Les exportations de céréales ukrainiennes ont finalement repris, après plusieurs mois de suspension suite aux attaques russes sur les ports de la mer Noire. Un premier bateau a quitté le port d’Odessa en direction de Tripoli (Liban) , conformément aux termes de l’accord international avec la Russie signé à Istanbul. Celui-ci prévoit la reprise des exportations ukrainiennes sous supervision internationale, tout en garantissant à Moscou l’exportation de ses produits agricoles et engrais malgré les sanctions occidentales.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans un port du sud de l’Ukraine, pour superviser la reprise des exportations de céréales conformément aux accords signés le 22 juillet. (AFP)

L’Ukraine a entamé lundi ses exportations de céréales, avec le départ d’un premier bateau du port d’Odessa, conformément aux termes de l’accord international avec la Russie signé à Istanbul, qui doit permettre d’atténuer la crise alimentaire mondiale.

" Le navire Razoni a quitté le port d’Odessa à destination du port de Tripoli au Liban. Il est attendu le 2 août à Istanbul. Il continuera sa route vers sa destination à la suite des inspections qui seront menées à Istanbul ", a annoncé le ministère turc de la Défense.

Selon le ministre ukrainien de l’Infrastructure Oleksandre Koubrakov, le bateau est chargé de 26.000 tonnes de maïs.

L’accord signé le 22 juillet à Istanbul entre des représentants de la Russie, l’Ukraine, la Turquie et les Nations unies permet la reprise des exportations ukrainiennes sous supervision internationale., Un accord similaire signé simultanément garantit également à Moscou l’exportation de ses produits agricoles et engrais, malgré les sanctions occidentales.

Ces deux accords doivent permettre d’atténuer une crise alimentaire mondiale qui a vu les prix monter en flèche dans certains des pays parmi les plus pauvres au monde en raison du blocage des ports ukrainiens par le conflit avec la Russie.

Selon les termes de l’accord, les navires et leur chargement doivent être inspectés à Istanbul, sous l’autorité du Centre de coordination conjointe (CCC), inauguré mercredi dernier.

Une tactique de " terreur " 

Surnommée le " grenier à blé " de l’Europe, l’Ukraine exporte près de 74% de sa production à l’étranger. (AFP)

Sur le terrain, les frappes russes se poursuivent sur les villes ukrainiennes, notamment Mykolaïv, où le bombardement le plus violent depuis le début de la guerre a tué au moins deux habitants dimanche, selon les autorités locales.

Ces frappes ont causé la mort d’Oleksiï Vadatoursky, propriétaire de la principale société ukrainienne de logistique céréalière et de son épouse. " C’était un des plus importants entrepreneurs agricoles du pays, une personnalité clef de la région et un important employeur ", a souligné sur Telegram Mikhailo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, disant croire à une frappe ciblée.

Dans son adresse dominicale, le président Volodymyr Zelensky a rendu hommage à Oleksiï Vadatoursky, qu’il a qualifié de " héros de l’Ukraine ".

Dans la nuit de dimanche à lundi, de " puissantes explosions " ont retenti de nouveau dans cette ville du sud, a indiqué son maire, Oleksandr Senkevych sur Telegram.

Le président ukrainien avait accusé samedi les forces russes de pratiquer une tactique de " terreur " par leurs bombardements sur les villes ukrainiennes, annonçant l’évacuation générale de la population de la région de Donetsk (est).

D’autres frappes ont touché les régions de Kharkiv (est) et Soumy (nord-est). Quelques bâtiments ont été endommagés dans " une série d’explosions " à Kharkiv, a informé le maire de la deuxième ville ukrainienne, Igor Terekhov.

Une personne a été tuée et deux blessées dans la région de Soumy qui a été la cible de " plus de 50 frappes " au cours des dernières 24 heures, selon le gouverneur Dmytro Jyvytsky.

Samedi soir, M. Zelensky a appelé les habitants de la région de Donetsk à se conformer à l’ordre d’évacuation, pour échapper à la " terreur russe " et aux bombardements sur ce territoire de l’est du pays, largement sous contrôle de Moscou.

Au moins 200.000 civils vivent encore dans les territoires de la région de Donetsk qui ne sont pas sous occupation russe, selon une estimation des autorités ukrainiennes.

La flotte russe visée par les " ukro-nazis " à Sébastopol

La Turquie, principal médiateur entre la Russie et l’Ukraine, a officiellement ouvert un centre de coordination conjoint pour les exportations de céréales ukrainiennes dans le cadre de l’accord récemment conclu. (AFP)

À Sébastopol, ville portuaire qui avait continué d’abriter la flotte russe de la mer Noire après la fin de l’Union soviétique aux termes d’un accord avec Kiev, mais qui a été formellement annexée par Moscou avec le reste de la Crimée en 2014, un drone a explosé dimanche dans la cour de l’état-major de la Flotte russe, faisant six blessés, a indiqué sur Telegram le gouverneur Mikhaïl Razvojaïev.

" Les ukro-nazis ont décidé de nous gâcher la Journée de la Flotte militaire russe ", a écrit le gouverneur, reprenant un vocable couramment utilisé par les autorités et la propagande russe pour désigner les forces de Kiev.

Les autorités ukrainiennes ont démenti être à l’origine de cette attaque inédite, qualifiant les accusations russes de " provocation délibérée ". La Marine ukrainienne a émis l’hypothèse d’un prétexte pour annuler les festivités prévues à Sébastopol par peur d’une véritable attaque.

Le président russe, Vladimir Poutine, a célébré la journée de la Flotte russe loin de Sébastopol, à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), avec un discours promettant l’arrivée " dans les prochains mois " d’un nouveau missile de croisière hypersonique qui " ne connaît aucun obstacle ".

Par ailleurs, le Comité international de la Croix-Rouge a déclaré dimanche n’avoir toujours pas reçu d’autorisation officielle de Moscou pour se rendre à Olenivka, en territoire occupé par les Russes dans la région de Donetsk, où une explosion dans un hangar abritant des soldats ukrainiens prisonniers a fait 50 morts et 73 blessés graves.

Samedi soir, le ministère russe de la Défense avait affirmé avoir " officiellement invité " des experts de l’ONU et du CICR à se rendre sur place " dans l’intérêt d’une enquête objective ".

L’Ukraine avait dès vendredi demandé au CICR et à la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations unies, qui avaient supervisé en mai la reddition négociée avec les Russes des défenseurs de l’usine d’Azovstal à Marioupol (sud-est), de se rendre à Olenivka. Le président Zelensky avait souligné que l’ONU et le CICR s’étaient portés " garants " de la vie des soldats ukrainiens et devaient " réagir ".

Avec AFP