Selon l’opérateur des centrales nucléaires ukrainiennes, Energoatom, la centrale de Zaporijjia aurait été bombardée à plusieurs reprises par les forces russes au cours de la dernière journée, provoquant d’importants risques de fuites et d’incendies. La compagnie a de même mentionné des risques de fuite d’hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives. (AFP)

Selon Energoatom, la centrale de Zaporijjia " fonctionne avec le risque de violer les normes de sécurité en matière de radiations et d’incendie ". (AFP)

 

L’opérateur des centrales nucléaires ukrainiennes Energoatom a annoncé que la centrale de Zaporijjia fonctionnait depuis samedi midi avec des risques de fuites et d’incendie, à la suite de bombardements dont Ukrainiens et Russes s’accusent mutuellement depuis plusieurs semaines.

Les troupes russes ont bombardé le site " à plusieurs reprises au cours de la dernière journée ", a affirmé samedi sur Telegram la compagnie nationale ukrainienne.

" Conséquence des bombardements périodiques, l’infrastructure de la centrale a été endommagée et il existe des risques de fuite d’hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives ", a-t-elle dit, en faisant état d' "un risque d’incendie élevé ".

Selon l’opérateur, depuis samedi midi (09:00 GMT), la centrale " fonctionne avec le risque de violer les normes de sécurité en matière de radiations et d’incendie ".

La mairie de Zaporijjia a indiqué distribuer depuis le 23 août des comprimés d’iode aux habitants dans un rayon de 50 km autour de la centrale, conformément aux instructions du ministère de la Santé, tout en soulignant qu’aucune anomalie n’avait été détectée pour l’instant et que l’iode ne devait être pris qu’en cas d’alerte aux radiations.

La Russie a de son côté accusé l’Ukraine d’avoir tiré 17 obus sur l’enceinte de la centrale, la plus grande d’Europe, au cours des dernières 24 heures. " Quatre sont tombés sur le toit du bâtiment (…) où se trouvent 168 assemblages de combustible nucléaire américain de la firme WestingHouse ", a précisé le ministère russe de la Défense dans un communiqué, ajoutant que des obus s’étaient aussi écrasés à 30 mètres d’un dépôt de combustible usagé et près d’un autre contenant du " combustible frais ".

Selon l’armée russe, l’armée ukrainienne procède à ces tirs depuis les alentours de la ville de Marhanet, qui fait face à la centrale, sur la rive opposée du fleuve Dniepr, toujours contrôlée par Kiev.

L’AFP n’a pas pu vérifier ces déclarations de source indépendante.

La centrale de Zaporijjia, où sont situés six des 15 réacteurs ukrainiens, a été prise par les troupes russes début mars, peu après le lancement de l’invasion le 24 février, et se trouve près de la ligne de front dans le sud.

Kiev et Moscou s’accusent mutuellement de procéder à des bombardements à proximité du complexe, près de la ville d’Energodar, sur le fleuve Dniepr, et de mettre ainsi la centrale en péril.

Un " risque très réel de catastrophe nucléaire " 

 

 

Ces dernières semaines, Zaporijjia cristallise les inquiétudes des Occidentaux. L’ONU a appelé à cesser toute activité militaire aux alentours tandis que face à un " risque très réel de catastrophe nucléaire ", l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) réclame d’y avoir accès.

Jugeant la situation " dangereuse ", le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pressé l’AIEA vendredi d’envoyer au plus vite une mission sur place, déplorant que les troupes russes " poussent en permanence vers un scénario du pire ".

Entre jeudi et vendredi, la centrale et ses six réacteurs de 1000 mégawatts chacun ont été " totalement déconnectés " du réseau national à cause de dommages sur les lignes électriques, selon Kiev.

Puis, Energoatom a annoncé qu' "un des réacteurs arrêtés la veille " avait été " reconnecté au réseau électrique " vendredi à 14H04 (11H04 GMT). Il " produit de l’électricité pour les besoins de l’Ukraine " et " l’augmentation de (sa) puissance est en cours ", a précisé la compagnie.

Les autorités d’occupation d’Energodar ont quant à elles de nouveau incriminé les troupes ukrainiennes vendredi.

La mission de l’AIEA imminente 

Des experts de l’AIEA y sont attendus " la semaine prochaine ", selon la conseillère du ministre ukrainien de l’Énergie Lana Zerkal, qui a reproché aux Russes d' "artificiellement créer des obstacles " à cette mission, ce que Moscou nie.

Cependant la Russie a bloqué vendredi l’adoption d’une déclaration commune à l’issue de la conférence d’examen à l’ONU du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), s’opposant à des paragraphes qui soulignaient une " grande inquiétude " concernant les activités militaires autour des centrales ukrainiennes et la " perte de contrôle " par Kiev de ces sites.

Les troupes russes ont bombardé le site " à plusieurs reprises au cours de la dernière journée ", a affirmé samedi sur Telegram la compagnie nationale ukrainienne. (AFP)

 

Conséquence de cette guerre livrée par la Russie à l’Ukraine, qui est entrée dans son septième mois mercredi, des sanctions imposées notamment sur le pétrole russe mais aussi de la fermeture partielle à ce stade par Moscou du robinet du gaz, les prix de l’énergie ont explosé en Europe et le continent se prépare à un hiver difficile. Conjuguée notamment à des difficultés rencontrées par le parc nucléaire français, cette crise a porté vendredi les prix de gros de l’électricité pour 2023 en Allemagne et en France à respectivement 995 et 1 100 euros le MWh, contre 85 euros il y a un an.

Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal a averti samedi dans un message sur Telegram que " cette saison de chauffage sera(it) certainement la plus difficile de l’histoire de l’Ukraine indépendante ". " Le principal risque consiste en des actes terroristes de la Russie contre les infrastructures critiques ", a-t-il dit.

Le Premier ministre tchèque Petr Fiala, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne, a annoncé vendredi qu’il convoquerait " une réunion d’urgence des ministres de l’Énergie ", avec l’assentiment de la Commission européenne.

Le président russe, Vladimir Poutine, a lui accordé par décret un permis de travail et de séjour sans limitation de délai aux citoyens ukrainiens en territoire russe, ainsi que des aides pour les personnes vulnérables.

Avec AFP