Suite au sabotage ferroviaire qui a paralysé le trafic pendant trois heures en Allemagne, samedi, des soupçons contre la Russie ont été évoqués par plusieurs responsables allemands.

 

Plusieurs responsables allemands ont appelé dimanche à renforcer la sécurité des infrastructures nationales au lendemain d’un sabotage ferroviaire de grande ampleur, pour lequel certains évoquent la piste russe dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Selon le quotidien Bild, qui dit s’être procuré un premier document d’analyse de la police judiciaire nationale, celle-ci estime " qu’un sabotage d’origine étatique pourrait être à tout le moins envisageable ".

Trains annulés et retardés au départ de Berlin en raison d’un " sabotage " (AFP)

 

Cette hypothèse est soutenue par le fait que le sabotage – un sectionnement de câbles de communication stratégiques pour les trains, qui a paralysé le trafic pendant trois heures dans le nord – a eu lieu de manière concomitante en deux endroits différents du réseau, distants de 540 kilomètres, à l’ouest et à l’est du pays, selon le document de la police cité par Bild.

L’hypothèse est aussi rendue plausible, selon le journal, par " la proximité " avec les récentes fuites des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 observées en mer Baltique, au sujet desquelles les autorités suédoises parlent également de sabotage.

L’œuvre de professionnels

Selon d’autres médias allemands, les enquêteurs sont persuadés que le sabotage ferroviaire samedi a été l’œuvre de professionnels qui disposaient d’informations internes à la compagnie nationale des chemins de fer. Dans le même temps, un acte d’un groupuscule violent d’extrême gauche n’est pas exclu. Certains s’en sont pris dans le passé au réseau ferré.

C’est la section de la police berlinoise chargée d’enquêter sur les actes menaçant l’État, tels que des attentats ou des affaires d’espionnage, qui s’est saisie des investigations, selon les mêmes sources.

Un responsable du parti écologiste allemand, membre de la coalition gouvernementale du chancelier Olaf Scholz, Anton Hofreiter, a lui aussi évoqué l’hypothèse d’une responsabilité russe.

" Nous ne pouvons exclure que la Russie soit également derrière l’attaque contre la compagnie ferroviaire ", a-t-il dit au groupe de presse Funke, en estimant que les récentes fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique portaient déjà " la trace du Kremlin ".

" Peut-être que dans les deux cas il s’est agi d’avertissements car nous soutenons l’Ukraine ", a ajouté le président de la commission de la chambre des députés pour les affaires européennes.

Tant Nord Stream 1 que Nord Stream 2 relient les champs gaziers russes à l’Allemagne via la mer Baltique.

" Nous ne pouvons exclure que la Russie soit également derrière l’attaque contre la compagnie ferroviaire ", a affirmé un responsable du parti écologiste allemand, Anton Hofreiter (AFP)

 

Gazprom a récemment stoppé ses livraisons en invoquant des problèmes techniques. Pour Berlin, il s’agit d’un moyen de faire pression sur l’Allemagne dans le cadre d’une " guerre " de l’énergie déclenchée par Moscou contre les Européens soutenant l’Ukraine.

Après l’attaque visant la compagnie ferroviaire, samedi, le responsable écologiste a appelé à débloquer 20 milliards d’euros pour mieux protéger les infrastructures critiques, renforcer la police et la sécurité informatique.

La police allemande n’a jusqu’ici mentionné publiquement aucune piste particulière après les incidents et les gros retards de samedi. Mais le gouvernement a rapidement dénoncé un sabotage. " Il est clair qu’il s’agit d’une action ciblée et délibérée ", a dit le ministre des Transports, Volker Wissing.

" Cible potentielle "

Un haut responsable de l’armée allemande a également lancé une mise en garde dimanche.

" Chaque transformateur électrique, chaque centrale électrique, chaque tuyau de transport d’énergie constitue une cible potentielle ", a averti le général Carsten Breuer dans le quotidien Bild, en parlant de " menaces hybrides " croissantes.

De son côté, l’opposition conservatrice a jugé qu' "indépendamment de ce cas, nous devons repenser l’architecture de sécurité de l’Allemagne et de l’Union européenne. " L’époque moderne marquée par la conduite de guerres hybrides exige que nous adaptions nos concepts ", a dit un responsable du parti de l’ex-chancelière Angela Merkel, Thorsten Frei, au groupe de presse RND.

Avec AFP