainiste pour sauver le pays". Les Kataëb n’excluent pas, pour leur part, une visite au chef des Forces libanaises, lesquelles défendent un candidat souverainiste soutenu par l’opposition à la présidence de la République.

Le député de Tripoli Achraf Rifi a déclaré samedi qu’il œuvrait de pair avec les Kataëb à la "formation d’un front souverainiste pour sauver le pays".

Lors d’un entretien à la radio VDL24, il a qualifié de "prometteuse" sa rencontre la veille avec le chef du parti Kataëb, le député Samy Gemayel, dans le bureau du député Sélim Sayegh à Sarba (Kesrouan). Cet entretien a porté sur les prochaines échéances, notamment la présidentielle, et abouti à "une entente entre les deux parties à renforcer et élargir leur coopération sur base des principes nationaux et de l’intérêt supérieur des Libanais", selon l’Agence nationale d’information.

Dans son interview, Achraf Rifi a contesté "le fait que la minorité ait prévalu sur la majorité lors des échéances constitutionnelles (ayant suivi les législatives) depuis l’élection du président et du vice-président de la Chambre, jusqu’à la désignation du Premier ministre, en passant par les élections des membres des commissions parlementaires". "Il y a un changement en vue pour la présidentielle", a annoncé l’ancien directeur général des Forces de sécurité intérieure.

Prié de préciser si la candidature du chef des Marada Sleiman Frangié à la présidence de la République était soutenue par le Hezbollah, Achraf Rifi a déclaré que "tous ceux qui gravitent dans l’orbite du 8 Mars sont des candidats du Hezbollah". Et le député sunnite d’ajouter: "Nous n’accepterons aucun candidat qui se jette dans le giron iranien. Le Liban ne connaîtra son salut qu’aux mains des souverainistes et de ceux qui sont issus des rangs du 14 Mars".

C’est dans ce sens que s’est également prononcé samedi le député Kataëb Élias Hankache dans une interview à Radio Liban Libre. Deux mois après les législatives, il a appelé à "unifier l’opposition sous un seul nom, qui serait celui d’un " bloc du salut " pour une meilleure coopération entre les forces qui se ressemblent". "Nous ne pouvons exclure l’existence de divergences entre les parties de l’opposition, voire entre les députés de la contestation eux-mêmes, mais la coordination est maintenue", a-t-il précisé, en annonçant que cette coordination allait s’intensifier à la veille de la présidentielle.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la rencontre Gemayel-Rifi de vendredi. "Il n’y a d’autre solution que dans le maintien de cette démarche" visant à unifier les rangs de l’opposition, a encore affirmé le député du Metn.

Les rapports Kataëb-FL

À une question sur les rapports des Kataëb avec les Forces libanaises, Élias Hankache a fait état de la disposition de son parti à "coordonner une action avec les FL" et précisé qu’une "coordination officielle s’opère déjà avec le député Georges Adwan (chef du groupe parlementaire des FL)". "Il n’y a aucun inconvénient à ce que Samy Gemayel se rende à Meerab", pour une rencontre avec Samir Geagea, a-t-il dit.

Pour ce qui est de la présidentielle, le jeune député a plaidé pour un candidat qui "fasse consensus" et soit à même d’initier le redressement. Il s’est exprimé en faveur du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, "l’armée ayant démontré qu’elle était capable de se placer au-delà des conflits".

M. Hankache a en revanche écarté d’ores et déjà tout appui au leader du Courant patriotique libre Gebran Bassil ou au chef des Marada Sleiman Frangié, alliés du Hezbollah, puisqu’ils "ne s’alignent pas sur nos principes souverainistes". Il a en outre retenu la possibilité que les Kataëb soutiennent la candidature de Samir Geagea à la présidence de la République, "s’il a ses chances". Et, cela sans exclure la possibilité de soutenir "des candidats indépendants actifs sur la scène politique". M. Hankache estime que quoi qu’il en soit, "le président Aoun sortira de Baabda avec la fin de son mandat".

Un candidat souverainiste de l’opposition

La députée FL Sethrida Geagea a, elle aussi, plaidé pour un "candidat souverainiste" qui soit soutenu par une opposition unifiée. "Nous menons aujourd’hui une bataille existentielle pour le Liban et la prochaine présidentielle sera déterminante", a-t-elle déclaré, lors d’une tournée samedi dans le village de Qnat (Liban-Nord). "À tous les nouveaux députés (…), je dis que le temps est venu pour unifier nos efforts, surmonter certaines considérations et tirer les leçons de ce qui s’est passé au cours des deux derniers mois à l’hémicycle (en allusion à la défaite de l’opposition aux élections du bureau de la Chambre et des membres des commissions faute d’une entente sur des candidats communs)", a affirmé la députée de Bécharré. Pour elle, l’enjeu est désormais de "prouver notre réelle influence au moment de la présidentielle". Mettant en garde contre "la perte de cette opportunité", elle a invité ses collègues de l’opposition, notamment les députés de la contestation, à se montrer "à la hauteur de la confiance des électeurs et à unifier les efforts pour choisir un président souverainiste qui incarne les aspirations du peuple et nous sauve du gouffre où nous nous trouvons".