Aider l’Ukraine, ça va bien cinq minutes, mais les États-Unis ont d’autres soucis à régler avant, comme l’immigration. C’est en tout cas ce qu’estime Kevin McCarthy, chef des républicains de la Chambre des représentants. Ce dernier a promis: si son parti remporte, comme les sondages le disent, les élections mi-mandat, son pays cessera de signer des " chèque en blanc " à Kiev dans sa guerre contre la Russie.

Un influent élu républicain a prévenu mardi que son parti ne signerait pas de " chèque en blanc " à l’Ukraine s’il remporte, comme les sondages le prédisent, la majorité des sièges de la Chambre des représentants aux élections américaines de mi-mandat.

L’avertissement, venu de Kevin McCarthy, le chef des républicains à la chambre basse du Congrès, est la première indication des difficultés à venir pour Kiev si le soutien du Congrès au financement de sa défense, jusqu’ici largement consensuel, venait à s’amenuiser.

" Chèques en blanc "

" Je pense qu’on va se retrouver en récession et on ne va pas écrire de chèque en blanc à l’Ukraine. Ce n’est pas possible ", a déclaré M. McCarthy au site d’informations politiques Punchbowl News.

Si les républicains emportent la majorité des sièges de représentants, cet élu californien espère détrôner la démocrate Nancy Pelosi à la tête de la Chambre, ce qui ferait de lui le troisième personnage de l’État américain, après le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris.

Etats-Unis Ukraine
Kevin McCarthy, le chef des républicains à la chambre basse du Congrès américain. (AFP)

 

M. McCarthy a précisé qu’il espérait que les électeurs puniraient les démocrates en novembre pour avoir négligé les priorités nationales américaines, comme l’immigration.

" L’Ukraine, c’est important, mais en même temps ça ne peut pas être la seule chose qu’ils fassent et ça ne peut pas être un chèque en blanc ", a-t-il insisté.

17,6 milliards de dollars pour l’Ukraine

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, le gouvernement de Joe Biden a débloqué 17,6 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine, avec l’accord des deux partis au Congrès, bien qu’une partie de l’aile droite des républicains ait protesté.

Pour certains analystes, ces propos de M. McCarthy représentent une concession faite à l’aile droite du parti, dont il a besoin pour être élu président de la Chambre.

Pour d’autres, le dirigeant républicain cherche ainsi à mobiliser la base isolationniste du parti, qui risque de s’abstenir aux élections de novembre.

" La frénésie de dépenses des démocrates ne s’arrête vraiment jamais. Il faut que Biden comprenne que nous sommes les États-Unis, pas un distributeur de billets ", a tweeté récemment l’élue d’extrême-droite Lauren Boebert.

Critiques démocrates

La quasi-totalité des représentants républicains a voté en septembre contre une loi d’investissements massifs de 12,3 milliards de dollars, dont 3 milliards d’aides militaires à l’Ukraine sous forme d’armement, de fournitures diverses et de paiement des salaires des soldats ukrainiens. La loi a cependant été adoptée avec le soutien de la totalité des démocrates.

Les démocrates ont vertement critiqué les propos de M. McCarthy.

" Réduire l’aide à l’Ukraine au milieu de la plus grave guerre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale montre à quel point McCarthy serait incompétent comme président de la Chambre ", a tweeté Ben Rhodes, un ancien conseiller en politique étrangère de Barack Obama.

Avec AFP