La démolition des silos éventrés au port de Beyrouth a commencé. Dans le secret le plus total, de surcroît. Sans doute pour mettre devant le fait accompli ceux qui contestent l’opportunité de cette opération, censée surtout effacer toute trace de l’apocalyptique explosion du 4 août 2020 au port, alors que l’enquête reste bloquée.

C’est dire la transparence des autorités libanaises ! C’est dire aussi à quel point celles-ci respectent la volonté et les sentiments de ceux qui ont été meurtris dans leur chair par cette tragédie et qui s’opposent à la disparition de ce symbole de l’incurie officielle, avant que les responsabilités ne soient déterminées. Elles ont profité du congé de l’Adha, alors que le pays tourne au ralenti et que les Libanais profitent du chômage officiel, pour mettre à exécution leur plan. Comme des voleurs !

Le pot-aux-roses a été découvert par un groupe de personnes qui suit le dossier. Samedi, premier jour de l’Adha, donc jour férié, à l’occasion d’une virée en mer, ces personnes ont constaté une activité anormale sur le site. Elles n’ont pas pu s’approcher des lieux puisque, selon leur témoignage en exclusivité à Ici Beyrouth, l’opération de démolition se déroulait sous haute surveillance militaire. Elles ont quand même réussi à prendre des photos de " trois grosses machines qui ressemblent à des foreuses " en train de " creuser le sol sous les silos ". Probablement pour déstabiliser davantage la structure fragilisée par l’explosion qui avait pulvérisé plusieurs quartiers de la capitale et fait plus de 200 tués et plus de 6000 blessés, dont plusieurs sont restés avec des handicaps permanents.

L’opération de démolition, à laquelle s’opposent en particulier les familles des victimes de la tragédie du 4 août, se déroule en application d’une décision en ce sens du gouvernement de Najib Mikati, adoptée le 14 avril dernier, en dépit de réserves exprimées à ce sujet par le ministre de la Culture, Abbas Mortada et d’une vaste opposition populaire et même politique. Le gouvernement avait chargé le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) des travaux, mais sans lui fixer de calendrier.

Du moins, sans annoncer ce calendrier ! Les autorités libanaises semblent pressées d’effacer toute trace des silos avant la commémoration du deuxième anniversaire de l’explosion, le 4 août prochain.

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