Les hélicoptères de l’armée ont éteint samedi à midi à éteindre l’incendie qui s’est déclaré depuis plus d’une semaine au pied des silos détruits du port de Beyrouth, mais le feu devait reprendre de plus belle en soirée.

En cause, la fermentation des grains de blé et de maïs ainsi que la forte humidité qui accentue le phénomène. Celui-ci est appelé à durer jusqu’à la fin de l’été, a confié à Ici Beyrouth la députée Najat Saliba, par ailleurs experte scientifique spécialisée dans la pollution de l’air. Selon Mme Aoun, tant que la fermentation se poursuivra en raison de la chaleur, les grains vont continuer de se consumer. L’eau reste pour le moment, le seul moyen pour éviter un incendie important et, surtout, celui qui présente le moins de risques, a-t-elle préconisé. Mme Aoun a exclu dans ce contexte un recours au gaz carbonique, aux effets peut-être durables, mais qui reste dangereux. " Le gaz carbonique risque de se solidifier, provoquant ainsi une explosion due aux gaz qui se dégagent de la fermentation ", a-t-elle averti.

Les autorités n’envisageaient même pas une intervention. Il a fallu l’insistance des députés dits du changement, notamment Melhem Khalaf, Najat Saliba, Marc Daou et Cynthia Zarazir, ainsi que la mobilisation des parents des victimes de l’explosion du 4 août 2020 au port, pour que les autorités songent enfin à intervenir.

Les principaux responsables concernés avaient multiplié les excuses pour laisser le feu dévorer les grains de blé et de maïs au pied des silos et fragiliser dans le même temps la structure faite de béton et de fer.

L’extinction de l’incendie grâce à un hélicoptère de l’armée s’est déroulée dans un laps de temps très court, a confirmé notre journaliste présent sur les lieux, Rémi Amalvy, en citant des témoins sur place.

Les grains ont commencé à brûler lentement depuis près de dix jours, du fait de leur fermentation. Les autorités concernées ont avancé toutes sortes prétextes pour ne pas éteindre le feu. Tantôt c’était la sécurité des pompiers, tantôt c’était la peur que ce qui reste des silos ne s’effondre si des hélicoptères sont envoyés, ou encore la peur que l’eau n’accentue la fermentation. Le danger sur la structure des silos n’est pourtant pas des moindres, puisqu’un feu prolongé peut faire éclater le fer de l’intérieur, et provoquer l’effondrement d’une partie de la structure, comme le confirment les experts. Les silos restent, par-delà leur symbole mémoriel du 4 août, le lieu d’un crime non encore instruit.

Le député Melhem Khalaf, qui suit les dossiers judiciaires des familles des victimes de la double explosion au port de Beyrouth, avait confié à notre collègue Sandra Noujeim qu’une réunion d’un comité ministériel était censée se tenir mercredi en présence des autorités compétentes, comme la Défense civile, pour mettre au point un mécanisme de lutte contre l’incendie sans compromettre la vie des pompiers. Bien que dictée par l’urgence de la situation, la réunion ne s’était plus tenue, avait précisé l’ancien bâtonnier de Beyrouth.

Sur son compte Twitter samedi, il a fait état d’une entente, vendredi, entre le commandement de l’armée, les ministres concernés et le mohafez de Beyrouth, pour l’extinction du feu.

Cette entente a suivi une ultime mobilisation. Toujours sur Twitter, il a expliqué que les députés du changement se sont rendus vendredi soir au port en compagnie d’un groupe des parents des victimes. " Nous avons insisté pour prendre contact avec les ministres concernés. Les ministres sortant des Travaux, de l’Environnement et de l’Économie sont venus, ainsi que le mohafez de Beyrouth. C’est en notre présence qu’il y a eu un engagement à éteindre le feu, en coordination avec l’armée ".