Après trois jours d’hostilités, la trêve entre le Jihad Islamique et Israël a permis la réouverture des points de passage entre l’État hébreux et l’enclave palestinienne de Gaza. Dans un communiqué, l’organe du ministère israélien de la Défense, le Cogat, a annoncé la réouverture des points de passage ce lundi " pour des besoins humanitaires ". Plusieurs camions de carburant ont ainsi pu franchir le point de passage de Kerem Shalom, afin d’approvisionner Gaza. La trêve avait été négociée par l’intermédiaire de l’Égypte.

Des camions de carburant sont entrés dans la bande de Gaza lundi matin, après l’entrée en vigueur d’une trêve entre le Jihad islamique et Israël au terme de trois jours d’hostilités qui ont coûté la vie à 44 Palestiniens dans des frappes israéliennes sur l’enclave.

Un journaliste de l’AFP a vu entrer des camions de carburant par le point de passage de Kerem Shalom, dans le sud de la bande de Gaza, dont la frontière avait été fermée mardi par Israël.

Dimanche, le principal hôpital de la ville de Gaza avait besoin d’urgence d’électricité pour soigner les blessés après que la seule centrale électrique du territoire a été mise à l’arrêt faute de carburant.

Gaza après la trêve (AFP)

Les points de passage entre l’Etat hébreu et la bande de Gaza, fermés mardi par Israël, ont été rouverts " pour des besoins humanitaires lundi ", a annoncé dans un communiqué le Cogat, l’organe du ministère israélien de la Défense qui supervise les activités civiles dans les Territoires palestiniens.

" Le retour à la routine se fera en fonction des développements de la situation et si la sécurité est respectée ", ajoute le communiqué.

Après cette trêve négociée par l’Egypte, intermédiaire historique entre Israël et les Palestiniens, l’Etat hébreu a aussi annoncé la reprise de la circulation ferroviaire dans la zone proche de la bande de Gaza et autorisé ses citoyens vivant dans les villages limitrophes de l’enclave palestinienne de quitter les abris.

" La situation reste fragile "

A Gaza, la " situation est tragique et difficile ", raconte à l’AFP un Gazaouï, Mohamed Alai. " Nous avons beaucoup de morts et de blessés, des destructions et la dévastation mais Gaza panse ses plaies ", a-t-il ajouté.

Une autre habitante, Souhail al-Baouab, 56 ans, a " vécu trois jours dans la peur ". " Nous ne voulons pas de guerre tous les six mois et quand on a entendu parler de la trêve, on était si contents malgré le deuil pour les martyrs car la vie reprend son cours normal ", a-t-elle dit.

Dans le sud de l’Etat hébreu frontalier avec Gaza où a repris la circulation ferroviaire et routière, un habitant d’Askhelon, Davit Shitrit, a indiqué ne " pas faire confiance " au Jihad islamique. " Ils promettent toujours mais attaquent chaque fois de nouveau…j’espère que cette fois, ça va tenir ".

" Le Jihad a reçu un coup sévère qui les a ramené des dizaines d’années en arrière ", a déclaré lundi un haut diplomate israélien à des journalistes.

Dimanche, le bureau du Premier ministre israélien Yaïr Lapid a affirmé que la trêve entrerait en vigueur à 23H30 locales, tout en soulignant que son pays " se réservait le droit de répondre fermement à toute violation ".

A Gaza où il est implanté, le Jihad islamique a lui confirmé qu’il " cesserait les hostilités " à partir de cette heure-là, mais a aussi averti qu’il se réservait " le droit de répondre à toute (nouvelle) agression " israélienne.

Les Palestiniens du camp de Jabalia célèbrent la trêve entre Israël et le Jihad islamique (AFP)

Joe Biden a salué le cessez-le-feu et remercié le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour le rôle joué par son pays dans sa négociation. Le président américain a également demandé que des enquêtes soient menées sur les victimes civiles, qu’il a qualifiées de " tragédie ".

L’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient Tor Wennesland a salué sur Twitter l’accord de trêve mais affirmé " que la situation rest(ait)e très fragile ".

L’accord de trêve prévoit entre autres " l’engagement de l’Egypte à œuvrer en faveur de la libération de deux prisonniers " du Jihad islamique aux mains d’Israël, a affirmé le groupe palestinien.

Dimanche, dix-sept Palestiniens dont neuf enfants ont été tués dans les raids israéliens notamment sur Jabaliya, la ville de Gaza et Rafah, a indiqué le ministère de la Santé du mouvement armé palestinien Hamas, au pouvoir dans l’enclave sous blocus israélien depuis plus de quinze ans.

Depuis le début vendredi de l’opération israélienne, " 44 Palestiniens sont tombés en martyrs dont 15 enfants " et " 360 ont été blessés ", selon le ministère, qui a fait en outre état d’immeubles entiers détruits dans les frappes.

Trois personnes ont été blessées en Israël par les tirs de roquettes depuis vendredi, selon des secouristes. D’après l’armée, des centaines de roquettes ont été tirées à partir de Gaza depuis vendredi, la grande majorité ayant été interceptées.

Les autorités israéliennes ont par ailleurs affirmé que certains Palestiniens tués auraient péri à cause de tirs de roquettes ratés du Jihad islamique vers Israël, tombées dans l’enclave palestinienne.

A Gaza, le directeur de l’hôpital al-Chifa a affirmé que son établissement avait besoin en urgence de médicaments et d’électricité.

Une opération " préventive "

L’armée israélienne a présenté son opération lancée vendredi comme une " attaque préventive " contre le Jihad islamique, au cours de laquelle ses principaux chefs militaires à Gaza, Tayssir Al-Jabari et Khaled Mansour, ont été tués de même que plusieurs combattants du groupe.

La mort des chefs militaires a été confirmée par le Jihad islamique, considéré comme " terroriste " par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne.

Frappe aérienne israélienne à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza (AFP)

La branche militaire du Jihad islamique a confirmé lundi dans un communiqué que 12 de ses hommes avaient été tués dans les frappes israéliennes.

Les autorités israéliennes ont justifié leur opération par leurs craintes de représailles du Jihad islamique après l’arrestation de Bassem al-Saadi le 1er août en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.

Ces derniers jours, quelque 40 membres du Jihad islamique ont été arrêtés par les forces israéliennes en Cisjordanie.

La confrontation entre Israël et le Jihad islamique est la pire depuis celle entre Israël et le Hamas en mai 2021. Cette dernière avait fait en onze jours 260 morts côté palestinien dont des combattants et 14 morts en Israël, dont un soldat, d’après les autorités locales.

Avec AFP