La candidate favorite à la succession de Boris Johnson au poste de Premier ministre britannique Liz Truss a refusé vendredi de trancher si Emmanuel Macron était "ami ou ennemi". Le président français a commenté cette " hésitation " en dénonçant le fait que "ce n’est jamais bon de trop perdre ses repères dans la vie".

Le vainqueur des élections du parti conservateur devrait être annoncé le 5 septembre, et accèdera au poste de Premier ministre du Royaume-Uni. (AFP)

 

 

Les propos à l’égard d’Emmanuel Macron prononcés par Liz Truss, favorite à la succession de Boris Johnson au poste de Premier ministre au Royaume-Uni, ont fait scandale vendredi dans la presse britannique, française et mondiale. Interrogée durant un meeting électoral par une journaliste, Mme Truss a refusé de dire si le président français était "ami ou ennemi" de son pays. "Le jury est toujours en train de délibérer", a ironisé la candidate, tout en ajoutant que "je le jugerai sur ses actes et non sur ses mots".

Réagissant à ces propos, le président Emmanuel Macron a estimé durant une visite officielle en Algérie que "le peuple britannique est un peuple ami, fort et allié (de la France), quels que soient ses dirigeants, et malgré les petites erreurs qu’ils peuvent faire dans des propos d’estrade". M. Macron a ajouté : "Si on n’est pas capable, entre Français et Britanniques, de dire si on est amis ou ennemis – le terme n’est pas neutre – on va vers de sérieux problèmes. Ce n’est jamais bon de trop perdre ses repères dans la vie. Si on me posait la question […], quelle que soit la personne qui est considérée le leadership à venir en Grande-Bretagne, je ne m’interroge pas une seule seconde : le Royaume-Uni est ami de la France".

Les relations entre Emmanuel Macron et Boris Johnson étaient très cordiales, voire amicales, selon le Premier ministre britannique démissionnaire. (AFP)

 

 

Parallèlement, le Premier ministre sortant Boris Johnson n’a pas souhaité commenter les propos de Mme Truss mais a quand même affirmé "avoir toujours eu de très bonnes relations avec Emmanuel Macron qui est un très bon copain et admirateur de notre pays". Il a alors appelé à "célébrer et se féliciter de ses relations qui durent depuis l’époque de Napoléon".

Les propos de Mme Truss ont même été extrêmement critiqués au sein de son parti. Celle qui est encore la cheffe de la diplomatie au sein du gouvernement démissionnaire de Boris Johnson a commis une "erreur (diplomatique) sérieuse", selon l’ancien ministre des Affaires étrangères conservateur Alistair Burt. Cependant, certains supporters de la candidate, comme l’actuel chancelier de l’Échiquier Nadhim Zahawi, ont défendu ses propos en assurant que ce n’était que de "l’humour".

Du côté de l’opposition travailliste, les dirigeants du parti ont mis en garde Liz Truss contre les risques d’une dégradation des relations entre Londres et Paris en estimant que ces propos étaient "terribles et manquaient cruellement de jugement".

En tout état de cause, cette polémique vient s’ajouter aux nombreux dossiers qui opposent Londres et Paris. Que ce soient l’immigration clandestine de la France vers le Royaume-Uni à travers la Manche, le pacte Aukus ou encore les répercussions du Brexit sur l’Irlande du Nord, les différends entre ces deux alliés historiques sont nombreux.

Bien que les propos de Mme Truss aient pu satisfaire son audience au sein du Parti conservateur, elle reste tout de même ministre des Affaires étrangères et potentiellement prochaine Première ministre. Son avis sur les dossiers internationaux est de ce fait largement pris au sérieux par l’opinion publique, surtout dans un contexte de guerre en Ukraine où l’union occidentale est primordiale.

La question qui reste à se poser: Les propos de Liz Truss à l’égard du président français Emmanuel Macron sont-ils un avant-goût de sa politique étrangère qui pourrait s’avérer frontale avec les alliés historiques du Royaume-Uni, dont la France ? Ce qui est sûr c’est que le débat n’est pas clos et qu’elle sera sûrement interrogée à ce propos dans les jours à venir.