Le président turc Recep Tayyip Erdogan a ordonné à son gouvernement de commencer à travailler sur le " hub gazier " en Turquie proposé par son homologue russe Vladimir Poutine pour exporter le gaz russe vers l’Europe, ont rapporté vendredi les médias turcs.

" Nous avons donné, avec M. Poutine, à notre ministère de l’Energie et à l’institution concernée en Russie, l’ordre de mener un travail en commun ", a affirmé M. Erdogan à propos d’un éventuel hub gazier en Turquie, lors d’une interview avec les journalistes à bord de son vol de retour d’Astana, au Kazakhstan, où il a rencontré jeudi le président russe.

 

Le chef de l’Etat turc a aussi affirmé que les travaux commenceraient immédiatement. " Il n’y aura pas d’attente à ce sujet ", a-t-il ajouté, précisant que l’éventuel hub pourrait être construit dans la région de Thrace, dans le nord-ouest de la Turquie, près de la frontière avec la Grèce.

Lors de la session plénière du sixième sommet de la Conférence sur l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA) à Astana, la capitale du Kazakhstan. Le président russe Vladimir Poutine fait partie des participants au sommet aux côtés du président turc Recep Tayyip Erdogan, du dirigeant palestinien Mahmoud Abbas et du président iranien Ebrahim Raissi.

 

M. Poutine avait proposé jeudi de créer un hub gazier en Turquie alors que les livraisons gazières russes vers l’Union européenne sont affectées par les sanctions consécutives à la guerre en Ukraine et par les fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2.

La proposition a immédiatement suscité la réaction de la France. Le " hub gazier " proposé par M. Poutine n’a " aucun sens ", alors que les Européens veulent réduire leur dépendance aux hydrocarbures venant de Russie, a réagi Paris jeudi soir. " Il n’y a pour nous aucun sens à créer de nouvelles infrastructures qui permettraient d’importer davantage de gaz russe ", a souligné la présidence française.

 

La Russie livre déjà la Turquie à travers le gazoduc TurkStream qui traverse la mer Noire.

L’initiative de M. Poutine pour un hub gazier en Turquie intervient alors que l’UE réfléchit à un plafonnement des prix du gaz face à la hausse des factures énergétiques provoquée par l’offensive russe en Ukraine.

Quatre énormes fuites de gaz, qui sont apparues fin septembre sur les deux gazoducs Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne et provoquées selon plusieurs pays par des détonations sous-marines, ont aussi contribué à la hausse des prix.

Le président russe a affirmé cette semaine que la Russie avait déjoué un plan de sabotage visant le gazoduc TurkStream, sans donner plus de détails.

 

 

Nous prenons toutes les mesures pour la sécurité ", a affirmé M. Erdogan à propos de la sûreté du futur hub gazier en Turquie. L’UE tente de réduire sa dépendance aux hydrocarbures venant de Russie.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a cependant estimé vendredi que l’Europe avait " besoin de plus de gazoducs et d’infrastructures " pour répondre à la crise énergétique. " C’est une question d’offre et de demande ", a-t-il ajouté.

 

Membre de l’Otan, la Turquie ne s’est pas associée aux sanctions contre la Russie, tout en affirmant son soutien à l’Ukraine et en tentant de maintenir une position de médiateur entre Kiev et Moscou.

M. Cavusoglu a affirmé que la perspective d’un cessez-le-feu était devenu plus difficile en Ukraine. " La guerre a avancé et la possibilité d’un cessez-le-feu a diminué, mais nous allons continuer nos efforts ", a-t-il estimé.

Avec AFP