Dimanche, la Chine a lancé le module Wentian dans l’espace depuis l’île de Hainan, au sud du pays. Il s’agit du deuxième des trois modules que la Chine a prévu d’envoyer afin de réaliser sa station spatiale nommée Tiangong (" Palais céleste "). Cette dernière devrait être opérationnelle d’ici la fin de l’année. Ce nouveau lancement était une " opération délicate ", car le nouveau module doit s’amarrer au premier module en orbite depuis avril 2021.

" Une opération délicate ": la Chine a lancé dimanche dans l’espace le deuxième des trois modules de sa station spatiale en cours de construction, une étape cruciale vers la finalisation de l’installation.

L’engin nommé Wentian, d’environ 20 tonnes et sans astronaute à bord, a été propulsé par une fusée Longue Marche 5B à 14H22 (06H22 GMT) depuis le centre de lancement de Wenchang, sur l’île tropicale de Hainan (sud), selon des images de la télévision publique CCTV.

Des centaines de passionnés s’étaient rassemblés sur les plages aux alentours pour prendre des photos du lanceur s’élevant dans les airs dans un panache de fumée blanche.

Le planétarium de Shangaï (AFP)

Après environ huit minutes de vol, " Wentian s’est séparé avec succès de la fusée pour se placer dans l’orbite prévue ", s’est félicitée l’agence spatiale chargée des vols habités (CMSA), qualifiant le lancement de " succès total ".

Long de près de 18 mètres et d’un diamètre de 4,2 mètres, ce module-laboratoire doit venir s’amarrer à Tianhe, le premier module de la station qui est déjà en orbite depuis avril 2021.

L’opération d’amarrage constitue un défi pour l’équipage car elle nécessite plusieurs manipulations successives, de haute précision, notamment avec un bras robotisé.

" C’est la première fois que la Chine doit amarrer des véhicules aussi grands ensemble " et " c’est une opération délicate ", explique à l’AFP Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l’astrophysique, aux Etats-Unis.

Une manipulation qui devra être répétée avec la venue plus tard en 2022 d’un nouveau module-laboratoire.

Au final, " cela permettra à la station d’être beaucoup plus performante, avec l’espace et la puissance nécessaires pour réaliser davantage d’expériences scientifiques ", souligne M. McDowell.

" Palais céleste "

Doté de trois espaces de couchage, de toilettes et d’une cuisine, Wentian servira de plateforme de secours pour contrôler la station en cas de défaillance.

Le module possède également des espaces pour des expériences scientifiques et comprend un sas qui deviendra le passage privilégié pour les sorties dans l’espace.

Nommée en chinois Tiangong (" Palais céleste ") mais également connue par son acronyme CSS (pour " Chinese space station " en anglais), la station spatiale chinoise devrait être pleinement opérationnelle d’ici la fin de l’année.

Réplique de la station spatiale chinoise Tiangong (AFP)

Après Wentian ce week-end, les trois astronautes de la mission Shenzhou-14, actuellement dans la station spatiale, y accueilleront en octobre le troisième et dernier module, Mengtian.

La station aura alors sa forme finale en forme de T. Elle sera semblable en taille à la défunte station russo-soviétique Mir. Sa durée de vie devrait être d’au moins 10 ans, voire de 15 ans.

" La CSS aura alors achevé sa construction en un an et demi seulement, le rythme le plus rapide de l’histoire pour une station spatiale modulaire ", souligne Chen Lan, analyste du site Go Taikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois.

" En comparaison, les constructions de Mir et de la Station spatiale internationale (ISS) ont duré respectivement 10 et 12 ans. "

La Chine à la conquête de l’espace

La finalisation de Tiangong permettra également à la Chine d’effectuer, pour la première fois, un relais d’équipage en orbite.

Ce relais devrait intervenir en décembre, lorsque les astronautes de la mission Shenzhou-14, actuellement dans la station spatiale, laisseront leur place à ceux de Shenzhou-15.

Tiangong accueillera alors pendant plusieurs jours les six membres d’équipage.

Des " taïkonautes " (astronautes) chinois avant leur départ vers la station spatiale (AFP)

La Chine a été poussée à construire sa propre station en raison du refus des Etats-Unis de l’autoriser à participer à l’ISS.

Le géant asiatique investit depuis quelques décennies des milliards d’euros dans son programme spatial.

La Chine a envoyé son premier astronaute dans l’espace en 2003. Elle a posé début 2019 un engin sur la face cachée de la Lune, une première mondiale.

En 2020, elle a rapporté des échantillons de Lune et finalisé Beidou, son système de navigation par satellite, concurrent du GPS américain.

En 2021, la Chine a fait atterrir un petit robot sur Mars et prévoit d’envoyer des hommes sur la Lune à l’horizon 2030.

Avec AFP