L’élue américaine anti-Trump a été éjectée de son siège du Congrès mardi, lors de sa primaire dans le Wyoming. Une défaite cuisante face à une candidate soutenue par l’ancien président. La fille de Dick Cheney, jadis vice-président de l’ancien président George W. Bush, est le porte-voix des républicains excédés par les frasques de Trump. Elle a même fait partie de la Commission parlementaire enquêtant sur l’assaut du Capitole.

L’élue républicaine Liz Cheney, porte-voix des républicains anti-Trump, s’est engagée mardi à "tout faire" pour que l’ancien président n’accède plus jamais à la Maison-Blanche. Une déclaration survenue après avoir perdu une primaire face à Harriet Hageman, protégée du milliardaire.

"Je ferai tout ce qu’il faut pour que Donald Trump ne s’approche plus jamais du Bureau ovale", a déclaré la parlementaire de 56 ans, depuis l’État très conservateur du Wyoming, où elle siégeait depuis 2017.

Réunion de la Commission parlementaire enquêtant sur l’assaut du Capitole. (AFP)

 

La fille de l’ancien vice-président Dick Cheney est l’une des principales bêtes noires du milliardaire républicain depuis qu’elle co-préside la commission parlementaire enquêtant sur son rôle dans l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

Pour ce groupe d’élus, Donald Trump a "failli à son devoir" lors de l’attaque menée par ses partisans pour tenter d’empêcher la certification de la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle de 2020.

Un militant pro-Trump lors de l’assaut du Capitole occupant le bureau de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants. (AFP)
Objectif 2024

De son côté, Donald Trump qui flirte ouvertement avec une candidature à la présidentielle de 2024, dénonce sans cesse les travaux de cette commission, qu’il qualifie de "chasse aux sorcières". Il s’était pour cette raison engagé à faire battre Mme Cheney, mettant tout son poids derrière sa rivale Harriet Hageman, une avocate de 59 ans auprès de qui il est allé faire campagne fin mai.

L’investiture républicaine dans l’élection pour la Chambre des représentants ira donc à la protégée de Donald Trump, renforçant encore un peu plus l’emprise de l’ancien locataire de la Maison-Blanche sur le parti républicain, et ce en dépit des nombreuses enquêtes dont il fait l’objet.

Donald Trump fait l’éloge de la prise du Capitole lors d’un meeting. (AFP)

 

L’ex-magnat de l’immobilier a immédiatement applaudi la défaite de Liz Cheney: "Elle devrait avoir honte d’elle-même, de la façon dont elle a agi", a-t-il affirmé sur son réseau social, Truth Social. "Maintenant, elle peut enfin tomber dans les oubliettes de la politique", s’est-il réjoui.

Dans le Wyoming, un État qui a voté à plus de 70% pour Donald Trump lors de la dernière présidentielle, la candidate Harriet Hageman appuie notamment la théorie véhiculée par le clan Trump selon laquelle l’élection de 2020 a été "volée" à l’ancien président, malgré les innombrables preuves du contraire.

Menaces de mort

De son côté, Liz Cheney, qui a voté pour la destitution à laquelle Donald Trump a finalement échappé, s’efforce depuis plus d’un an de démonter cette thèse à laquelle adhèrent encore des millions de trumpistes.

"Dans notre pays, nous ne prêtons pas serment à un individu ni à un parti politique", affirmait l’élue lors d’une audition parlementaire mi-juin, estimant que la "défense de la Constitution américaine" méritait de mettre en péril sa carrière politique.

Depuis qu’elle enquête sur Donald Trump et son entourage, l’élue a été visée par une série de menaces de mort et ne se déplace plus sans escorte policière.

Liz Cheney, élue du Congrès américain et vice-présidente de la Commission d’enquête parlementaire sur l’assaut du Capitole. (AFP)

Dans son État, le premier à avoir accordé aux femmes le droit de vote en 1869, comme le rappelle une grande fresque dans le centre-ville de Cheyenne, l’élue avait été contrainte de mener une sorte de campagne fantôme, sans meetings électoraux ou événements publics.

Héritière d’une droite très traditionaliste, pro-armes et anti-avortement, elle a également été excommuniée par le parti républicain du Wyoming, dont le chef a lui-même participé aux manifestations le jour de l’assaut du Capitole.

Comment Liz Cheney compte-t-elle désormais faire barrage à Donald Trump? Les rumeurs lui prêtent des ambitions présidentielles pour l’élection de 2024. Mardi soir, l’élue a d’ailleurs tenu à offrir une main tendue aux "républicains, démocrates et indépendants": "Engageons-nous à faire front commun contre ceux qui veulent détruire notre république."

Avec AFP