Branle-bas de combat au Royaume-Uni et en Australie. Le gouvernement britannique a annoncé le 18 octobre prendre des mesures pour empêcher ses pilotes d’être recrutés par la Chine pour entraîner ses équipes. À l’autre bout du monde, les Australiens ont lancé, le 19 octobre, une enquête pour déterminer si certains de leurs militaires avaient également rejoint Pékin.

Le gouvernement britannique a déclaré mardi 18 octobre prendre des mesures " décisives " afin de mettre fin aux efforts de recrutement de pilotes militaires britanniques par la Chine pour entraîner ses propres aviateurs.

" Nous prenons des dispositions décisives pour faire cesser les manœuvres visant à attirer des pilotes, anciens ou en activité, des forces aériennes britanniques pour former les personnels de " l’Armée populaire de libération " chinoise, a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère de la Défense.

Plus de trente anciens pilotes concernés

Selon des informations de presse britanniques, plus de trente anciens pilotes ont accepté des propositions d’au moins 240.000 livres (276.000 euros), avec parmi eux des militaires d’une cinquantaine d’années ayant quitté récemment les forces britanniques.

Cette pratique a cours depuis 2019, mais s’est intensifiée récemment, selon ces informations.

Pour contrer ce phénomène, le ministère de la Défense britannique dit " revoir les clauses de confidentialité et de non-divulgation des contrats ", ajoutant que " tous ses personnels étant ou ayant été en activité sont soumis au Official Secret Act, qui interdit aux agents de la fonction publique de partager des secrets d’État avec des puissances étrangères.

" La nouvelle loi sur la sécurité nationale va créer de nouveaux outils pour répondre aux défis de sécurité contemporains, y compris celui-là ", a déclaré le porte-parole.

Le secrétaire d’État britannique à la Défense James Heappey a souligné mardi matin que de telles collaborations représentaient une " préoccupation " depuis " des années.

Australie
Le ministre australien des Affaires étrangères a annoncé le lancement d’une enquête (AFP)

 

Surveillance

" C’est quelque chose que nos services de contre-espionnage regardent de près ", a-t-il assuré sur Sky News. " Le recrutement de pilotes pour comprendre les capacités de notre armée de l’air est clairement un sujet de préoccupation pour nous et le renseignement du ministère de la Défense ", a-t-il ajouté.

Les pilotes impliqués ont été avertis qu’ils devraient arrêter ces activités, a poursuivi le secrétaire d’État, évoquant un changement législatif pour rendre délictuel le fait de poursuivre ces activités.

Le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a assuré n’avoir aucune connaissance d’un tel système. " Je ne suis pas au courant de ce que vous mentionnez ", a-t-il déclaré lors d’un point presse régulier.

Londres considère la Chine comme le " danger numéro un " pour sa sécurité nationale et au niveau mondial. Les relations entre les deux pays se sont dégradées avec la répression chinoise dans l’ancienne colonie britannique d’Hong Kong, l’exclusion du géant technologique chinois Huawei du réseau 5G britannique ou encore les préoccupations en matière de droits humains en Chine et d’influence chinoise.

Enquête australienne

De son côté, l’Australie a ouvert une enquête mercredi 19 octobre sur ce que le ministre de la Défense a qualifié " d’informations inquiétantes selon lesquelles la Chine aurait recruté d’anciens pilotes militaires occidentaux pour former ses militaires ", en référence aux recrutements des pilotes britanniques.

Le ministre australien de la Défense, Richard Marles, a annoncé l’ouverture d’une enquête afin de déterminer si des pilotes australiens avaient également été recrutés.

Chine
La diplomatie chinoise a démenti toute tentative d’espionnage (AFP)

 

" Lorsque notre personnel de l’ADF (Australian Defence Force, ndlr) s’engage dans les forces de défense, il le fait pour servir son pays et nous lui en sommes profondément reconnaissants ", a-t-il souligné dans un communiqué.

Lutte contre la Chine dans le Pacifique

" Je serais profondément choqué et perturbé d’apprendre qu’il y a eu du personnel attiré par un chèque de paie d’un État étranger plutôt que de servir son propre pays. "

M. Marles a annoncé le lancement de l’enquête australienne depuis Tonga où il participait à une réunion des ministres de la Défense des pays du Pacifique Sud.

L’Australie et les États-Unis s’efforcent de consolider leur soutien diplomatique alors que la Chine étend son empreinte dans le Pacifique.

Avec AFP