À New York, le ministre de l’Éducation français Pap Ndiaye s’est fait le défenseur de la francophonie et la diversité, lors de plusieurs visites qu’il a menées dans des établissements scolaires. Il a longuement échangé avec les étudiants sur son parcours d’étudiant, puis de chercheur noir en France, qui l’a amené à devenir le premier ministre de l’Éducation français d’origine africaine. Il a de même critiqué les relents d’anti-américanismes dans le discours politique français, et notamment les critiques concernant la culture " woke ", prétendûment importée de ce pays. 

Le ministre français de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Pap Ndiaye, a critiqué lundi à New York " les traces d’anti-américanisme " dans la politique française. (AFP)

 

Le ministre français de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Pap Ndiaye, dont la nomination au printemps avait frappé les esprits, mais suscité l’hostilité de l’extrême droite, a critiqué lundi à New York " les traces d’anti-américanisme " dans la politique française.

M. Ndiaye accompagne le président Emmanuel Macron pour l’Assemblée générale des Nations Unies et a assisté à un sommet de l’Éducation sous les auspices du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Il s’est rendu dans deux établissements scolaires de New York, le très huppé lycée privé français de Manhattan et une nouvelle école au cursus bilingue français-anglais dans le quartier de Harlem, où vivent des minorités afro-américaines et d’Afrique de l’Ouest francophone.

Au lycée français, M. Ndiaye a longuement échangé avec des élèves qui l’ont interrogé sur son parcours qui l’a conduit, selon ses propres mots, à devenir le " premier ministre de l’Éducation nationale noir et également ayant des attaches africaines ".

Pap Ndiaye, 56 ans, né près de Paris de mère française et de père sénégalais, est agrégé et docteur en histoire, ancien élève de l’École normale supérieure, spécialiste de l’histoire des minorités, notamment des Afro-américains, aux États-Unis et a étudié dans une université en Virginie.

Interrogé sur son parcours d' "étudiant noir " en France et aux États-Unis, le ministre a répondu, en s’en amusant: " Je suis parfois considéré comme trop américain en France, un peu trop woke, un peu trop influencé par les États-Unis, ce qui est suspect parfois dans le discours politique français qui a des traces d’anti-américanisme souvent bien évidentes ".

Son entrée en mai au gouvernement a suscité nombre de commentaires politiques et une levée de boucliers de l’extrême droite: le Rassemblement national l’a qualifié de " militant racialiste " et Reconquête! d’Eric Zemmour l’a accusé d’être " chargé " par Emmanuel Macron " de déconstruire l’histoire de France ".

Le ministre a reconnu que le fait d’être le premier ministre " noir " de l’Éducation nationale en France revêtait une " dimension symbolique ". (AFP)

 

Le ministre a reconnu que le fait d’être le premier ministre " noir " de l’Éducation nationale en France revêtait une " dimension symbolique ".

" Mais elle ne me résume pas. Je pense aussi avoir des compétences, des savoirs intellectuels et universitaires pour remplir les missions de ce ministère, au mieux ", s’est-il défendu.

Plus tôt, M. Ndiaye avait inauguré une école partiellement financée par des fonds publics et des dons privés, la New York French-American Charter School (NYFACS), à Harlem, qui compte un cursus bilingue d’immersion en français.

D’après l’ambassade de France, 30.000 élèves aux États-Unis bénéficient d’un programme bilingue dans des établissements scolaires publics, ce qui en fait le premier au monde de ce type pour la coopération culturelle française à l’étranger.

" Il est très important que le français, historiquement associé aux États-Unis aux élites de la Côte Est, soit représenté par une école telle que NYFACS dans un quartier populaire où vivent des familles africaines-américaines et des familles ouest-africaines ", s’est réjoui le ministre.

Avec AFP