Le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe, a appelé les croyants orthodoxes à une " mobilisation spirituelle "alors que le président Vladimir Poutine a décrété une mobilisation militaire en Russie. Il a aussi appelé le peuple russe à faire des sacrifices, car, selon lui, " si une personne meurt dans l’accomplissement de ce devoir, alors cette personne a sans aucun doute commis un acte équivalent à un sacrifice. Et par conséquent, nous croyons que ce sacrifice lave tous les péchés qu’une personne a commis ".

Avec le regard davantage tourné vers le Kremlin plutôt que vers Dieu, le patriarche Kirill est réputé être ardent défenseur du nationalisme russe et, par ricochet, farouche partisan de Vladimir Poutine. En 2012, il avait même exprimé sa fidélité à Poutine en proclamant que sa présidence est " un miracle de Dieu ".

Au quatrième jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le patriarche avait qualifié les opposants à Moscou en Ukraine de  " forces du mal  " qui veulent briser l’unité historique entre les deux pays. " Que Dieu nous préserve de ce que la situation politique actuelle en Ukraine, pays frère qui nous est proche, soit utilisée de manière à ce que les forces du mal l’emportent " , avait déclaré Kirill, apportant ainsi son soutien plus ou moins tacite à l’invasion russe de l’Ukraine.

Selon lui, les  " forces du mal  " sont ceux qui  " combattent l’unité  " de l’Église orthodoxe russe avec les pays issus de la Rus’, un État médiéval qui est considéré comme l’ancêtre de la Russie, de l’Ukraine et du Bélarus.

Or, l’Ukraine a depuis 2014 quitté la sphère d’influence russe pour se rapprocher de l’UE et de l’Otan. Elle s’était dotée en 2019 d’une Église orthodoxe indépendante du patriarcat de Moscou, une décision historique qui a mis fin à plus de 300 ans de tutelle religieuse russe et avait provoqué la colère de la Russie et de Kirill.

 " Nous devons tout faire pour préserver la paix entre nos peuples et en même temps protéger notre patrie historique commune de toutes ces actions de l’extérieur qui peuvent détruire cette unité " , avait poursuivi le patriarche.  " Nous ne devons pas permettre aux forces obscures extérieures et hostiles de se moquer de nous " , a-t-il ajouté, appelant à prier pour  " le rétablissement de la paix  " et de relations de  " bon voisinage " .

La mobilisation annoncée par le président russe a provoqué un exode de milliers d’hommes vers l’étranger.

Georges Haddad, avec AFP