Après avoir été salué par plus de 33,000 personnes à la cathédrale d’Edimbourg, le cercueil de la reine Elizabeth II est à présent à Westminster, dernière étape d’un processus de deuil de dix jours. Les Britanniques défilent en flux continu pour rendre hommage à leur reine défunte, dans le cadre d’une sécurité drastique, digne d’un lieu ultra-sécurisé.

Dernière étape avant les funérailles d’un poignant deuil national d’une dizaine de jours, la dépouille est accessible 24 heures sur 24 au public depuis mercredi en fin d’après-midi. (AFP)

 

Après avoir patienté des heures pendant la nuit, les Britanniques défilent en flux continu et en silence jeudi à Londres devant le cercueil de leur bien-aimée reine Elizabeth II, souvent la seule souveraine qu’ils aient connue, avant des funérailles grandioses lundi.

Certains baissent la tête en signe de respect, d’autres lancent un baiser, font une petite révérence ou essuient une larme: le public se recueille brièvement des deux côtés du cercueil de chêne, qui repose depuis mercredi sur un imposant catafalque à Westminster Hall, la plus ancienne salle du siège du Parlement, surmonté de l’étincelante couronne impériale.

Avant ce dernier hommage à la souveraine unanimement saluée pour son dévouement total à la Couronne, il a fallu s’armer d’une très grande dose de patience et attendre des heures durant dans une longue queue, qui s’étendait jeudi matin sur près de cinq kilomètres, jusqu’à London Bridge, de l’autre côté de la Tamise.

" C’était très beau. Très émouvant. Très silencieux. Il y a le poids de l’Histoire là ", confie Sarah Mellor à l’AFP, visiblement émue, après sept heures d’attente nocturne. A la reine, elle a " juste dit merci ".

Arrivée dans la queue jeudi dès 6H00 du matin pour voir le cercueil, Lisa Doodson, qui vit en banlieue de Londres, se félicite de la bonne organisation et de l’atmosphère conviviale. " Nous sommes là pour dire merci. Et, aussi, pour participer à ce moment historique ", explique-t-elle à l’AFP.

Une organisation militaire 
Des centaines de volontaires ont été prévus pour encadrer la foule, ainsi que des rafraîchissements dans les commerces ou institutions longeant la file. (AFP)

 

Pour ne pas perdre sa place dans la queue, seule une courte pause pipi est possible dans l’un des 500 WC temporaires spécialement érigés pour l’occasion. Des centaines de volontaires ont été prévus pour encadrer la foule, ainsi que des rafraîchissements dans les commerces ou institutions longeant la file, comme le National Theatre.

Dernière étape avant les funérailles d’un poignant deuil national d’une dizaine de jours, la dépouille est accessible 24 heures sur 24 au public depuis mercredi en fin d’après-midi. Elle le restera jusqu’à lundi 06H30, jour des ultimes adieux avec des funérailles nationales à l’abbaye de Westminster, en présence de centaines de dignitaires étrangers et de têtes couronnées.

Initialement arrivée d’Ecosse où Elizabeth II s’est éteinte, le cercueil a été transféré lors d’une procession solennelle depuis le palais de Buckingham, résidence officielle d’Elizabeth II durant ses 70 ans de règne, un record au Royaume-Uni.

Anticipant une queue pouvant atteindre une quinzaine de kilomètres, les autorités ont prévenu de " restrictions draconiennes ", dignes des aéroports pour accéder à Westminster Hall, et demandé au public de se " vêtir de manière appropriée pour rendre hommage " à la souveraine, omniprésente durant plusieurs générations de Britanniques et roc de stabilité dans les crises et les changements.

A l’intérieur, le public ne peut apporter qu’un petit sac et aucune nourriture ou boisson n’est autorisée. Ni fleurs ni photos non plus.

Tout le Royaume-Uni en deuil 
Après avoir patienté des heures pendant la nuit, les Britanniques défilent en flux continu et en silence jeudi à Londres devant le cercueil de la reine Elizabeth II. (AFP)

 

Avant ces longs adieux sur plusieurs jours, le cercueil d’Elizabeth II avait déjà été exposé pendant 24 heures à Edimbourg, de lundi soir à mardi, salué par quelque 33.000 personnes.

Lundi, l’affluence s’annonce encore plus massive pour les funérailles du siècle, un énorme défi sécuritaire auquel Londres se prépare fébrilement.

Pour cet événement historique, un jour férié a été décrété et de nombreuses entreprises, dont quasiment tous les supermarchés, garderont le rideau baissé.

En attendant, Charles III, le nouveau souverain âgé de 73 ans, s’est retiré jeudi dans sa résidence de campagne de Highgrove pour sa première journée sans engagement officiel depuis son accession au trône.

D’autres membres de la famille royale se déplacent eux pour voir les hommages rendus à la reine un peu partout dans le pays, comme le prince héritier William et sa femme Kate au domaine royale de Sandringham (est de l’Angleterre).

Avec la reine consort Camilla, le roi se rendra vendredi au Pays de Galles, dernière étape de leur tournée des quatre nations constitutives du Royaume-Uni après l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande du Nord.

Plus âgé que tous les souverains britanniques au moment de leur accession au trône, il s’installe dans ses fonctions à une période difficile pour le Royaume-Uni tout juste doté d’une nouvelle Première ministre, Liz Truss, et plongé dans une crise sociale et économique. Longtemps faible, la cote de popularité du nouveau roi a monté en flèche depuis son accession au trône.

Avec AFP