La Russie a accusé lundi l’Ukraine d’être responsable de l’assassinat de Daria Douguina, la fille d’un idéologue russe proche du président Vladimir Poutine. Elle avait été tuée samedi soir dans l’explosion de son véhicule à une quarantaine de kilomètres de Moscou. Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak, a affirmé que l’Ukraine n’avait pas de liens avec l’explosion.

Les services de sécurité russes ont accusé lundi l’Ukraine d’avoir tué la fille d’un idéologue réputé proche du Kremlin, morte dans l’explosion de sa voiture près de Moscou, Vladimir Poutine dénonçant un " crime ignoble ".

Daria Douguina a été tuée samedi soir dans l’explosion du véhicule qu’elle conduisait sur une route près du village de Bolchiïe Viaziomy, à une quarantaine de kilomètres de Moscou.

Journaliste et politologue née en 1992, elle était la fille d’Alexandre Douguine, un idéologue et écrivain ultranationaliste promouvant une doctrine expansionniste et farouche partisan de l’offensive russe en Ukraine.

Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé un " crime ignoble " (AFP)

 

" Le meurtre a été préparé et commis par les services spéciaux ukrainiens ", a déclaré le FSB dans un communiqué cité par les agences russes.

Selon la même source, la voiture conduite par Daria Douguina a été piégée par une femme de nationalité ukrainienne née en 1979, identifiée par le FSB comme Natalia Vovk, arrivée en Russie en juillet avec sa fille mineure, née en 2010.

Toujours selon le FSB, cette personne avait notamment loué un appartement dans l’immeuble où vivait Douguina et elle s’était rendue samedi à un festival culturel conservateur où la journaliste était elle aussi présente.

D’après le FSB, cette femme ukrainienne, s’est ensuite enfuie en Estonie avec sa fille.

Dans un message de condoléances publié par le Kremlin, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé un " crime ignoble, cruel " qui a " mis fin prématurément à la vie de Daria Douguina, une personne brillante et talentueuse dotée d’un coeur véritablement russe ".

Daria Douguina est la fille d’Alexandre Douguine, un idéologue et écrivain ultranationaliste promouvant une doctrine expansionniste et farouche partisan de l’offensive russe en Ukraine.

 

" Comme journaliste, scientifique, philosophe et correspondante de guerre, elle a servi le peuple et la patrie avec sincérité, illustrant par ses actes ce qu’être une patriote russe veut dire ", a-t-il ajouté.

L’Ukraine dément toute implication

La mort de Daria Douguina a suscité un choc en Russie, réveillant le douloureux souvenir des multiples assassinats qui ont ensanglanté la période instable ayant suivi la chute de l’Union soviétique en 1991.

Elle met aussi à mal les efforts des autorités et des médias tenus par le pouvoir qui s’efforcent de convaincre que l’offensive en Ukraine n’a aucune conséquence négative pour la population russe.

Or, le conflit est devenu de plus en plus visible ces dernières semaines, avec notamment une série d’explosions en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou où de nombreux Russes passent traditionnellement leurs vacances d’été.

Mise en cause dès samedi par des médias russes estimant que la cible de la voiture piégée ayant tué Daria Douguina était en fait Alexandre Douguine, l’Ukraine avait démenti dimanche toute implication.

Débris de la voiture de Daria Douguina, fille d’un idéologue proche du Kremlin (AFP)

 

" L’Ukraine n’a certainement rien à voir avec l’explosion (de samedi), parce que nous ne sommes pas un Etat criminel ", a déclaré un conseiller de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak.

Promoteur de l' "Eurasisme ", une doctrine prônant une alliance entre l’Europe et l’Asie sous direction russe, Alexandre Douguine, qui influence une partie de l’extrême droite française, est visé depuis 2014 par les sanctions de l’Union européenne prises dans la foulée de l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie.

Ces dernières années, l’Ukraine a interdit plusieurs de ses ouvrages, notamment " Ukraine. Ma guerre. Journal géopolitique " et " Revanche eurasiatique de la Russie ".

M. Douguine, surnommé par certains médias " le cerveau de Poutine ", est parfois présenté comme étant proche du président russe. Mais de nombreux observateurs relativisent son influence supposée au Kremlin.

Avec AFP