La Russie va signer vendredi avec l’Ukraine un accord sur les exportations de céréales très attendu par la communauté internationale face aux risques de famine dans le monde.

Le document aux termes duquel une sortie par la mer Noire du blé ukrainien bloqué par la guerre et un allégement des entraves au transport de grains et d’engrais russes deviendront possibles sera paraphé à Istanbul, a annoncé la Turquie jeudi, le jour où les livraisons de gaz russe à l’Europe ont partiellement repris.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, ainsi que des représentants des deux belligérants, participeront à la cérémonie de signature qui aura lieu à 13H30 GMT au palais de Dolmabahçe.

Des membres d’une famille sont en larmes alors que la police ukrainienne examine la lieu de l’attaque qui a tué un homme sur le marché Barabachovo à Kharkiv, l’un des plus grands marchés de vêtements d’Europe de l’Est.

" Nous saluons l’annonce de cet accord sur le principe, mais ce qui nous importe maintenant c’est (…) de permettre aux céréales ukrainiennes d’atteindre les marchés mondiaux ", a commenté la diplomatie américaine.

" La délégation ukrainienne ne soutiendra que les solutions qui garantissent la sécurité des régions méridionales de l’Ukraine, une position forte des forces armées ukrainiennes en mer Noire et l’exportation sûre des produits agricoles ukrainiens ", a également très prudemment réagi auprès de l’AFP le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères Oleg Nikolenko.

Accusations réciproques autour d’une centrale nucléaire

Dans le même temps, un nouveau bombardement russe a fait jeudi trois morts et 23 blessés, dont quatre graves, à Kharkiv, une cité du nord-est de l’Ukraine pilonnée depuis des semaines, a annoncé le gouverneur régional Oleg Synegoubov. Déjà la veille, trois personnes y avaient été tuées, dont un adolescent près d’un d’arrêt de bus.

Une frappe nocturne à Mykolaïv, une ville du sud de l’Ukraine qui fait face à une recrudescence des attaques russes, a laissé un grand cratère sur le parvis d’une station de lavage et de réparation de pneus.

Kiev a parallèlement affirmé jeudi que les Russes stockaient des armes lourdes et des munitions " à proximité immédiate " d’installations sensibles sur le site de la centrale nucléaire occupée depuis mars de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, s’alarmant d’un risque d’explosion accidentelle et d’incendie.

Moscou a de son côté évoqué des raids de drones ukrainiens lundi, à " quelques dizaines de mètres de structures vitales pour la sécurité de la centrale ", puis à nouveau mercredi.

Autant de morts russes qu’en Afghanistan

Human Rights Watch a accusé aussi bien les soldats russes qu’ukrainiens d' "inutilement " mettre en danger des civils en installant des troupes au coeur de zones habitées, comme un sous-sol d’école et un dispensaire.

À Kramatorsk, dans la région du Donbass, à l’est de l’Ukraine, où les combats sont parmi les plus violents, une école qui, selon les autorités ukrainiennes, servait de lieu de stockage pour de l’aide alimentaire a été bombardée et touchée par deux roquettes.

Environ 15.000 militaires russes sont morts depuis le début de la guerre, ont par ailleurs estimé les agences de renseignement américaine et britannique.

" C’est à peu près " le même niveau de pertes que celui enregistré par les soldats soviétiques pendant les dix ans de leur intervention en Afghanistan, a noté Richard Moore, le chef du renseignement extérieur britannique (MI6).